Passions éclairées
Mon amour, mon bien-aimé,
Sais-tu combien il est douloureux d’aimer dans l’inattention ?
Ce matin, je me suis levée en pensant à toi, tout comme je m’étais endormie. Cela fait une semaine, déjà, que ton absence me préoccupe. Une semaine déjà que je n'ai pu regarder tes yeux, que mes doigts souffrent de ne pouvoir danser à nouveau sur ton visage. Mon bien-aimé, je me dois d'être lucide : je suis tombée d'amour, il me faut m'en aller. Bientôt je partirai, simplement, j’aimerais prendre le temps de voir s'effacer ces instants à tes côtés avant d’y renoncer, définitivement.
Cesse de parler. Aucune concession ne vaudra la sincérité qu’aurait été ton désir de t’oublier pour moi. Puis sais-tu combien il est douloureux de t’entendre t’excuser ? Peut-être ma tristesse te désole-t-elle, mais je refuse de t’en voir désolé. La différence est là essentielle : la voix passive traduit notre impouvoir, excuse la culpabilité.
Je ne connais que trop bien l'impuissance, mon amour. Je sais combien nul ne maîtrise les modalités d’existence d’autrui, relègue si facilement mes joies au rang d’un contrôle leurré, mais non cette fois. Cette fois, je refuse l'abnégation. Alors si tel est ton besoin, va-t'en donc passer librement à côté de la vie. Moi je m’en vais en jouir, avec ou sans toi.
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