43. La chaleur du réconfort
Maxime
Je reste pétrifié dans le canapé et regarde Miléna qui s’est rapprochée de la fenêtre qui donne sur la fontaine, à l’avant du château. Je doute qu’elle apprécie la vue sur les canards et les douves un peu plus loin, et j’ai vraiment l’impression qu’elle n’est plus avec moi que physiquement. Tout son esprit a l’air d’être retourné en Arménie, auprès de cet homme dont elle croit qu’elle a causé la mort, cet homme qu’elle a aimé toutes ces années alors qu’il jouait avec elle, qu’il la trompait en long, en large et en travers. C’est fou qu’elle n’ait rien vu, qu’il ait ainsi pu vivre une double vie sans qu’elle s’en rende compte. Je n’arrive pas à m’imaginer comment elle peut se sentir après cette révélation. Tous les documents sont tombés par terre et je me décide à les ramasser pour lui laisser un peu de temps seule, pour assimiler toutes ces informations qui viennent de lui tomber dessus. Une fois tout remis dans les enveloppes, je me lève enfin et m’approche un peu d’elle sans toutefois oser la toucher. Je ne sais pas du tout dans quel état d’esprit elle va être.
— Miléna, je peux faire quelque chose pour toi ? Je suis là, tu sais, si tu as besoin, mais je ne veux pas m’imposer non plus.
— Il n’y a pas grand-chose à faire. J’essaie de réaliser, je… Je suis en train de me rendre compte qu’il y avait tellement de signes, c’est incompréhensible que j’aie manqué tout ça, dit-elle tout bas en attrapant ma main pour la serrer entre les siennes sans pour autant se tourner vers moi.
— Tu veux en parler ? Tu préfères que je te laisse tranquille ? Je… Je veux être là pour toi, mais je ne sais pas comment faire. C’est terrible ce qui t’arrive… Je sais ce que c’est de vivre une trahison, et on a juste envie à la fois de tout casser mais on se remet aussi en question. Dis-moi comment je peux t’aider et je le ferai.
Je la laisse triturer ma main alors qu’elle semble toujours perdue dans la contemplation de la vue depuis le Château, même si je sais que les images qui sont en train de défiler dans sa tête sont celles d’un pays qui n’est pas si lointain que ça mais sur lequel je ne connais pas grand-chose.
— Je n’en sais rien, Maxime, je suis totalement perdue… J’ai l’impression d’avoir vécu dans une vie qui n’est pas la mienne, ces dernières années. Il… Tout ça, c’est… Je ne sais pas. Reste avec moi, s’il te plaît… Tu veux bien ?
— Bien sûr, tout ce que tu veux. Je suis là pour toi.
Je me rapproche d’elle et pose ma main libre autour de son ventre afin de me coller derrière elle. Tel un chat, j’ai l’impression qu’elle arque son dos et essaie de multiplier la surface des contacts entre nos deux corps. Je finis par l’enlacer alors qu’elle croise les bras, comme si elle avait froid. Je pose ma tête sur son épaule et la berce doucement, la faisant se balancer doucement de gauche à droite, en silence, lui laissant tout le temps dont elle a besoin pour surmonter cette nouvelle épreuve qui s’abat sur elle.
— Je suis désolée, rit-elle tristement. J’en ramène, des galères, chez toi. Je ne suis vraiment pas un cadeau. Tu te rends compte qu’il m’a demandée en mariage il y a cinq ans ? Tu m’étonnes qu’il ait repoussé encore et encore… C’est totalement… Irréel, tout ça.
— Ne sois pas désolée, voyons, tu n’y es pour rien dans cette histoire. C’est lui qui s’est moqué de toi, c’est lui qui a abusé de ta confiance. Même s’il est mort, j’ai envie de le traiter de tous les noms.
Je continue à frotter ma barbe contre son épaule et j’en profite pour déposer de petits bisous sur sa joue alors qu’elle semble toujours aussi en proie au froid qu’elle seule ressent car il fait plutôt bon dans le salon.
— Moi aussi… Tu crois que sa… Mince, c’est juste horrible d’utiliser ce mot. Tu crois que sa femme est au courant ? Je veux dire, avec ce qu’il s’est passé… Comment elle peut expliquer sa mort ? La pauvre, si ça se trouve elle est autant dans l’ignorance que je l’étais jusqu’à ce soir. C’est terrible…
— Non, asséné-je. Je suis sûr qu’elle n’est au courant de rien, qu’elle ne sait même pas que tu existes. Ce type de gars, ils vivent dans le mensonge tout le temps, ils compartimentent tout pour éviter que leur secret soit révélé. Franchement, tu vaux mieux que ce type et c’est une bonne chose finalement que la situation se soit terminée, même si c’était très violent. Au moins, ça t’a permis de te retrouver ici, dans mes bras.
— Oui, il va falloir trouver du positif à toute cette histoire, murmure-t-elle en se retournant contre moi pour m’enlacer, posant son front contre mon épaule.
— Il faut toujours trouver du positif, c’est une vraie philosophie de vie à adopter au quotidien. Et je vais te paraître très égoïste, mais je suis vraiment heureux que le destin t’ait amenée jusqu’à ce Château et que tu sois entrée dans ma vie. Tu ne m’en veux pas de profiter de la situation ? demandé-je enfin en la serrant contre moi, mes mains caressant son dos doucement.
— Je n’ai aucune envie et aucune raison de t’en vouloir. Ma colère est centrée ailleurs.
Je continue à lui prodiguer toutes les caresses dont elle semble avoir un besoin vital. Elle lève la tête vers moi et passe sa main dans mon cou afin de pouvoir m’attirer contre ses lèvres et m’embrasser. J’ai l’impression qu’elle essaie de se perdre dans ce baiser que nous prolongeons plus longtemps que nous ne l’avons jamais fait. C’est comme s’il n’y avait plus que nous deux au monde, que nous étions isolés du reste de l’univers dans un espace où rien ne peut nous atteindre. Quand nos lèvres finissent par se séparer, je ressens une impression de grand vide, vite compensée par le câlin dont nous profitons tous les deux pendant un long moment et qu’aucun bruit ne vient perturber.
— Il commence à se faire tard, tu veux qu’on aille se coucher ? Ou tu préfères passer la soirée à boire pour oublier ? Je suis ouvert à tout, tu sais, ris-je doucement, même si j’ai une préférence pour le lit.
— Est-ce que… Est-ce que je peux dormir avec toi ? Moi aussi, je suis égoïste, désolée, mais je n’ai pas envie d’être seule, me demande-t-elle timidement.
— Euh… Bien sûr que tu peux venir dans mon lit. Je… C’est juste pour dormir ? Enfin… Comme je disais, je suis d’accord pour tout, mais je ne veux pas faire d’impair ou me faire de faux espoirs, tu vois ?
— Laisse tomber, tu as raison, c’est déplacé de te demander ça après ce qu’il s’est passé la dernière fois, soupire-t-elle en déposant un baiser sur ma joue avant de s’éloigner pour ramasser les enveloppes qu’elle dépose sur le bureau.
Je me précipite à sa suite et l’attrape par le bras pour la forcer à se tourner vers moi et à me faire face.
— Ne t’enfuis pas comme ça, Miléna. Je me suis sûrement mal exprimé, mais pour rien au monde je ne te laisse passer cette nuit toute seule. Tu viens avec moi et je te promets de ne rien tenter qui te mette mal à l’aise. Juste plein de câlins et beaucoup de tendresse. Il te faut au moins ça après les révélations de ce soir.
— Merci… Et pardon, tout ça, c’est juste… Trop. J’ai l’impression que tout mon monde s’est écroulé en une fraction de seconde, je perds pied. Et toi, tu es là, juste parfait alors que je fais n’importe quoi avec toi…
— Parfait ? Non, loin de là. Mais j’ai vraiment envie d’être là pour toi parce que tu en as besoin. Parce que je veux que tu sois heureuse. Parce qu’après tout ce qui t’est arrivé, tu as le droit à un peu de réconfort et à beaucoup de bonheur. Et, égoïstement, parce que moi aussi, j’en ai envie. Alors, tu viens ? Tu ne m’abandonnes pas à nouveau ?
— Je viens, oui. Merci, et je t’assure : juste parfait.
Elle ponctue sa phrase d’un nouveau baiser avant de prendre ma main et de m’entraîner jusqu’à sa chambre.
— Chez toi ou chez moi ? me demande-t-elle avec un léger sourire.
— Chez moi, autant prendre de bonnes habitudes dès le début, la salle de bain est plus confortable, dis-je, amusé.
— Sauf que mes affaires sont là. Je te rejoins, je me prépare pour la nuit et j’arrive, alors.
Je la regarde refermer doucement la porte et me demande si elle va vraiment me rejoindre. Dans le doute, je me dépêche de retourner dans ma chambre et vais me brosser les dents, priorité des priorités si on passe la nuit à s’embrasser et se faire des papouilles. Je me déshabille ensuite car Miléna n’est toujours pas arrivée et je suis en train d’enfiler un short quand elle entre dans la pièce sans avoir frappé.
— Oh, te voilà déjà. Je suis content que tu sois venue, je me demandais si tu n’allais pas décider de rester chez toi, finalement.
— Je n’ai toujours aucune envie d’être seule, et envie d’être avec toi, si toi, tu veux de moi bien sûr.
— Mais oui, viens donc, indiqué-je en ajustant mon short. Ce serait vraiment une folie de dire non à une jolie femme comme toi qui propose de venir dans mon lit.
Et jolie, elle l’est effectivement, même si je la sens encore fragile et au bord des larmes. Elle a revêtu un petit short noir et un tee-shirt ample rouge, et j’ai juste envie de la prendre dans mes bras. Je vois qu’elle hésite un peu mais je tapote sur le lit à mes côtés pour lui faire comprendre qu’elle doit venir m’y rejoindre. Miléna ne se fait pas prier davantage, vient se glisser sous les draps et s’installe correctement en tapotant l’oreiller avant de se rasseoir. Je la vois glisser ses mains dans son cou avant qu’elle ne dépose son collier sur la table de nuit à ses côtés en soupirant.
— Voilà… Je suis prête pour la nuit, maintenant, murmure-t-elle en jetant un dernier coup d’œil à son bijou avant de se rallonger.
Alors que j’hésite encore sur l’espace que je dois lui laisser, Miléna règle la question en se collant tout contre moi et en posant sa tête sur mon torse nu. Je sens une de ses mains se poser sur mon ventre et je caresse doucement ses jolis cheveux bruns. Alors que je pensais qu’il lui faudrait un peu de temps pour s’endormir, j’ai la surprise de voir sa respiration ralentir et je sens tout son corps se détendre rapidement. Je finis à mon tour par plonger dans les bras de Morphée sans oser bouger de peur de la réveiller.
Rêve et réalité se rencontrent durant ma nuit. Le corps de Miléna pressé contre le mien, mon cerveau s’imagine mille et un scénarios tous moins sages les uns que les autres. Je m’imagine être caressé dans mon sommeil, embrassé. J’ai l’impression de sentir ses lèvres dans mon cou, sur mon torse, sa langue venir jouer avec mon téton alors que sa main caresse mon bas ventre sans oser s’aventurer plus bas tandis que je n’attends que ça. Miléna murmure mon prénom avant de m’embrasser tendrement, et je sens son corps venir recouvrir le mien délicatement tandis que sa main caresse mon visage.
— Maxime… Max ? Réveille-toi…
Elle ondule avec une lenteur aussi agréable qu’insupportable contre mes hanches, et je sens sa poitrine nue se presser contre mon torse. Tout ça paraît tellement réel que j’ai vraiment l’impression de sentir ses fesses entre mes mains lorsqu’elle attrape ces dernières pour les y poser.
— Maxime, bon sang, je te pensais pas du genre passif, pouffe-t-elle dans mon cou, me faisant ouvrir les yeux brusquement.
La première chose que je vois, ce sont ses tétons qui se trouvent juste devant ma bouche. Mes mains se mettent à caresser ses fesses toutes aussi nues, réveillant immédiatement chez moi toute l’envie accumulée depuis des mois. Je ne suis vraiment pas en train de rêver et je réalise la chance que j’ai maintenant que j’ai compris qu’elle s’est entièrement déshabillée et qu’elle est clairement bien excitée.
— Je vais te montrer si je suis passif, moi, dis-je en la repoussant afin de me retrouver sur elle.
Je retire rapidement mon short afin qu’elle puisse constater à quel point je la désire et j’adore comme elle se mord la lèvre en voyant mon sexe si fièrement dressé. Je l’admire quelques secondes, incapable de bouger tellement elle est magnifique. Nous nous embrassons alors que ma main vient vérifier à quel point elle est déjà trempée. Elle pousse un léger gémissement quand mon doigt la pénètre, ce qui m’encourage à poursuivre mon exploration poussée. Je ne résiste pas à la tentation qu’elle représente et ma bouche vient lécher et mordiller ses tétons dressés. Sa main s’est emparée de ma hampe qu’elle tire inexorablement vers elle. Que c’est excitant de la sentir ainsi m’utiliser pour se caresser.
— Attends, Miléna, pas si vite, il faut que je mette un préservatif, non ?
J’essaie de rester raisonnable alors que mon sexe glisse le long de son intimité, à la limite de s’insérer à chaque ondulation de sa part. Ses gémissements sont profonds et intenses et je suis au bord de craquer.
— Tu en as ? Parce que je… J’ai un implant, et je n’ai jamais fait sans préservatif. Je… Mince, je n’ai pas du tout pensé à ça, pardon.
— Moi, je me suis fait tester après l’histoire avec ma femme. Et je suis clean. De toute façon, j’ai trop envie de ça.
En parlant, je me suis positionné contre elle, et je commence à appuyer doucement. Je sens ses lèvres intimes s’ouvrir peu à peu et elle m’accueille en retenant son souffle. La sensation est divine et je reste un instant immobile au fond d’elle, avant de me pencher et de l’embrasser à nouveau. Nos langues jouent ensemble et je la sens presser sur mes fesses pour commencer à bouger. Je fais d’abord mine de résister, mais la tentation est trop forte et l’attente de ce moment a été trop longue. Je commence à aller et venir lentement pour profiter de toutes les sensations sur mon sexe trop longtemps privé de tels plaisirs. Le ballet que nous entreprenons est magique, j’ai l’impression qu’elle devine la moindre de mes envies, le moindre de mes mouvements. Je ne fais plus qu’un avec elle et je la sens s’agripper à mes épaules afin d’accélérer notre étreinte. Elle gémit de plus en plus fort et je ne peux retenir mes râles. Emporté par ce plaisir trop longtemps refoulé, je ne peux retenir l’orgasme qui s’empare de moi. Je jouis en prononçant son prénom encore et encore. Je sens toute ma semence se répandre en elle. Sa main se pose alors sur son clitoris qu’elle se met à caresser vivement, profitant des coups de reins que je continue à lui administrer. Quand à son tour la jouissance la saisit, tout son corps se tend sous le mien et elle étouffe son cri de plaisir en enfouissant sa tête contre mon torse. Que c’est bon de la sentir ainsi se contracter sur ma verge tendue. Que c’est bon de s’être enfin retrouvés et d’être allés jusqu’au bout de cette passion qui risquait de nous consumer.
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