Chapitre 10
Le décor était différent, seuls des hommes saouls étaient là. L'accès était interdit aux filles à l'autre sexe à ce qu'il paraissait. J'étais fière d'être la seule fille à être là, mise à part la serveuse presque nue qui tournait avec ses cocktails
Non, je n'étais pas dans un club strip-tease!
Je montai sur le ring sous des yeux interrogatifs surpris, d'autres amusés et d'autres déçu plus nombreux.
On a surement parié sur ma perte. J'ai forcément rassemblé un tas de sponsors sans le savoir, dès entrée. Depuis ce jour là, il me faudrait quelqu'un pour amasser le tas d'argent des paris sur ma perte.
L'arbitre, qui n'est rien d'autre que la serveuse dénudée m'apprit les règles: toute technique est autorisée. Elle me siffla vers la fin:
_ Veille à ne pas être massacrée, gamine!
Les papiers verts circulaient dans les alignées de spectateurs. Je gagnerais une fortune si je laisse ce puceau gonflé aux protéines artificielles gagner. L'argent, j'en ai déjà des tas. Ce n'est pas ce qui m'apporte dans un tel endroit.
Le début annoncé, mon adversaire fit le tour du ring.
Mise en position de garde, j'accumulais les coups qu'on m'asséna. Les cris des spectateurs désappointés heurtaient ma ouïe fragile. Mon adversaires me traitait de tout les noms péjoratifs qu'ils connaissait.
J'esquivai. Je guettais. Je donnais des coups.
Durant tout ce temps de combat, j'analysais les mouvements de mon rival, je ciblais les endroits faibles de son corps.
Il baissa sa garde en un moment d'inattention. C'était le temps de jouer ma carte gagnante. C'était le temps de construire MA boxe.
Je fis instinctivement une parade pour bloquer un directe dirigé vers mon visage, puis je déséquilibrai mon adversaire grâce un enchaînement de boxe.
Maintenant que je le cadrais, je lui lâchai un uppercut qui va directement offenser son menton. Je reculai un peu sans casser la distance de pressing entre nous.
Je lançai encore une fois un jab (enchaînement de direct qui sert plus à perturber qu'à endommager). J'esquivai un crochet droit, m'inclinant un peu pour laisser échapper un direct droit vers le visage. Je fis le tour de square attendant qu'il se lève, mais vu qu'il tardait un peu, je le poussai à reculer malgré lui vers le milieu du ring à l'aide l'un Front-Kick. Un direct m'échappa. Il fallait me ressaisir, je ne suis pas là pour tuer des gens.
Les regards des spectateurs ont changé de direction. En cet instant, ils lançaient des regards apitoyés vers le bruns cambré de douleur au milieu du ring. Certains criaient, d'autres chamaillaient la serveuse qui ramassait l'argent de leurs paris, et qui refusait de leur rendre leurs papiers. Certains m'admiraient, alors que dans les regards d'autres, transperçait la haine.
Pour finir, je lui sortis un Hich-Kick qui le mit K-O.
Frustrés, les spectateurs qui ont voté pour l'évanoui râlaient dans leurs coins. Je desserrai ma queue de cheval en quittant le square, sans enlever mon masque.
J'ai reçu ma dose d'adrénaline pour cette nuit, et j'ai oublié la cause de mon arrivée là: ma colère envers Carla ma meilleure amie.
Le mexicain qui veillait sur l'entrée me regarda bêtement avant de marmonner des mots insaisissables, qui ne reçurent en guise de réponse que le claquement de la porte en fer.
La brume s'était intensifiée depuis mon arrivée. Les bâtiments étaient ensevelis dans une couche épaisse de brouillard comparable à celle qui enveloppe mon cœur.
J'avais une faim de loup, je n'allais pas arriver à la maison que levé du jour, et les sous que j'avais s'étaient évaporées pour rentrer au "DoberMan Basement".
Je savais que je n'étais pas seule sur cette route, je sentais des pas derrière moi, je ralentis ma cadence et au moment où je me tournais pour en assénant un coup de pied, le même adversaire l'esquiva en rigolant:
_Tu n'es pas satisfaite? Les coups que tu m'as donné ne t'ont pas suffi askip.
_ C'est le jeu qui impose! Tu n'avais qu'à ne pas te mettre devant moi.
_ J'aurais droit à une revanche, n'est ce pas?
_On reprend maintenant? ironisai-je.
_ Non! Maintenant, on bouffe, on discute, et on se barre, proposa-t il.
_J'ai pas le droit de refuser, n'est ce pas?
Il hocha le tête en guise de réponse. Je n'allais pas refuser en tout cas, mon ventre se tordait de faim, mes poches sont vides, et j'attendrais le jour pour rentrer chez moi... A PIEDS.
_Où est ce que tu as appris à combattre comme ça? demanda-t il dès entrés dans un bâtiment très proche.
_Los Angeles... Je me tire moi. Où est ce que tu m'emmènes bordel?
Il me tirait par le bras, vers le haut du bâtiment. Nous dévalions une bonne dizaine d'escaliers qui menait vers le toit en courant.
Comme si le combat ne m'a pas suffisamment essoufflé!
_ Lâche moi! Mer...
Ma voix se coupa face au paysage, toute la ville paraissait d'ici. Les maisons dont les lumières étaient allumées à cette heure tardive et l'ensemble des guirlandes dispersés ressemblaient à un groupe de lucioles volantes dans la nuit.
J'avançai vers le coin, où je passai des minutes à contempler la vue qui s'offrait à moi.
_ Je vais t'embrasser.
Annoncé, fait. Je n'eus même pas le temps de le contredire.
_ Comment tu t'appelles?
_ Rien!
_ Tu vas pas me dire?
Je hochai la tête, signe de refus.
Il me porta comme un sac patate vers le bord du toit où un seul mouvement vers le devant m'enverrai directement vers le bas, puis vers le cimetière.
_ Comment t'appelles tu?
_ Azure, murmurai-je, tremblante.
_ Plus haut.
Je répétai mon nom un peu plus haut.
_ Je n'arrive pas à t'entendre.
_ Azure, criai je. L’écho me revint, et il m'aida à revenir derrière la barre.
Annotations