41. James Bond Girl

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Maxime

— Je ne te trouve pas impliquée à cent pour cent depuis quelque temps, je me trompe ?

Je la regarde, installée à côté des enfants, en train de les aider à faire leurs devoirs et je lui fais signe de me suivre dans la cuisine pour échanger avec elle. Cela fait plusieurs fois qu’elle arrive en retard ou qu’elle doit partir en avance et j’ai l’impression que, depuis l’arrivée de Miléna et mon refus d’aller plus loin avec elle, elle s’investit moins dans son travail.

— Nina, dis-je en me rapprochant pour revenir dans son champ de vision, je ne t’en voudrais pas si c’était le cas, tu sais. Je ne vais pas mettre fin à ton contrat brutalement, mais j’ai besoin de savoir si je peux compter sur toi ou si je dois réfléchir à une autre solution.

— Si tu peux compter sur moi ? Tu as l’impression que les enfants sont mal avec moi ? Je fais toujours mon travail, Maxime. Mais si tu veux te débarrasser de moi, dis-le, ça ira plus vite.

— Les enfants sont très heureux avec toi, Nina. Il n’y a aucun doute là-dessus. Mais toi, es-tu heureuse avec eux ? Avec nous ? J’ai l’impression que depuis que j’ai repoussé tes avances, tu n’as plus l’air aussi à l’aise ici. En ma présence, au moins.

— Ça me paraît logique. Normal que je sois mal à l’aise. Et puis, je me demande ce que je fais là, puisqu’il y a toujours du monde à la maison, maintenant.

Ah oui, le “monde” dont elle parle est en effet présente constamment et ne serait pas contre prendre plus de place auprès des enfants si je le lui demandais… Et dès que les deux femmes se retrouvent dans la même pièce, on a un peu l’impression que la température baisse de quelques degrés tellement la tension est forte. J’ai un peu l’impression que chacune s’accroche à son petit pré carré, Nina avec les enfants et Miléna dans la cuisine et pour l’aide à la traduction. Et que chacune aimerait prendre la place de l’autre. Toute cette tension me pousse à agir parce que je ne trouve pas ça sain. Surtout depuis la conversation que j’ai eue il y a deux jours avec Miléna. Nous avons commencé à évoquer ce futur où peut-être nous pourrions envisager quelque chose à deux. Et ça change un peu tout. Si elle reste dans ma vie, je n’aurai plus besoin de Nina au moins pendant quelque temps.

— Tu es là parce que tu as un contrat, Nina, et que je tiens à l’honorer pour ne pas que tu te retrouves en difficulté parce qu’il y a des choses qui changent dans ma vie. Mais si tu le souhaites, on peut le mettre en pause ou le modifier. Ou le maintenir en l’état, ça ne me dérange pas non plus. Tu es une vraie magicienne avec les enfants et je trouve super tout ce que tu fais avec eux, mais je n’ai pas non plus envie que tu sois mal à l’aise quand tu es avec nous.

— Je ne suis pas en difficulté. Je suis une grande fille, j’ai compris les choses et tourné la page. La vraie question c’est de savoir ce que toi, tu souhaites, puisque tu me proposes de le mettre en pause, ce contrat. Tu penses ne plus avoir besoin de moi, c’est ça ?

— Disons que si tu restes, je veux que les choses se normalisent avec Miléna qui est aussi partie pour rester chez moi encore un moment, a priori. Je n’aime pas cette ambiance lourde quand vous vous retrouvez toutes les deux dans la même pièce. Pour le reste, ça ne me dérange absolument pas que tu restes car Miléna n’est pas ici pour s’occuper des enfants.

— Un ambiance lourde ? Je ne vois pas de quoi tu parles. Il n’y a pas de problème avec Miléna. Chacune à sa place et tout roule. Tant qu’elle ne se mêle pas de ma façon de travailler avec les enfants, aucun problème pour moi.

— Bien, parfait. Je compte sur toi pour mettre un peu du tien alors quand vous devez vous retrouver ensemble et être un peu plus avenante. Et je vais voir avec elle pour qu’il en soit de même.

— Être plus avenante ? Je suis payée pour m’occuper des enfants, pas pour être avenante avec elle. Tu ne veux pas que je lui apporte un petit café et des biscuits tous les jours, non plus ? s’agace-t-elle. Quoique, non, les biscuits, le café, c’est la cuisine, c’est son domaine, pas touche.

— Et qu’est-ce qui motive une telle animosité ? Pourquoi tu t’emportes comme ça alors que je te dis que je vais aussi lui parler pour calmer les choses ? Là, clairement, tu n’es pas dans le bon état d’esprit, celui que je souhaite voir autour de mes enfants.

— Très bien, alors on peut modifier ce contrat. Je n’ai aucune envie d’être avenante avec ta petite protégée. On fait un break, tu n’auras qu’à me rappeler quand elle sera partie, ou quand elle aura assez profité de toi et que tu l’auras foutue dehors.

— Ecoute, Nina, prends quelques jours pour y réfléchir et on en rediscute. Je n’ai pas envie que tu partes comme ça, fâchée alors que j’essaie d’arrondir les angles et que j’apprécie beaucoup ton travail. D’accord ?

— Oui, si tu veux, mais je ne changerai pas d’avis, soupire-t-elle. Je finis ce soir et ça vaut peut-être mieux comme ça. Je peux aller terminer les devoirs avec les enfants ou tu as encore quelque chose à me reprocher ?

— Ce n’était pas dans ce sens-là que je voulais te voir, soupiré-je. Tu fais vraiment du bon travail. Bref, on en reparle en début de semaine prochaine. Je vais dans la Tour de l’Horloge, fais-moi signe quand tu pars.

Je la laisse, fais un signe aux enfants qui semblent avoir terminé leurs devoirs, et sors du château pour me rendre à la Tour où m’attend Miléna. Je m’en veux un peu d’avoir brusqué Nina comme ça, mais je n’en peux plus des disputes et chamailleries au quotidien. Ma maison, c’est l’endroit où je me détends loin des problèmes du bureau, j’ai besoin de m’y sentir bien. Il faut qu’elle l’accepte et j’espère que ces quelques jours de repos l’aideront à le comprendre et lui permettront de revenir dans un meilleur état d’esprit.

Quand j’arrive dans la pièce ronde de la Tour, Milena a installé le manuscrit sur la petite table et est en train de taper sur son ordinateur la traduction. Elle a l’air super excitée de ce qu’elle est en train d’écrire et n’a pas remarqué mon arrivée, ce qui me permet de l’observer quelques instants. Ma mère lui a ramené des vêtements d’été hier et elle les a acceptés malgré une certaine réticence. Elle a bien fait car la petite robe bleue qu’elle porte aujourd’hui lui va à ravir. Elle s’arrête juste au-dessus des genoux, ce qui dévoile ses magnifiques jambes, et les boutons sur le devant ne sont pas refermés jusqu’en haut, ce qui met en valeur son magnifique décolleté. Je ne vois pas trace de soutien gorge car il semble y avoir une sorte de corset incorporé à la robe, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Je me rapproche d’elle et pose mes mains sur ses épaules. Même si nous essayons de reprendre comme avant, j’ai toujours une petite réticence à oser la toucher, de peur d’être à nouveau rejeté. Mais elle est trop adorable, la vision est trop tentante pour que je puisse résister ce soir. Elle tourne la tête vers moi et je me penche pour l’embrasser. Sur les bisous au moins, quand nous ne sommes que tous les deux, nous en profitons vraiment. Nous en abusons, même, un peu comme si nous nous rattrapions de toute cette frustration accumulée dans ces baisers qui nous laissent parfois pantelants et excités. Quand nos bouches se séparent finalement, je m’installe à côté d’elle et surprends le regard qu’elle porte vers mon entrejambe où ce bisou a clairement eu de l’effet.

— Tu as l’air d’avoir trouvé quelque chose, je me trompe ? demandé-je pour revenir au manuscrit.

— Oui, regarde, il y a tout une partie d’indices pour trouver la fameuse pierre. On s’approche du trésor, c’est génial ! s’enthousiasme-t-elle, le sourire aux lèvres.

J’adore la voir comme ça, pleine d’énergie et regardant avec espoir vers l’avenir. C’est tellement mieux que quand elle ressasse ses souvenirs d’Arménie et de son fiancé disparu dont elle s’accuse de la mort.

— Ah oui, il faut qu’on trouve une statue représentant une vierge aux deux enfants. Tu es sûre de la traduction ? Deux enfants pour la Vierge ? C’est étrange, non ? Même si ça me parle… Je crois en avoir déjà entendu parler…

— Tu peux vérifier, mais je suis sûre de ma traduction, oui. Aussi bizarre que ce soit. Mais il n’y a pas de statue comme ça, ici, si ? Ça ne me dit rien, moi.

Je mets un petit temps à répondre car elle s’est un peu penchée sur son écran pour relire ce qu’elle a inscrit, dévoilant ainsi encore plus son décolleté. Je lutte contre l’envie folle que j’ai de lui ôter cette robe et de lui faire l’amour, là, tout de suite, sur ce canapé qui me semble l’endroit idéal pour enfin réaliser mon rêve.

— Non, toutes les statues ont été détruites ou volées pendant la Révolution, expliqué-je en essayant de revenir au sujet de la discussion. Mais un inventaire a été fait, avec la localisation de tout ce qu’il y avait. Il faudrait que je le retrouve, mais c’est dans la bibliothèque, c’est sûr.

— Donc, nous avons tout ce qu’il faut pour trouver le trésor. Enfin, il reste à traduire la fin du grimoire, mais on se rapproche vraiment. Je n’arrive pas à croire qu’on se soit lancés là-dedans, rit-elle. J’ai l’impression de jouer à Indiana Jones.

— Moi, je te vois plutôt comme la James Bond girl qui va céder à la fin aux talents de séducteur du bel espion, souris-je en posant ma main sur son genou et en caressant sa jambe nue. Mais oui, on se rapproche. Si je comprends bien tout ce qu’on a lu, il faut qu’on trouve le passage qui part de la tour et qui va jusqu’à cette statue. Comme on est coincés et qu’on ne trouve pas l’entrée de ce côté-ci, peut-être qu’il faut qu’on se concentre sur l’autre bout, non ?

— Peut-être, oui, même si je t’avoue que ça me frustre de ne pas trouver cette pierre et l’entrée du souterrain, Monsieur Bond. Et les James Bond girls, elles jouent les seconds rôles, moi je veux partager l’avant de la scène avec l’espion, rit-elle en se calant contre moi.

— Eh bien, je peux te dire que tu es déjà au premier plan, pour moi. Tu sais que tu es belle ? Ces moments en ta compagnie sont toujours un vrai plaisir ! Qu’importe pour moi si on trouve le trésor ou pas.

— C’est quand même un sacré bonus, si on trouve ce trésor. Enfin, la curiosité me pousse à vouloir le découvrir. Je me demande ce que c’est. Et d’un autre côté, j’ai envie qu’on ait du mal à le trouver, pour que ces petits moments durent encore… J’adore faire ça avec toi.

Je lui fais un petit bisou dans le cou, ravi qu’elle soit dans le même état d’esprit que moi, même si cela ne me dérangerait pas qu’elle me donne des signes pour savoir si elle est prête ou pas à aller plus loin dans notre relation. C’est difficile pour moi d’être toujours un peu sur la retenue, même dans ces moments où nous sommes très près l’un de l’autre.

— Eh bien, arrêtons nos efforts pour ce soir, sinon on va trouver trop vite. Et allons manger. Si on croise Nina, ne sois pas surprise si elle est froide, elle a décidé de faire un break et de ne plus venir pendant au moins une semaine parce que je lui ai demandé d’être plus avenante avec toi… Elle a mal pris mes remarques.

— Oh… D’accord. Eh bien… Les enfants vont être déçus qu’elle ne soit plus là. C’est dommage pour eux. Elle dîne avec nous, ce soir ?

— Je ne crois pas, non. Elle avait l’air vraiment fâchée. Ce soir, c’est juste toi, les enfants et moi. En famille, comme au restaurant, souris-je. Au moins, le climat du repas sera apaisé.

— Je mentirais si je disais que ça m’ennuie qu’elle ne soit pas là… A chaque fois que je la vois, j’ai l’image d’elle et toi collés l’un à l’autre, ça me rend… jalouse, grimace-t-elle.

— Eh bien, tu vas avoir l’occasion de la rendre jalouse à son tour car c’est toi qui es collée à moi, là, et tu vas m’avoir à toi toute seule pendant au moins une semaine. J’espère que tu en profiteras.

J’ai continué mes caresses en lui parlant et ma main se retrouve désormais tout en haut de sa cuisse alors que ma bouche continue à picorer son cou. Je sens mon désir prendre de plus en plus de place mais nous n’avons malheureusement pas le temps d’en profiter, il faut qu’on aille au dîner.

— Compte sur moi, sourit-elle en relevant mon visage pour m’embrasser avec ferveur, se pressant davantage contre moi.

— Eh bien, ça promet ! répliqué-je en me relevant enfin pour retourner au château avec elle. J’ai hâte de voir ce que cela va donner !

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