3.1

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Ils m'ont offert une place dans leur bus. Z'ont dû m'aider à quat' pour m'faire grimper, mais ça valait l'détour, croivez-moi ! L'intérieur était encore p'us beau qu'l'esstérieur ! Mais, j'vais pas vous faire tarter avec ça, hein ? Vous, vous savez c'que c'est, les belles mécaniques !
Une fois qu'ils m'ont eue harnachée, ils décident qu'on peut met' les voiles. Donc, on se barre !
Moi, p'isqu'jétais bombardée animateuse du voyage, j'me dis que j'vais les faire chanter, voyez ? Z'avaient l'air un peu malheureux, tous ces vieux machins. Comme ils f'saient une sortie, ce qui d'vait les sortir d'leur solitude, alors j'voulais qu'y gardassent le meilleur souvenir d'leur ballade, normal.

Je chope l'micro de l'autocariste, sans l'écouter m'protester qu'jai pas l'droit, p'is je commence à leur chanter "Le p'tit Quinquin", histoire de m'dérouiller la gargane.

Mais, bon...j'étais pas tombée sur un groupe de mélomanes, faut croire. Très vite, m'ont envoyé des quolibets, disant comme ça qu'j'allais faire pleuvoir, qu'j'étais aussi douée pour la chanson qu'un étron pour une carrière à l'Elysées, tout ça... J'en passe, et des meilleures ! P'is, y avait surtout un grand vioque, tout raide, avec des moustaches à l'anglaise. Il m'toisait avec son air mécontent, marmonnant des trucs que j'entendais pas à son voisin. Même vieux, les hommes sont moches, vous croivez pas ? Ouais, fais péter la deuxième boutanche, René... Et oublie pas les copines, hein ? Les copines...Les co-pines...héhé, tu vois ce qu'est-ce que j'veux dire, mon René ? Allez, rigole un peu, merde ! Bon, j'continue ?

Alors... j'me dis : pas grave, j'vais enquiller avec du Berthe Silva, ou du Tino Rossi. Ça va les attendrir un peu, tous ces caves, que j'me dis. Mais vas-y qu'ils continuent à m'brailler de ces insanités qu'ça aurait fait rougir Zaza la Bordelaise, la plus grosse pute que j'ai croisé dans ma chienne de vie !

Le chauffeur avait profité d'un arrêt à un carrefour pour rev'nir m'piquer son micro, alors, un peu énervée, j'vous concède, j'décide d'la fermer et j'me tape la frite sur un siège. Plus un mot jusqu'à la descente des organes moisis, na !

On arrive enfin. Les autobusistes déchargent leur cargaison faisandée, p'is ils s'attaquent aux coffres qui sont sur les côtés des engins, le tout sous le regard pensif des polacks, roumains ou j'sais toujours pas quoi. Tout de suite, y en a un qui me chope par une aisselle, et i'm'drive illico vers l'entrée de la salle des fêtes. Le gros pourceau du début se jette presque sur moi avec une tenue de trou de bal. C'tait une jupe noire, un ch'misier blanc, presque transparent, un vrai régal, p'is une paire de pompes cirées. Il s'escrime tout autour de moi pour tenter de me l'enfiler, mais bon, j'avoue qu'j'ai p'us ma taille de guêpe d'avant... Le mec se gratte les pellicules, qu'il en tombe des paquets entiers sur les épaules de sa veste à la con. Direct, j'me dis que j'dois trouver une soluce toute seule et tout de suite, que sinon mon histoire avec eux risque de se terminer prématurément. Visiblement pas des mecs patients, selon moi... Alors, je jette un oeil dans la grande salle où que d'vaient se réunionner tous les vioques qui en étaient encore à ramasser leur baise en ville dans les bus. Y avait plein de tables rondes, avec verres, assiettes, couverts et tout l'bazar. Et v'là que j'me dis qu'une nappe f'rait bien mes affaires...
J'laisse l'aut' babouin à ses peaux mortes, p'is d'un coup sec, et sans rien faire tomber, je tire un grand coup. Non, Conardus ! Retire tes mains, merde ! Donc, j'tire un coup sec, et j'me r'trouve avec une nappe assez grande pour emballer mes rondeurs nouvelles...

Le mec pige mes mimiques, va me dégauchir quelques épingles à nourrice et me v'là enturbannée de première pour jouer les soubrettes ! Tant pis pour le ch'misier transparent, semble-t-il dire à ses potes qui se marrent en loucedé ! Jusque là, tout va bien, que j'pense en moi. Seulement, pour les pompes... pas de remède miracle. Alors, j'attrape deux serviettes, j'les enroule autour d'mes croquenots, et je suis enfin conforme à ce qu'ils souhaitaient ! Toujours plus douée que les aut', l'Agathe, hein ?

Mais, j'ai pas l'temps de me congratuler la couenne : le troupeau de fossiles déboule, et il est temps pour moi de me transformer en vestiaire digne de ce nom !

A suivre...

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