La deuxième maquette est arrivée avec le "bon" texte et j'ai donc relu intégralement mon roman pour traquer les coquilles ou dernières incohérences. Assez fatigant, et j'en ai sûrement oublié !:) Ensuite, je me suis attelée à fournir un document concis à mon éditeur afin que la commerciale qui va le placer en librairie puisse en parler. Une sorte de pré-dossier de presse.

Je vous le partage ici, ce n'est pas un résumé mais plutôt une note d'intention. Quels sont les thèmes que j'ai voulu traiter et comment, l'éditeur rajoutera ce qu'il pense de mon style et ses impressions de lecture. Cela m'entraîne aussi à "parler" de mon roman...

La genèse du roman

C’est la rencontre de plusieurs faits réels ou questions de société qui m’ont “attrapée”, touchée et celle d’un pays qui m’accueille souvent et que je voulais célébrer : les Pyrénées et plus particulièrement l’Ariège.

L’idée de base est née de la lecture de ce fait divers : celui d’un couple, parents de 7 enfants qui a disparu en montagne dans le massif des Diablerets en 1942 en Suisse pendant 75 ans. Leurs corps sont réapparus momifiés, très bien conservés. Leurs enfants avaient été séparés, placés. J’ai été fascinée par cette vérité qui dormait sous la glace. Ces vies parallèles, celle des enfants et celle des parents figée à jamais. J’ai imaginé une tragédie similaire croisée avec un scandale institutionnel. J’ai fait de ma “jumelle de glace” une personne inconnue de sa famille qui, par la découverte de son corps naîtrait et mourrait un même jour, superposant soudain son existence à celle des vivants.

Les personnages

Le personnage de Danièle, septuagénaire, est à un moment où elle croit sa vie écrite, c’est une cartésienne, une femme solide. Elle découvre avec l’intrusion de cette jumelle inconnue que tout ce qu’elle a vécu avait une face cachée. Sa vie vacille face à ce nouvel éclairage. Elle hésite même à suivre cette lumière ténue, à abandonner la quête de la vérité pour continuer son chemin, sauf qu’elle n’a pas le choix.

Avec le personnage de Marine, trentenaire, c’est l’angoisse à l’heure du choix que j’ai creusé. De nos jours, on a une injonction à réussir notre vie, “On n’en a qu’une, il faut la vivre” et c’est parfois vertigineux. La recherche de sens peut en fait nous submerger, tout le monde n’est pas un capitaine de vaisseau. La découverte de ce corps réactive chez Marine une fêlure qui menace de faire voler sa vie en éclats.

Autour de ces deux personnages principaux, on retrouve d’une part le personnage fantasque de Mme Martin, médium auto-proclamée, qui sous des dehors extravagants, est souvent la plus sincère et la plus juste dans sa compréhension des personnalités. Enfin, il y a Julien, berger, qui confronte Marine à une autre image de la montagne, moins idéalisée..

J’ai voulu explorer des personnages qui se cherchent, se redécouvrent, ne pas forcément apporter de réponses mais les accompagner sur leur chemin.

La montagne et la nature

Mais ce livre est aussi et peut-être avant tout un livre pyrénéen. Il raconte notre relation à la Nature, ce qui reste quand l’humanité et la société nous dépassent. Marine ne sait pas où elle va ni ce qu’elle fait mais soudain, elle ressent. Elle expérimente avec ses sens et elle en retire un apaisement. La montagne, la forêt sont pour elle un refuge face à la société mais surtout face à elle même, ses contradictions, ses envies ou plutôt ses angoisses face aux injonctions d’envies. Et en même temps elle cède aussi à une mode très actuelle- et elle le sait-, la grande démission, les plantes médicinales... Quand à Danièle, elle a un jardin, une nature qu’elle veut libre mais qui reste “domestiquée”. Elle aussi s’évade par ce biais, fatigue son corps pour apaiser son esprit, j’aime beaucoup une scène où elle désherbe ses fraisiers quand c’est sa vie qu’elle voudrait mettre en ordre. Il y a une violence dans ses gestes, qui est parfois aussi celle de Marine s’épuisant sur les chemins et la montagne endure, écoute et à la fin accueille.