Tournant de nouveau le regard vers l’écran, je constate que durant notre conversation, Eva et le succube se sont levés. Ils se dirigent vers un immeuble de l’autre côté de la rue. Eva bout de désir, elle a du mal à suivre tellement elle tremble d’envie. J’en ai mal pour elle. Je les vois pénétrer dans l’établissement, le succube charme la femme à l’accueil d’un regard pour qu’elle lui donne une clé de chambre et entraine Eva derrière lui.

Je ne comprends pas la colère qui enfle encore plus quand je les vois entrer dans une chambre et se sauter dessus à peine la porte refermée. Je ne comprends pas cette rage qui semble vouloir me dévaster alors que, nus maintenant, il se lancent dans une orgie de sexe. Je ne comprends pas cette envie de tuer qui m’emplie avec les cris de jouissance d’Eva sous les coups de reins du succube. Je ne comprends pas non plus cette soudaine tristesse qui casse la colère quand je vois le succube quitter la pièce alors qu’Eva pleure doucement sur lit.

Je ne comprends pas cette envie de meurtre lorsque mes yeux plongent dans les siens pour sonder son esprit et que j’y découvre ses pensées. Cette honte d’elle même d’avoir encore une fois cédé à ses instincts, cette tristesse en pensant à un certain Fabien et l’amour qu’elle a pour lui. Elle pleure le plaisir qu’elle a eu parce que ce plaisir pourrait faire du mal à cet homme. Elle enrage de ses envies qu’elle ne peut maitriser et qui pourraient détruire Fabien. Ses pensées sont entièrement dirigées vers lui, vers cet homme qu’elle aime de tout son être. A aucun moment elle ne pense à elle, juste à lui et à leur amour.

Et moi, je dois libérer cette rage, la laisser sortir avant qu’elle ne me consume. Je viens de comprendre qui est cette femme, et il me faut rétablir l’équilibre.

Je lève la tête vers Bel, et le regard que je lui lance le surprend. Il recule.

— Je ne veux plus te voir intervenir dans la vie de cette femme Bel.

Ma colère est froide, dure, et elle alimente un pouvoir qui grésille autour de moi, faisant onduler mes longs cheveux blonds. Mais Bel n’est pas quelqu’un d’impressionnable, il réagit vite.

— Et quoi ? Je fais ce que je veux.

La puissance de son pouvoir augmente autour de lui. Mais ce n’est pas de la rage que je lis dans ses yeux, c’est de l’amusement. Il ne comprend pas qui elle est, et cette incompréhension alliée à ce ridicule sourire me fait lâcher la première attaque. Mon pouvoir fuse dans sa direction, pointe de rage glacée. Dans un rire, il contre avec une lame chaude de puissance.

Les dents serrées, retenant mon prochain coup, je lance :

— Ces situations rendent Eva malheureuse, je ferais tout mon possible pour qu’elles ne se reproduisent plus.

En un éclair, Bel redevient sérieux. Il me regarde un long moment et se jette dans l’arène, un sourire naissant à nouveau sur ses lèvres.

— Très bien Gab, alors voilà ce que je te propose. Tu veux la rendre heureuse ? Alors va y, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t’en empêcher.