Un ciel presque sans nuage.
Encore une fois le jour se levait sur un village dont le nom n'a que peut d'importance. Le coq chantait comme à son habitude alors que la lumière éclairait la plaine du Sud d'Heyrague. Les villageois s'en allèrent au travail, vacant à leur occupation.
Au milieu de cette agitation se trouvait un homme, pas particulièrement talentueux dans quoi que ce soit, pas spécialement unique. Son nom est Thierry Lemonnier, cet homme avait déjà les cheveux grisés et la peau ridée par l'âge. Et aujourd'hui fut sans doute le jour le plus spécial de sa vie, celui où elle se finit.
Comme à son habitude, il se rendit à son champ, un champ qu'il cultivait seul pendant que sa femme, Manon s’occupait de leur maison, seul. Ils n'avaient jamais eu d'enfants, et on ne peut pas particulièrement dire qu'ils ont essayé.
Thierry vaquait à ses occupations de paysans, qui ne manquaient pas, surtout pour lui. Ses cultures étaient en train de mourir, bien qu'il est consacré sa vie à ses plantations, jamais elles ne se sont vraiment épanoui et ça allait en se dégradant depuis quelque temps alors Thierry donnait toute son âme au dans son travail, même si, de l’extérieur, cela semblait loin de la vérité.
Vers la fin de sa journée de travail, Thierry vit que des nuages annonciateurs d'orages pour la nuit, semblaient venir en direction du village. Le fermier resta immobile un moment en les regardant. Thierry a toujours aimé la pluie, mais ce nuage était différent, il l'effrayait et absorbait le peu d’énergie qu'il avait à donner. Il reprit cependant son travail en lançant de temps à autre de longs coups d’œil aux nuages.
La nuit n'était pas encore tombée, mais c'était tout comme. Le ciel était opaque, parsemait d'éclair et de tonnerre qui jouait à un jeu de rythme avec la pluie.
Thierry était rentré, il mangeait une omelette en compagnie de Manon qui l'avait préparé avec amour pour son époux. Thierry avait fini de manger et regardait le vide d'un air pensif, ou éteint, suivant comment on voyait les choses. C'était un état qui iniquité beaucoup Manon, du moins au début. Au fil du temps, elle avait compris que ça ne servait à rien de demander « comment tu vas ? »ou de montrer sa compassion en disant « si il y a un problème tu peut me le dire » car, quant il était comme ça, la seul réponse qu'il était apte à lui donnait était un long silence, ou un soupire, dans ses bon jours.
Manon avait tout de même décidé qu'elle se devait de faire part de ses doutes et avait déclaré à son mari :
- Il va falloir qu'on trouve une solution, jusque ici nos poules et nos réserves nous permettent de tenir bon, mais j'ai peut que d'ici l'hiver notre grenier soit vide, et à ce moment la...
Elle avait étranglé la fin de sa phrase ne voulant prononcer toutes ses pensées à voix haute. Son époux n'avait pas réagi.
- s'il te plaît. Dis quelque chose. Dis-moi que tu vas essayer quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. Dis-moi que tu vas t'occuper à plein temps de nos poules, faire de l'élevage, ou encore travailler avec quelqu'un, vendre ses terres sur lesquelles rien ne pousse...
Thierry avait relevé la tête et répondit sèchement.
- hors de question de me séparer de mes terres.
- d'accord, mais il faut faire quelque chose. Avait affirmé Manon, lacée, qui avait l'impression que son mari n'écoutait que ce qui l’intéressait.
- je ferais pousser quelque chose. Rétorquât Thierry.
- ça fait des années que tu me répètes ça, mais rien ne pousse jamais.
- J'y arriverais. Répondait-il obstiné.
- pourquoi ? Questionnât Manon
- pourquoi. Répétât Thierry d'un ton neutre
- oui, pourquoi tu continues à tout donner pour ton champ qui ne donne jamais rien ?
- parce que... Thierry laissa sa phrase en suspens.
- parce que... insista Manon
- Parce que je n'ai que ça. Finit-il par dire. Je n'ai jamais eu que ça. Je sais très bien que rien ne pousse ici, que je ne ferais sans doute jamais rien de ces terres, mais si je continue, c'est pas parce que j'y crois, c'est seulement parce que c'est la seule chose qui fait que je me donne encore la peine de me lever le matin. Thierry avait fini par craquer, sa voix était tremblante et ses yeux se gonflèrent. Sa femme fut surprise, mais voulut tout de même l’enlacer, mais il ne lui laissa pas le temps et sortie sans prendre la peine de mettre une cape sous la pluie torrentielle.
Thierry n'avait pas marché depuis cinq minutes qu'il était déjà trempé jusqu'à l'os. La pluie lui dégoulinait de la tête au pied imbibant ces vêtements qui était aussi mouillé que la peau de ses joues. En revanche, à ce niveau-là, l'eau avait un goût salé. Ça ne se voyait pas, mais les larmes lui coulaient sur le menton tout autant que les gouttes d'eau et le désespoir coulait dans ses vaines tout autant que le sang. Un désespoir profond, qui avait commencé à l'infecter il y a de ça des décennies.
À l'époque où il était jeune, Thierry passait ses journées à aider son père, il aimait passer du temps avec lui et quand il s'est fait vieux, Thierry était là pour prendre soin de lui en faisant de son mieux pour répondre au besoin de sa famille grâce à leurs terres. Malheureusement, déjà à l'époque, les ressources que donnaient les cultures étaient limitées. Il avait beau vendre tout ce qu'il pouvait produire, son père finit par mourir faute de traitement, le traitement pour lequel Thierry économisait.
Thierry avait passé sa vie à faire de son mieux pour que son père soit fier de lui, il avait épousé Manon, car c'était la volonté de son père de voir son nom proliférer. Et il a continué à travailler dans le champ qui appartenait autre fois à son père, car c'est là qu'il avait le plus de souvenir en sa compagnie, se répétant que la mémoire de son père subsistera de génération en génération à travers celle-ci.
Malheureusement, les choses ne se sont pas passé comme prévu. Jamais ces terres ne sont devenues une oasis prospère, ainsi, jamais Thierry et sa femme n'avait pu en profiter et il ne s'était donc jamais donné la peine de faire d'enfant.
Aujourd'hui, Thierry s'approchait dangereusement de l'age qu'avait son père quand il est tombé malade, le champ était en moins bonne état que quand son père le lui avait légué et Manon avait abandonnait l'idée d'avoir des enfants avec son mari, ils ne pourraient de toute façon pas subvenir à ses besoins.
Thierry ne savais que faire, rien ne lui a jamais plut en dehors de ses cultures. Pourtant, il avait donné sa vie dedans, mais rien n'y faisait. Cela faisant des années qu'il s'en était rendus compte mais il ne voulait pas abandonner. Du moins jusqu'à maintenant, il était fatigué, fatigué de tout donner pour rien. Quand Manon lui à balancé la vérité en pleine figure, il l'a compris et quelque chose s'est brisé en lui.
Il ne s'en était pas rendu compte tout de suite, mais il finit par remarquer que l'orage avait avancé jusqu'à lui. Pendant une seconde il pensa à l'éventualité que la foudre le frappe, et ça lui plut.
Il sortit finalement de ses pensées se disant qu'il ne pouvait pas rester là. Mais que devait-il faire ?
Pour évacuer sa frustration, il hurla, de tout son être. Et alors que son cri perçant résonnait dans le bois, la foudre le frappa belle et bien.
Thierry sentit que son corps était léger. Malgré le fait qu'il ait les yeux fermé, il ne voyait qu'un blanc opaque. Il finit par ouvrir ses paupières mais ne vit rien de plus que ce qu'il voyait jusque là. Il réalisât alors que tous ses sens était aussi éteint que sollicité de tout côté. Pour lui, les choses étaient claires, il est mort.
Il se refit le filme de sa vie de façons très décousue, en mélangeant le début et la fin, son enfance et son travail, la mort de son père et la dispute qui l'avait mené ici... Une voix, qu'il était convaincue de connaître se mit à lui parler.
- dis-moi, quel est ton plus grand rêve ?
Cette voix était grave, rock, mais aussi très tendre. Thierry était persuadé de savoir de qui il s'agissait mais il ne trouva pas, ses pensées s'étaient orientées vers son rêve. Il s'imaginait avoir transformé les terres sans vie que son père lui avait légué en un jardin luxuriant. Il n'eut pas à répondre à la question de l’étranger qui lui semblait ne pas pouvoir moins l'être qui répondit à sa pensée.
- je vois. Je peux t’offrir ce que tu veux, si tu es prêt à accepter mes conditions. Es-tu d'accord ?
Les précisions exactes de ses contre-parties lui apparurent clairement dans son crâne, mais il n'en avait que faire. En réalité, son esprit était comme contrôler, pour qu'il ne puisse comprendre ce que cela signifiait. Il n'était pas non plus complètement lui-même quand il répondit.
- Oui.
Thierry reconnut finalement la voix, c'était celle de son père.
- THIERRY !! Hurlait Manon devant sa porte, grelottante à cause du froid malgré la laine quelle avait sur les épaules.
Peu de temps après qu'il soit partit, elle s'en était voulue de lui avoir parlé comme ça. Cela faisait bien longtemps qu'elle trouvait que son mari ne semblait pas être dans son assiette, mais comme il n'a jamais jugé bon de lui en parler, elle a fini par laisser tomber l'idée de pouvoir l'aider.
Elle ne voulait pas de cette dispute, elle ne voulait simplement pas d'une mort dans la misère et cela fait bien longtemps qu'elle avait compris qu'elle ne pouvait pas compter sur Thierry pour ça. Manon s'était donc mise en action pour lui permettre une fin de vie tranquille, à elle, et aussi à son époux. Elle connaissait toutes les familles du village et savait sur lesquelles elle pouvait compter pour n'importe quelle situation. Manon avait aussi, de nombreuses fois, eut l'occasion de tisser des alliances commercial, mais le fait qu'elle n'ai aucune ressource ne lui a pas permit d'y arriver à terme.
- Thierry... revient... Se lamentait-elle.
Elle vit soudain, du coin de l’œil, un mouvement et tournât la tête dans sa direction. Il y avait la une silhouette sous la pluie. Manon vit tout de suite qu'il ne s'agissait pas de celle de Thierry et finit par comprendre qu'elle appartenait à sa voisine, attirée par les cris. Elle n'était pas seule, son mari et son plus vieux fils était là aussi.
- Que t'arrive-t-il ? La questionna-t-elle.
- C'est Thierry. Répondit Manon. Il est parti je ne sais où et je commence à m'inquiéter.
- Seul ? Fut surprise son amie.
Manon ne répondit pas mais cela suffisait .
- Je vois, nous allons t'aider à le retrouver. Déclara l'homme.
Manon reprit confiance, elle était aimée du reste du village, en soit, si son mari disparaissait, elle savait qu'il y aurait toujours des gens en qui elle pourra avoir confiance.
Elle s’apprêtait à remercier ses voisins qu'en un éclair frappât la place du village. Il provoqua une explosion sonore, qui projetât des débris en tous sens.
Tous les quatre se regardèrent un instant, puis une second éclaire frappa, au même endroit, mais fit bien moins de bruit et ne provoqua aucune explosion. Timidement, le groupe se dirigea vers l'endroit où la foudre avait frappé. Des petits éclairs continuaient de s’abattre dans la zone, il ne semblait pas faire plus de dégâts que ce qu'il y en avait déjà, des flammes commencèrent malgré tout à s'élever, mais Manon compris vite qu'il avait été causé par le premier éclaire.
Quand Manon arrivât sur la place du village, avec son groupe elle fut sous le choc d'y trouver son mari au centre des flammes, recevant des éclairs les uns après les autres. Il avait la tête baissé, le regard vide, il était torse-nu et son pantalon avait raccourcie, il avait été brûle. En revanche, Thierry, lui n'avait rien, aucune brûlure, il restait debout malgré le fait que la foudre continuait de s'abattre sur lui.
La foule s’amassait au tour de la place sans pour autant s'y aventurer, les villageois restait à l'écart entre les flammes et les bâtiments.
Au bout d'un moment, Thierry leva la main vers l'endroit où la foule était la plus dense, toujours avec es regard dans le vide. Manon vit s'abattre, sur la foule deux éclairs, l'un venant du ciel, et l'autre de la paume de la mains de son époux. En un instant, les villageois qui se trouvaient à cet endroit furent transformés en cendre. Tout était allé très vite, trop vite pour que Manon ne vît, qu'en réalité, il y avait d'abord eu l'éclair sortant de la main de Thierry et que l'autre n'était venu qu'après.
Les premiers cris n'eurent pas le temps de s'élever que des éclairs, partant de Thierry, allèrent dans toutes les directions pour frapper tous les villageois, sauf Manon. Sa voisine, son voisin et leur fils s'étaient écroulés sur le sol, à l'image de toutes les autres personnes qui, il y a encore quelques secondes, était vivants. Manon était paralysée par la peur, ne comprenant pas ce qui lui arrivait.
Thierry, toujours avec ses yeux fixés sur le som, fît pivoter son corps en direction de Manon, il leva son pied gauche, doucement, et quand sa pointe entra en contacte avec le sol c'était son pied droit qui se posât, devant Manon, leur tête à quelques dizaines de centimètres l'une de l'autre.
Manon était choquée de ce qu'elle venait de voir, son mari avait tué toutes les personnes qui se trouvaient ici en utilisant la foudre, et maintenant il avait traversé plus de vingt-cinq mètres en un claquement de doigts. Qu'était-il arrivé au Thierry qu'elle avait connu ?
À cette distance, Manon put voir les yeux de son mari, et ils n'étaient pas vides, mais au contraire remplis d'une lueur bleutée, grésillante, ce qui la surprit encore plus.
- Pourquoi, ne t'ai-je pas tué ? Demandât Thierry sur un ton semblable à celui d'un enfant qui demandait pourquoi le ciel était bleu.
Manon restait figée, ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Elle comprit tout de même que son époux, ou du moins ce qu'il y en restait, mettait actuellement sa vie en danger. Pourtant, il ne l'a pas tué, elle, alors que le reste du village était en train de disparaître à cause de lui. Elle tenta finalement de coup.
- je suis ta femme Thierry. Réussit-elle à dire malgré la peur.
- je vois. Répondit son mari de façon très neutre.
Manon avait l'impression de se détendre, et se dit qu'elle avait peut-être une chance de survivre si elle touchait le cœur de Thierry.
- Je suis désolé. Reprit Manon. Je ne voulais pas qu'on se dispute. Écoute, je t'aime, et je veux finir mes jours à tes côtés. Je rêverais que tous les deux, nous puissions fonder une famille mais si tu n'es pas d'accord, il n'y a aucun problème, laisse moi juste t'aimer, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Manon espérait avoir suffisamment joué sur les sentiments de Thierry pour qu'il la croie et que cela stop ce qu'il a commencé. Malheureusement, Thierry finit par lui répondre.
- Je crois que tes souhaits entrent en contradiction avec les miens. Désolée, il est temps pour la mort de nous séparer.
Manon n'eut pas le temps de comprendre le sens de ces paroles que le foudre la frappât en plein cœur. Elle n'eut pas le temps de souffrir. Elle avait rejoint ses voisins, face contre terre.
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