Le fardeau d'un nom de famille
Je vais vous raconter l'histoire d'un petit garçon dont le malheur fut de porter "Gay" pour nom de famille.
Il était d'une gentillesse à toutes épreuves, et il eut une enfance heureuse... Puis il a eut 11 ans et est entré au collège. Là, les choses ont brutalement changées pour lui.
Les autres élèves de son école commencèrent à le traiter de pédé, de sale homo... Le jeune garçon ne comprenait pas ce que cela voulait dire, il était encore naïf et ne prêta guère attention à ces remarques, il ne les considéra même pas comme étant des insultes.
Les brimades devinrent plus fréquentes, et le jeune garçon comprenait à présent le sens de toutes ces injures. Il le vécu très mal.
Dés son arrivée dans la cour il subissait ses avanies quotidiennes, elles se poursuivaient jusqu’au soir et étaient devenues un douloureux quotidien, avec lequel il dut apprendre à vivre.
Le jeune garçon avait bien essayé de se révolter, il en avait assez d’être gentil, trop gentil, et il en vint aux mains. Cette brève incartade à son rôle lui valut d’être châtié en conséquence par tous ses tortionnaires : Il revint chez lui habillé d’hématomes, et récompensé par une heure de retenue.
Sa mère s’énerva de sa conduite, c’était la première fois que son fils était sanctionné à l’école. Seulement elle ignorait les motivations du jeune garçon, elle ignorait pourquoi il s’était montré violent pour la première fois de sa vie, et il se garda bien de l’en informer. Le jeune garçon ne voulait pas parler de son enfer à ses parents, à tord ou à raison il en avait honte.
Le lendemain de sa brève révolte, les brimades reprirent de plus bel et se firent plus virulentes.
Ces années au collège furent pour lui un véritable calvaire, elles firent de lui un homophobe et un solitaire. Il trainait toujours avec trois autres garçons, certains les appelleraient « amis », mais le jeune garçon ne les considéra jamais ainsi. Pour lui c’était l’unique solution pour ne pas être seul, ils étaient un moindre mal car ils se montraient moins moqueurs et violent que les autres.
Le jeune garçon aurait put plaire aux filles, il n’était pas repoussant, mais sa condition faisait qu’il n’avait pas confiance en lui. Qui plus est la plupart riait de ses mauvais traitements, ceux qui ne s’amusaient pas à l’insulter devinrent bien rares, et les demoiselles furent bientôt celles qui encouragèrent les garçons à s’en prendre à lui.
Lors d’une journée vie de classe, la classe du jeune garçon dût se diviser en groupes de huit élèves. Evidemment le jeune garçon se retrouva tout seul, et il ne restait une place que dans un seul groupe. Ils ne l’accueillirent qu’à contre cœur, le jeune garçon se souvient encore aujourd’hui de ce qu’avait dit Charlotte l’une des filles de sa classe : « Oh non pas lui ! ».
Vous me direz que ce n’est pas grand-chose, que ces quelques mots ne peuvent pas blesser, et pourtant… Le jeune garçon se dit qu’une fois de plus on ne voulait pas de lui, encore une fois, bien qu’entouré de « camarades » de classe, il se sentait atrocement seul.
Seulement le jeune garçon était gentil, trop gentil, et ne sut dire non lorsque Charlotte lui demanda de lui prêter un stylo, ou lorsqu’une autre fille de sa classe lui demandait un service : Il nourrissait toujours l’espoir de pouvoir leurs plaire. Il ne sut dire non aux brutes de sa classe qui lui demandèrent de leurs montrer sa copie lors d’une interrogation, il écopa à cette occasion d’une nouvelle heure de retenue et d’un zéro à son contrôle.
Puis les années passèrent, les brimades disparurent, le jeune garçon se rendit compte qu’il n’était pas homophobe mais qu’il avait simplement honte de son nom de famille. Il se surprit même à dissimuler son nom quand il le pouvait, se renseigna sur la manière de le changer. A 25 ans aujourd’hui, malgré une carrière professionnelle réussie, bien qu’il se soit trouvé de véritables amis après des années de solitude, malgré qu’il eut une thérapie auprès d’un psychologue, il est toujours traumatisé par cette époque de sa vie. Sa vie amoureuse se résume à quelques histoires rien de plus, car au fond de lui il n’a jamais réussi à avoir confiance en sa personne, jamais il ne s’est dit qu’il pouvait plaire. En son âme et conscience il sait que ces années infernales au collège en son la seule et unique cause.
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