Chapitre 42 - L'Attaque des Dragons Noirs

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Chacun était à son poste. Freyki attendait dans la salle du trône, aux côté d'Elrynd et de Feiyl. Tout trois observaient le ciel bleu, sans nuages. Lorsque les dragons arriveraient, ils les verraient facilement et pourraient donner à tous l'ordre d'attaquer. Feiyl frissonna. Il ressentait de nombreuses puissances qui fonçaient vers la capitale. Il se tourna vers son souverain, anxieux. Il ne murmura que ces quelques mots :

— Ils arrivent...

Freyki ordonna à Elrynd de prévenir tout le monde. Il fallait que chacun se prépare à leur arrivée. Avec un peu de chance, les canons auraient vite raison de ces créatures. Le regard rivé vers le ciel, il les aperçût au bout de quelques minutes, nuées noires fondant vers la cité. Le roi loup en compta une dizaine, peut-être un peu plus, il n'était pas sûr. Mais il avait l'impression que Varen Draze n'était pas parmi eux.

Ils s'approchaient dangereusement, et un peu trop rapidement. Les jeunes dragons noirs étaient pressés d'en découdre. Ils voulaient faire payer aux humains, et leur haine envers eux étaient sans limite. Ils volèrent au-dessus de la ville, cherchant leurs proies. Des bruits assourdissants se firent entendre. Les canons tonnaient, et on avait l'impression que le tonnerre résonnait dans le ciel. L'un des dragons se prit un boulet en pleine tête, le tuant sur le coup. Le corps retomba lourdement au sol, écrasant deux maisons au passage. Les autres tentaient de s'approcher des canons, pour tuer ceux qui s'en servaient. Un second dragon fut tué. Lui aussi s'écrasa çà terre. De la fenêtre, Freyki observait l'étrange bataille qui avait lieu sous ses yeux. L'un des dragons venait d'atteindre sa cible. L'un des canons fut mis en pièce, et avec lui, ceux qui se trouvaient aux alentours. Le roi loup pesta. Il fallait qu'ils en tuent le plus possible de cette manière afin d'éviter le carnage qui n'allait pas tarder à avoir lieu. Un troisième dragon tomba au sol, la tête éclatée. Si Jaelith était ici, elle n'approuverait sûrement pas cette méthode, pensa l'homme à la cicatrice. Deux autres canons furent rapidement détruits, suivit d'un autre.

Très rapidement, tous les canons de la cité disparurent, ainsi qu'une bonne vingtaine de personnes. Les dragons restant volaient autour de la ville, empêchant quiconque de s'échapper. Elrynd, qui était revenu, paraissait déçut.

— Le château est complètement encerclé ! Nous avons manqué à notre devoir envers vous mon roi.

— C'est bon, tout le monde a fait de son mieux.

Les dragons détruisaient tous ceux qui avaient le malheur de croiser leur chemin. Heureusement que Freyki avait donné l'ordre d'évacuer la ville ! Le carnage aurait été tout autre. L'air absent, le roi loup se tourna vers le paladin et Feiyl.

— Ne vous inquiétez pas pour moi. Fuyez. Je ne veux pas qu'il y ait d'autres morts inutiles.

— Aucun d'entre nous n'ira nulle part roi loup !

C'était la voix du dragonnet qui résonnait dans la salle.

— Nous serons avec vous jusqu'au dernier moment même si cela doit nous couter la vie !

Les pupilles dorées de l'adolescent firent frissonner Freyki lorsque leurs regards se croisèrent. Il ne pouvait pas croire que ces paroles sortissent de la bouche d'un adolescent. Feiyl était bien plus courageux que la plupart des hommes qu'il avait eus à ses côtés. Le roi loup sortit son épée de son fourreau, rapidement imité par les personnes présentes. Ils allaient se jeter dans la gueule du loup, mais ils ne le laisseraient pas les prendre aussi facilement et sans se défendre.

Plusieurs groupes se formèrent afin d'abattre le plus de dragons possible. Chacun d'entre eux alla à un point précis de la cité, et deux autres dragons tombèrent sous les coups des humains. Freyki avait lui-même enfoncé son épée dans le cœur de l'un des monstres. Il avait attendu que Feiyl détourne son attention puis avait foncé sur sa proie. Le roi loup félicita l'adolescent et lui donna une tape sur l'épaule. Feiyl se sentit gêné, puis il fixa un point noir qui grossissait dans le ciel. Un bruit fit se retourner tout le groupe : un autre dragon venait d'apparaitre, détruisant une bonne partie de la ruelle. L'homme à la cicatrice leva rapidement sa tête vers le ciel, fixant la même chose que Feiyl quelques secondes auparavant.

Un dragon noir apparut à l'horizon. Freyki pesta : un de ces monstres allait pouvoir détruire encore plus la cité qu'il avait eue tellement de mal à remettre debout. Mais contrairement à ce que le roi loup pensait, le dragon ne se jeta pas sur les guerriers qui étaient là. Il se jeta sur l'un des jeunes dragons et lui déchira la gorge, le tuant quasiment sur le coup. La plupart des personnes présentes n'avaient pas vraiment compris ce qui se passait. Un dragon noir les protégeait ? Freyki observait la scène qui lui semblait irréelle.

Un autre dragon arriva pour venger le premier et un autre combat s'engagea entre les deux créatures couleur ébène. Le premier prit son envol et monta dans le ciel, pas très haut, et le second allait le rejoindre. Quelqu'un sauta du dos de la première créature, épée en main, et retomba lourdement sur le crâne du second, lui enfonçant jusqu'à la garde. Le dragon mourut sur le coup, entrainant dans sa chute la silhouette humaine. Une silhouette que Freyki reconnut presqu'immédiatement. C'était Jaelith.

Elle retomba sur le dos de premier dragon qui l'avait rattrapé de justesse, et tous deux se posèrent au sol, près de leurs camarades. La jeune femme mit pied à terre, cherchant quelqu'un du regard dans la foule attroupée là.

— Je retourne au combat ma belle...

La voix du dragon se voulait douce, mais ce fut un échec. La plupart des guerriers présents reculèrent, la peur se lisant sur leurs visages. Dalvan secoua son énorme tête.

— Et bien qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour les humains. Et aucun remerciement.

La jeune femme se tourna vers le dragon.

— Tu penses pouvoir les retenir le temps que...

— Avec un peu de chance, quand ils arriveront, il n'y aura plus de dragon à tuer !

L'énorme créature s'envola, la laissant là. Feiyl s'approcha, anxieux. Comment réagirait-elle en le voyant sous cette forme ? Il déglutit tendit qu'elle continuait à lancer des regards autours d'elle. Leurs yeux se croisèrent, et la femme paladin parut surprise.

— Feiyl ? C'est bien toi ?

Le dragonnet acquiesça d'un signe de tête. Un large sourire apparut sur le visage de Jaelith et elle ouvrit ses bras en sa direction. Sans attendre un instant de plus, il s'y jeta, les larmes aux yeux.

— Si tu savais comme je suis content de te revoir saine et sauve !

— Moi aussi Feiyl. Mais je ne pensais pas te retrouver sous cette forme... Inhabituelle. Qu'est ce qui a bien pu t'arriver ?

Le petit dragon renifla, un léger sourire au coin des lèvres.

— C'est une longue histoire, mais je ne crois pas qu'on ait le temps d'en parler.

— On en reparlera après la bataille. Où est Freyki ?

L'homme à la cicatrice la dévisageait comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Il s'avança vers elle et murmura son nom plusieurs fois. Il voulait la prendre dans les bras, l'embrasser, lui dire à quel point elle lui avait manqué, mais le moment était mal choisit pour cela.

— Jaelith...

Elle leva la tête vers lui. Son visage mélangeait à la fois une expression de soulagement et de colère. La dernière fois qu'ils s'étaient parlé, la discussion avait été pour le moins houleuse, et il lui avait brisé le cœur par ses paroles odieuses. La jeune femme se racla la gorge.

— Je suis désolée Freyki. Je n'aurais pas le temps de tout t'expliquer maintenant. Il faut tenir encore jusqu'à l'arrivée des renforts.

— Des renforts ? Lesquels ? Nous sommes tous ici !

— J'ai réussi à convaincre certaines personnes de se joindre à nous pour ce combat. Des hippogriffes arriveront par le sud d'ici un peu moins d'une heure.

— Des hippogriffes ? Tu as réussi à rallier les elfes à notre cause ?

Jaelith haussa les épaules.

— Pas vraiment non... Seules les personnes qui n'avaient rien contre les humains ont décidé de venir nous aider. L'impératrice n'a rien voulu savoir. Ils ne seront qu'une cinquantaine, mais ce sera le meilleur moyen de mettre fin à ces monstres.

Le regard de la jeune femme était chargé de haine. Freyki se demandait si c'était contre lui ou contre les dragons noirs.

— Jaelith, je...

Le sol trembla fortement. Deux jeunes dragons venaient descendre au sol, près d'eux. Freyki sortit son épée et fonça sur le premier. Sa lame s'enfonça facilement dans la gorge du dragon et ressortie de l'autre côté dans un flot de sang. Le second dragon n'était pas en reste. Jaelith évita avec souplesse et rapidité les coups qu'il donnait, s'approchant dangereusement et se retrouva sous la créature, au niveau de son ventre. L'épée se glissa à l'intérieur sans rencontrer d'autres obstacles et une grande plaie apparue au fur et à mesure que la jeune femme avançait vers la queue de la créature. Les entrailles de cette dernière tombèrent au sol dans une large flaque de sang, et elle expira. Le roi loup ordonna à ce que plusieurs groupes soient formés et qu'ils se fraient un chemin dans la cité, cherchant les autres dragons à tuer. Lui-même accompagna une dizaine d'hommes.

Jaelith, qui avait suivi un autre groupe en direction du port, observait le ciel rouge. Un autre dragon arriva droit sur eux, écrasant la plupart des membres du groupe au passage, les tuant sans pitié. La dame paladin rageait intérieurement. Elle ne supportait pas de voir ses camarades de combat mourir aussi bêtement. Si elle avait été plus rapide, elle aurait pu crier à tous de se mettre à couvert. Elle agrippa ferment son épée luisante de sang et se jeta sur la créature.

Le dragon la repoussa d'un revers de patte, puis se focalisa sur les survivants qui étaient là. Un souffle de flammes les réduisit au silence en quelques secondes. C'était un véritable cauchemar qui se déroulait sous les yeux de la demie elfe. Elle se releva avec difficulté, puis recula tant qu'elle le pouvait. Le regard du dragon s'était à nouveau posé sur elle. Il s'avança lentement, comme un chat qui jouait avec sa proie, puis ouvrit grand sa gueule. Il allait la prendre et la briser en deux ! Mais elle ne se laisserait pas faire, elle se battrait jusqu'au bout ! Le sol trembla à nouveau. Derrière le dragon se trouvait la véritable menace : Varen Draze.

Ce dernier se jeta sur son camarade et le déchira en deux. Jaelith avait pu entendre les os craquer et les muscles s'arracher petit à petit. Tout cela avait duré quelques minutes qui avaient semblé des heures pour la jeune femme. Le dragon était son ennemi, mais la manière dont Varen Draze s'en était débarrassé avait été cruelle et barbare. D'une voix tremblante, Jaelith hurla :

— Comment as-tu pu lui faire une chose pareille ? N'était-ce pas ton allié ?

L'immense créature gloussa.

— Et alors ? Quel est le problème ? N'est-ce pas ton ennemi ?

— Si, bien sûre, mais...

— Alors pourquoi cette question idiote !

Si elle le pouvait, la jeune femme reculerait encore plus, mais le mur derrière elle l'en empêchait. Varen Draze s'approcha un peu plus.

— Tu crois peut être que tu pourrais t'enfuir impunément ? Mais je t'ai retrouvé, petite proie ! Je vais te déchirer les membres petits à petits et te faire souffrir comme jamais auparavant...

Quelque chose tomba sur le dragon qui roula sur le côté. C'était Dalvan. Il était légèrement blessé, mais rien de vraiment grave. Il s'était positionné entre la dame paladin et le terrifiant dragon noir.

— Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu tous les deux mon frère.

— Il aurait mieux valu pour toi qu'on ne se revoit jamais, Dalvan !

Varen se jeta sur son frère, le plaquant au sol. La gueule se referma sur l'aile droite qu'il arracha comme s'il s'agissait d'aile de mouche. Dalvan hurla de douleur et recula, plaquant son frère contre un mur. Il lui donna plusieurs coups d'épaules, l'enfonçant de plus en plus, et le mur s'écroula. Mais l'horrible créature était loin d'en avoir fini. Ses pupilles dorées luisirent pendant quelques instants, et il se jeta à nouveau sur son adversaire.

— C'est fini pour toi... Tu auras été inutile jusqu'au bout !

Les crocs entrèrent dans la chair tendre de la gorge de Dalvan, l'agrippant fermement. Puis Varen Draze releva la tête sans la lâcher. Du sang gicla sur les vêtements que portait la jeune femme. Jaelith hurla lorsqu'elle vit les yeux de son camarade ailé s'éteindre et devenirs vide. Le dragon noir relâcha le corps de son frère à terre, et son regard se porta à nouveau sur elle. Les yeux remplis de larmes et de colère, la dame paladin hurla.

— Monstre ! C'était ton frère !

— Quand on trahit le clan, il faut en payer le prix.

Epée en main, elle fonça sur son terrifiant adversaire qui la jeta sur le côté sans ménagement. Elle se releva, mais la patte de la créature l'entourait, la serrant avec force pour l'empêcher de fuir.

***

La bataille faisait rage du côté de Freyki et de ses hommes. Deux autres jeunes dragons venaient de tomber sous leurs coups. Le souverain ordonna que tous prennent quelques minutes de repos. Certains étaient blessés, mais heureusement, personnes n'avait été tué. Le roi loup remerciait la lumière pour cela. Il espérait ne pas voir d'autres morts avant la fin de la bataille. Le sol trembla. Chacun se relava, arme au poing, aux aguets.

Deux immenses dragons volaient au-dessus du groupe, puis se posèrent au sol, les prenant en tenaille. Le premier ressemblait à Varen Draze et était tout aussi imposant. Ses écailles brillaient d'un reflet bleu étrange. Il lui manquait un œil, le droit. Le second dragon, même si il restait imposant, était plus fin et plus petit que son confrère. Les deux pupilles dorées ressortaient fortement avec les reflets violets de ses écailles. Ce fut ce dernier qui prit la parole en premier. Tous furent surpris d'entendre une voix féminine.

— Ils ont tué nos petits ! Ils le paieront au centuple !

— Calme-toi Trivian. Nous pouvons les croquer si ça nous chante, mais Varen veut qu'on lui laisse sa proie.

— Je me fiche bien de sa proie Forhan ! Ces humains ont tués nos petits ! Ils méritent la mort ! LA MORT !

Freyki venait de comprendre qu'il s'agissait des parents des jeunes dragons qu'ils avaient tués jusque-là. La situation n'était pas de bon augure pour eux. Il espérait que les autres groupes s'en sortent mieux, et surtout, qu'elle survive, par tous les moyens.

La dragonne Trivian prit alors son souffle, menaçant par la même son compagnon qui tentait de la raisonner. Le roi loup soupira : c'était la fin pour eux. Coincé entre deux dragons, ils ne pourraient rien faire que d'attendre que la mort leur tende les bras. Une dizaines de flèches se fichèrent dans la gorge de la dragonne, et cette dernière s'étouffa dans ses flammes. Sa mort ne fut pas des plus douces. Freyki et ses hommes regardèrent le ciel et virent au moins trois dizaines d'hippogriffes, chacun d'entre eux chevauché par des elfes en armure légères, arcs bandés et prêts à tirer.

Forhan hurla. Un cri inhumain qui résonna pendant quelques secondes. Puis il souffla en direction des créatures volantes qui échappèrent facilement aux flammes. Le dragon continua de les viser, oubliant totalement les hommes armés qui se trouvaient au sol. Avec ses hommes, Freyki s'avança vers son adversaire. Les épées entrèrent dans son corps presque toutes en même temps, le privant presque instantanément de sa vie. L'un des hippogriffes se posa à terre, prêt du petit groupe. Une femme aux longs cheveux fins et dorés en descendit pour s'approcher du roi loup.

— Je suis Siara, chef de la garde ailée de la cité d'argent. Où est Jaelith ?

— Nous avons décidé de nous séparer en plusieurs groupes. Elle doit être au sud de la ville, prêt du port.

— Combien reste-t-il de dragon ?

-Je n'en ai aucune idée. C'est à croire que le clan a eu le temps de se reformer au complet depuis la dernière guerre.

— C'est regrettable, en effet.

— Je...

— Les remerciements, vous pourrez les faire quand tous les dragons ne seront que des cadavres. D'ici là, arrangez-vous pour survivre.

Siara salua brièvement le roi avant de remonter en selle. Freyki ordonna à ses hommes de partir vers le port. Il fallait qu'il la rejoigne.

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