Réponse à "Fleur sous le pied"
de
Pierre Festin
Bonjour vicomte, entrez, merci d’être venu.
Jetez là votre habit. Je vois à votre mine
Qu’il me faut expliquer le billet farfelu
Que l’on vous a porté : ma gaité crie famine !
Que me chantez-vous là ? Vous qui riez d’un rien,
Que tout mot diverti pourvu qu’il soit habile.
Au final mon esprit plutôt aérien
S’alourdit de vos soins, de votre amour docile.
Puis-je vous amuser d’un joli calembour
Dont chacun au pays se fait un amusoire ?
Gardez vos traits d’esprit pour vos amies du bourg.
Je sais : si nous marchions jusqu’à la patinoire ?
Vicomte, abandonnez tous ces jouets d’enfant.
Nous n’avons plus cinq ans… Oublions ces sottises !
Madame vous savez que mon cœur se défend
D’importuner le vôtre avec une bêtise.
Sans vouloir vous froisser… je vous sais tout à moi…
Parfois votre candeur est ce qui m’importune !
Vos lettres et vos vers depuis bientôt trois mois
M’attendrissent pourtant vous ne cherchez fortune !
Mais c’est faux, j’ai trouvé un précieux trésor
Dans votre esprit mâtin, vous le savez ma muse,
Et ne suis pas fâché si par un coup du sort
Vous délaissez mes vers quand un fat vous amuse.
Une chasse au trésor ! Voilà un jeu pour nous !
Pour cela j’ai caché une fleur tout à l’heure.
Si vous pouvez la voir, promis, elle est à vous !
Un indice important : sur ma peau elle affleure.
Sur votre peau ? J’y suis. Il s’agit d’un dessin.
Que votre esprit est vif ! Commencez votre enquête,
Je vous mets au défi ! Hâtez-vous, son dessein
Est de s’épanouir ! Sortir de sa cachette !
Madame c’est un jeu délicat que voici.
Il égratigne un peu l’amitié qu’on vous porte.
J’essaierai toutefois, mais vous portez ici
Un chiton trop serré pour qu’une fleur en sorte.
C’est justement pour ça qu’on vous a fait venir.
Ce que vous appelez chiton est une robe !
Vous pouvez dans ce jeu, s’il faut, m’en dévêtir
Pour retrouver la fleur. Je sais votre main probe.
Si c’est votre désir, laissez-moi commencer
Au long de votre cou, sous votre chevelure…
Si la fleur n’y est plus, la peau a su garder
Son parfum délicat, plus vivant que nature !
Vous devrez chercher mieux, je ne me laisse pas
Cueillir par le premier dilettante fleuriste.
Faites un peu le tour et venez de ce pas
Exercer face à moi votre don naturiste.
Ce profond décolleté, aussi troublant qu’il soit,
N’arbore point de fleur sur ses flancs de collines.
Décidément monsieur, vous êtes trop courtois,
Tâchez de chercher mieux, de façon plus câline !
Sur vos bras je ne vois nul dessin florissant.
J’ai beau examiner de vos mains la surface,
Vos fragiles poignets, votre bras ravissant,
Tout est fin, délicat, mais de fleur, point de trace.
Certes, je vous l’ai dit, ma fleur craint le soleil.
Elle pousse à couvert, loin des vents et à l’ombre.
Madame s’il me faut suivre votre conseil
Je devrai vous ôter cet habit qui encombre.
C’est cela, ôtez donc, et soyez plus hardi !
Pour dire vrai ma foi, je ne sais… et je n’ose !
Osez car aujourd’hui ce qui est interdit
Devient impérieux !
Périlleuse est la chose
Pour celui qui ne veut égarer sa raison !
Courage ! Dégrafons, puisqu’on me le commande…
Voici donc vos jambes… mais pas de floraison
Sur ces nobles fuseaux à la douceur d’amande.
Persévérez enfin ! Achevez l’examen !
Profitez de la vue, je suis à moitié nue !
Point de fleur sur le dos, ni au creux de vos reins.
Sur vos hanches non plus, pas de fleur à ma vue.
Finissez de chercher je vous prie maintenant !
Vous faut-il un dessin pour venir me la prendre ?
Si je puis en juger ces dessous transparents
Ne cachent pas de fleur, aussi je crois comprendre…
Arrêtez de penser et agissez plutôt !
N’allez-vous point jouir d’une chance qui s’offre ?
Vous en avez rêvé, ne soyez pas mytho !
Venez la ramasser, prenez la clé du coffre !
Madame permettez, d’abord de recouvrir
Votre corps palpitant de ma pelisse noire.
Je sais où est la fleur, sans devoir m’accroupir.
Je perds à votre jeu un prix bien dérisoire.
Dérisoire ma fleur ? Savez-vous qu’on se bat
Volontiers jusqu’au sang pour goûter l’ambroisie
De son cépage neuf ? Vous pouvez sans combat
Y goûter sur ce lit. Assez de courtoisie !
Non, car ma fleur c’est vous, à tout jamais debout,
Redressée sur ses pieds, fière, belle et vivante.
Je vous aime faisant face aux vents et surtout,
Ne veut pas être telle une étoile filante !
Pensez-vous qu’à ce jeu nous aurions tout perdu ?
L’amitié du chaos garderait cicatrice.
Croyez que je maudis ma subite vertu !
Mais vos yeux valent bien…
Un petit sacrifice ?
Table des matières
En réponse au défi
Fleur sous le pied
Le thème est dans le titre
Laissez libre court à votre imagination. Utilisez la forme que vous voulez et la longueur que vous préférez ...
Commentaires & Discussions
Une fleur sous le pied, un sacrifice entête | Chapitre | 6 messages | 3 ans |
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