Il neige depuis une semaine. Près de la fenêtre je regarde la nuit et j’écoute le froid.

Je profite de ces derniers instants de quiétude. Le calme a envahi la maison laissant place à un silence assourdissant. Le médecin a été clair, je suis au terminus de ma vie. C'est la fin et je ne suis pas triste car elle fut belle, bien remplie. Mais l'orgue de la mort a retenti. Il est temps pour moi de quitter ma terre.

Au début, je fus submergé par les émotions, le doute, la colère, la tristesse... Je me suis rendue compte qu'il fallait que je continue de regarder les choses et les personnes qui m'entouraient. Les accompagner à me laisser partir et me préparer à les laisser seuls. Tout au long de mon existence j'ai pu cultiver ma largesse d'esprit. Celui-ci m'aide beaucoup en ce moment pour surmonter cette épreuve.

Je regarde donc par cette fenêtre et j'admire tout ce qui peut être admiré dans cette circonstance bien singulière. J'ai été contaminée et aucun remède ne me sauvera, j'en ai pleinement conscience. Il faut que je prépare la suite. Je prends une feuille, un crayon, mes lunettes et ravale toutes ces larmes qui pourraient arriver. Je ne suis pas triste de devoir partir, je suis triste de les laisser. Je ne participerai plus à toutes ces occasions qui nous faisaient nous réunir. Mes petits enfants grandiront sans moi.

Qui s'occupera de mes fleurs ? Elles qui sentent si bon au printemps, laissant une odeur flottante dans le jardin annonçant l'arrivée de l'été.

Je continue d'écrire ma lettre pour mes chers enfants mais je me sens faible, ma main tremble.

J'ai peur.

Mon corps va fléchir, j’aperçois mon futur.

Il faut que je vous abandonne.

Adieu mes chers amis et merci.