4.8
Pendant qu'ils sursautent à chaque chaos de la route, René et Raymond tente de comprendre ce qui leur arrive.
- On joue un remake de la planète des singes ? fait le premier.
- Je dirais plutôt qu'on est ailleurs, rétorque Raymond.
- Ailleurs. Tu n'as rien d'autre à proposer ?
- J'ai bien une idée, mais j'suis pas sûr qu'elle te plaise.
- Dis toujours.
- Ben, c'est comme si on était ailleurs, et pas le même jour !
- Pour le jour en plus, normal, non ?
- Non ! coupe Raymond. Je veux dire, c'est comme si on avait changé de jour.
- Ben oui ; un de plus ! On a picolé, ce truc était assez sévère pour nous faire roupiller ; Conardus nous a expédiés dans une pampa à la con, et...
- On tombe sur une troupe de rigolos déguisés en Romains. Y a rien qui te choque, là ?
- Ben, un festival pour fanas du Passé ?
- Et ces types nous fendraient la tronche juste pour le plaisir de la plus parfaite reconstitution ?
René ne sait plus quoi dire. C'est vrai que les arguments de son ami sont massifs.
Et celui-ci en rajoute :
- Regarde : pas une montre, pas un téléphone, pas un seul mec avec ces éternels écouteurs dans les esgourdes. Et puis, regarde les types autour de toi. Ils puent la ferme préhistorique ! Et je suis persuadé qu'il n'y en aura pas un pour parler français.
- Si ton pote de l'Espace nous a envoyés en Israël, comme le dit Agathe, ça t'étonne ? objecte René.
- Mouais, pour ça, t'as raison... Mais quand même ! Regarde leurs fringues : on dirait de la corde.
- Z'ont des couturiers un peu en retard, peut-être ?
- Et cette charrette : tu connais beaucoup de pays qui reçoivent leurs touristes dans des cages roulantes ?
- Si on est tombés dans un film ?
- Et les mandales ? s'impatiente Raymond. Non, écoute-moi : je te dis que cet enviandé de Conardus nous a envoyés...
- Oui ? demande René qui attend une information qui tarde à venir.
- Il nous a renvoyés dans le Passé ! fait Raymond, pas très sûr de lui.
René éclate de rire, ce qui attire l'attention des autres prisonniers autour d'eux. Il y a même le soldat, le gros balaise, qui s'approche et qui grogne un truc pas correct.
- Tu es encore sous l'effet de la boutanche d'Agathe ! hoquette René qui se tient les côtes à deux mains.
- Mais ils parlent en Latin, tente encore Raymond.
- C'est ça ! Mais t'inquiète pas ; t'auras les sous-titres pour l'avant-première.
Raymond se tait, vexé et de plus en plus inquiet. L'autre se marre comme un bossu, pendant que les prisonniers les regardent avec curiosité. Il cogite, et il se convainc qu'il n'y a pas d'autres explications possibles. Il hésite encore un peu, simplement parce qu'il ignore si Conardus a réellement la capacité de les faire voyager dans le Temps...
Le voyage dure encore quelques heures, pendant lesquelles René ronfle presque tout le temps, indifférent et confiant en l'avenir. Raymond, lui, médite toujours un peu plus sur les risques du passé.
Puis, au détour d'une ultime colline, ils arrivent dans un immense camp militaire.
A suivre...
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