Etrange promiscuité
La pièce où nous dormons tous deux est plongée dans une pénombre dont on ne sait pas s'il s'agit de la nuit, ou du simple fait que les rideaux soient tirés en permanence. Mais il semblerait que le jour pointe déjà, obligeant mes muscles à reprendre de leur vigueur tandis qu'ils se trouvent encore engourdis par un rêve des plus absurdes. Je me plaisais, dans ce rêve. Nos pattes entrelacées se desserrent, l'enveloppe de chaleur s'évapore entre nous et une sensation de moiteur qui amène des souvenirs agréables persiste alors. Avant moi tu t'étires, pupilles dilatées, empli d'une souplesse délicate et forte à la fois, et je te regarde quitter notre couche sans un mot, te déplaçant agilement le long du lit. Arrivé au milieu de la pièce tu t'arrêtes, et m'adresse un regard que je peine à interpréter correctement. Ta tête bouge imperceptiblement, lentement et tu te retournes pour te diriger vers la porte mais dans mon esprit j'ai photographié ce regard aguicheur et craintif à la fois, comme si tu m'invitais, rôdant toutefois sans pouvoir hélas t'approcher davantage.
J'aimerais pouvoir moi-même briser ce périmètre de lointaine promiscuité qui nous laisse cohabiter, à la manière de deux étrangers familiers. Lorsque j'émerge parfaitement tu es déjà parti, je ne sais où mais il m'est inutile de le savoir.
Je suis au courant de tes allées et venues, ô toi le chat qu'on n'apprivoise jamais totalement, et qui se souvient, laissant son odeur partout où il passe, des endroits qu'il a imprégnés de son aura pour y revenir plus tard.
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