Chapitre 30 - Theodore Cederman

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Freyki avait renvoyé la patrouille à son travail et accompagnait les marchands ainsi que Jaelith dans la maison de leur maitre. La maison en question se trouvait tout au bout d'une immense rue marchande. Elle était très grande. Les murs avaient été repeints récemment, en un jaune que l'on pouvait voir à des kilomètres à la ronde. Elle tenait sur deux étages.

— Alors c'est ici qu'habite votre maitre ?

La voix de Freyki était lasse. Les deux marchands acquiescèrent. L'un des deux frappa à la porte, puis entra sans attendre que l'on vienne lui ouvrir. Il invita les autres à entrer puis referma derrière lui. Jaelith, bien que peu rassurée, observait les lieux avec de grands yeux. Le hall où elle se trouvait était immense et décoré avec soin et bon gout. Tandis que les deux marchands étaient partis chercher leur maître, elle en profita pour regarder les objets qui décoraient la salle de plus prêt. Elle s'approcha d'un large vase en verre posé sur une table de bois taillés. Le vase était peint et des personnages étranges qui y étaient dessinés semblaient prendre vie. Son regard fut alors attiré par un petit portrait qui se trouvait là. Il représentait une jeune fille aux longs cheveux roux aux yeux bleus. Elle lui semblait familière, mais n'eut pas le temps de la regarder d'avantage.

Quelqu'un descendit l'escalier de marbre qui menait à l'étage. C'était un vieil homme rondouillard de petite taille, que la jeune femme reconnut immédiatement. Freyki s'avança vers Theodore Cederman et le salua.

— Il semble que la prochaine réunion ai lieue plus tôt que prévue seigneur Cederman.

— Allons mon roi. Dites-moi plutôt ce qui me vaut cette visite soudaine. Ce n'est pas vous qui avez volé le chariot de mes deux marchands ?

— Eh bien... Vos deux marchands accusent dame Jaelith de les avoir volé. Mais après avoir écouté les versions de chacun, j'en ai déduit que la dame paladin a été tout simplement trompée par un voleur.

La jeune femme, qui s'était rapprochée d'eux, baissa la tête et s'excusa.

— Je suis vraiment désolée pour ce qui est arrivé. Qu'est-ce que je peux faire pour réparer ma faute ?

— Eh bien... Je pourrais vous demander de rembourser les marchandises, le chariot ainsi que le cheval volé...

Jaelith déglutit. Rien que le cheval et la charrette devaient couter très cher. Et la jeune femme était certaine de ne pas posséder cet argent. Le seigneur Cederman haussa les épaules et continua :

— Mais je ne suis pas idiot, je sais très bien que vous ne devez pas être bien riche dame paladin. Vous m'accompagnerez pour la prochaine livraison.

Jaelith parut surprise.

— Votre prochaine livraison ?

— Oui... La marchandise que je dois emmener demain a une valeur inestimable pour moi, et je n'aimerais pas qu'elle tombe entre de mauvaises mains. Oh, mais ne vous inquiétez pas... Nous traverserons juste la cité. Il n'est pas question, à mon âge, de voyager à l'autre bout du continent. Nous sommes d'accord dame paladin ?

— Bien entendu.

— Alors demain matin, avant midi, je veux vous voir ici, dans ce hall.

— Très bien seigneur.

Elle remercia chaleureusement le vieil homme avant de sortir de la maison. Theodore ne manqua pas de sourire en voyant le regard du roi loup posé sur la jeune fille.

— Elle a l'air forte et honnête. Et vous avez l'air de bien vous entendre, mon roi...

— Qu'est-ce que vous insinuez par-là ?

— Elle ne vous laisse pas indifférent.

Les joues de Freyki rosirent légèrement.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

— La manière dont vous la regarder. Celle dont vous lui parler. Celle dont vous vous comportez en sa présence. N'importe qui le voit comme le nez au milieu de la figure.

Un silence s'installa entre les deux hommes. Freyki savait qu'il avait raison, que sa manière d'être avec Jaelith était presque à l'opposé de ce qu'il était habituellement.

— Pourquoi ne pas refuser l'offre du seigneur Drehen et prendre la dame paladin pour femme ?

— Je lui ai déjà demandé. Et je n'ai pas eu de véritable réponse... Jaelith s'inquiète de tout sauf d'elle-même.

— Elle aussi vous regarde. Vous ne faites pas attention, c'est tout...

***

Freyki prit congé du seigneur Cederman et retrouva Jaelith devant la maison. Cette dernière regardait le ciel tout en jouant avec son médaillon. L'homme à la cicatrice s'installa à côté d'elle. Sans tourner la tête du ciel, la femme paladin demanda :

— Vous en avez mis du temps avant de sortir. Le seigneur marchand avait quelque chose d'important à vous dire ?

— Pas vraiment. Et vous Jaelith. Pourquoi m'avoir attendu ?

— Pour vous remercier pour la énième fois. Je ne sais pas ce qui se serait passé sans vous.

— Vous auriez été arrêtée, puis je vous aurez retrouvé dans une cellule au fond de la prison.

— Et vous m'auriez laissée croupir là-bas ?

La jeune femme tourna enfin la tête vers son interlocuteur.

— Non... J'aurais fait en sorte de vous sortir de là, bien entendu.

— Pourquoi êtes-vous aussi attentionné envers moi ?

— Vous connaissez déjà la réponse Jaelith.

— C'est parce que je ressemble à votre femme ?

Freyki blêmit. Elle continua.

— Feiyl m'a montré le portrait de votre femme. C'est vrai que la ressemblance est frappante.

— Non.

— Non ?

— Vous ne ressemblez pas du tout à Amaria. Pas du tout.

Une expression de surprise apparut sur le visage de Jaelith. Elle ne s'attendait pas du tout à cette réponse. Elle avait l'impression qu'elle l'avait vexée et changea de sujet.

— Est-ce que cela vous ennui de me raccompagner jusqu'à l'auberge ?

— Vous me demandez de vous raccompagner ? Vous êtes tombée sur la tête ?

— Non, je...

— Vous êtes malade alors ?

— Non !

— Vous n'êtes pas Jaelith ?

— Si mais... Vous êtes vraiment énervant !

La jeune femme commença à marcher, faisant semblant d'être fâchée, très vite suivie par Freyki qui l'attrapa par la taille.

— Mais je croyais que vous vouliez que je vous accompagne ma dame ?

— Alors accompagnez-moi.

Le sourire qu'elle lui fit à cet instant lui réchauffa le cœur.

***

— Comment ça vous ne voulez plus de moi ici ?

Jaelith ne comprenait pas. Le propriétaire de l'auberge de la Mésange Bleue venait de lui faire comprendre qu'il ne voulait plus la voir ici. D'une voix rauque, il expliqua :

— Ecoutez, vous avez beau être paladin ou je ne sais quoi, il s'avère que la pagaille que vous avez apporté avec vous cet après-midi n'était pas la bienvenue.

— Mais je n'ai rien fait de mal !

— Je me fiche de savoir si vous faites du mal ou du bien, je veux juste que vous fichiez le camp de mon auberge.

Muette de stupeur, la jeune femme sortit de l'auberge sans se retourner. Dehors, elle faisait face à Freyki qui n'était pas encore partit. Voyant sa mine déconfite, il lui demanda :

— Il y a un problème Jaelith ?

— Eh bien, je n'ai plus d'endroit où dormir à partir d'aujourd'hui.

— Vous n'avez plus d'argent pour payer la chambre ? Je peux...

— Ca n'a rien à voir... Il ne me reste plus qu'à trouver autre chose...

Le roi loup secoua la tête et prit la jeune femme par les épaules.

— Parce que vous pensez que je vais vous laissez dormir dehors ?

Il l'attrapa par le poignet et l'entraina avec lui.

Ils arrivèrent au donjon qu'ils traversèrent rapidement pour se retrouver dans le bâtiment où Jaelith avait retrouvé Feiyl. La jeune femme frissonna lorsqu'ils passèrent dans le couloir aux portraits, puis Freyki ouvrit une porte non loin et tous deux s'y engouffrèrent. Le roi loup referma la porte derrière lui tandis qu'elle observait la pièce dans laquelle ils étaient. La chambre était grande. Un large lit se trouvait contre le mur de gauche. A six mètre de ce dernier en face se trouvait une petite cheminée. Freyki y allumait un feu non sans mal. Sur le sol se trouvaient de larges fourrures. Près de la seule fenêtre de la chambre, il y avait une petite table et quelques chaises de bois.

Le roi loup souffla sur les braises pour qu'elles prennent et une douce chaleur remplissait lentement la chambre. Le roi loup se déchaussa et jet ses bottes de cuir dans un coin de la pièce avant de s'allonger de tout son long près de la cheminée. Debout près de la porte, Jaelith ne savait pas quoi faire.

— Vous voulez que je vous aide à vous mettre à l'aise ?

Sans attendre une réponse de la part de la jeune femme, il se releva et la prit dans ses bras pour la poser délicatement près de la cheminée. Lentement, il commença à lui retirer ses bottes qu'il repoussa dans le coin où il avait jeté les siennes. Freyki s'assit aux côtés de son aimée et l'attira à lui. Jaelith le laissa faire. Elle le laissa poser ses lèvres sur les sienne. Elle le laissa lui retirer ses vêtements. Elle le laissa s'allonger au-dessus d'elle et lui faire ressentir ces sensations qu'elle ne pouvait décrire. Elle tremblait de désir à chaque fois que leurs corps se touchaient. Leur union dura un certain temps, et lorsqu'il entendit les gémissements de son amante, le roi loup ne put se retenir plus longtemps.

Tandis qu'ils récupéraient leurs souffles, Jaelith se lova dans les bras de Freyki. Elle l'aimait, mais cette relation ne pouvait pas continuer ainsi...

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