Le procès
Lorsque mes yeux s’ouvrent je suis assise sur une chaise, dans une salle bondée de monde.
– Silence !
La femme sur l’estrade s’époumone au point que je me demande si elle ne va pas s’évanouir tant elle est rouge.
Chacun s’assoit à sa place. Les caméras, braquées sur moi me mettent mal à l’aise et les flashs des appareils photos m’éblouissent.
Je vois les lèvres bouger mais je n‘entends que le bourdonnement à mes oreilles.
On me pose des questions auxquelles je réponds brièvement. Je me lève, m’assois et me relève à nouveau avant de m’asseoir. Je nage dans un brouillard épais come si j’étais sous médicaments.
Ou est donc passé la guerrière ? Ou est passé cette femme qui avait la vengeance dans le sang, la soif de justice et qu’équité ? Je ne suis pas dans mon état normal. Je repense au repas que j’ai avalé, et à son gout si inhabituel. Qu’importe. Je suis trop las pour réfléchir et trop fatiguée pour être en colère. Je sais pourtant qu’on m’a dupé. Je devrais être folle de rage mais je n’y arrive pas. Et ce bourdonnement qui ne veut pas cesser. Est ce que les autres l’entendent eux aussi ?
Je n’ai rien retenue si ce n’est que je vais mourir. Quand cela ? Demain. Et ça m’est complètement égal. Pendant ces dernières heures de ma vie, je devrais me concentrer sur quelque chose mais sur quoi ? Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus…Je sais que c’est du gâchis mais je vais encore dormir, je n’ai rêvée que de ça tout le long de cet interminable procès.
Je me réveille sortant du brouillard. Je me souviens a peine de ce qui m’est arrivée. Mais je comprends ce qui s’est passé. Je hurle de rage et envoie mon poing s’écraser dans le mur, laissant une trace sanguinolente au passage.
Je sens leurs regards sur moi, elles me juges, me prennent pour une folle et pour que sais-je d’autre. J’ai gaspillé mon temps à dormir au lieu de trouver une solution à ma mort imminente. Je ne veux pas mourir. Je n’ai pas terminé ce que j’ai commencé. Et il est hors de question que je laisse le monde s’en tirer à si bon compte. Trop de choses doivent encore être changés.
Je m’assoie à même le sol et commence à réfléchir. Mais pourquoi est ce si difficile de penser ! Je vois les heures s’égrainer, et je n’ai toujours aucune issue.
Lorsqu’on vient me chercher je suis calme. Je n’ai pas trouvé de solution, pas d’issus ni d’échappatoire. Je n’ai pas pleuré, à quoi cela sert t’il ? Quand je quitte la cellule je ne regarde aucune des femmes qui me dévisagent. Savent t’elles le destin qui m’est réservé ? Se rendent t’elles compte des sentiment qui m’habitent. J’en doute.
Je suis conduite sur la grande place. Les yeux rivés au sol je m’attarde sur le détail des pierres blanches qui le caractérise. Je suis condamnée à mort pour la deuxième fois. J’y ai échappée la première fois mais je sais que cette fois ci il n’en sera rien. Pour être honnête j’ai peur, peur de la mort et de cet état d’inexistence qui s’en suit.
Une marche.
Hélios est en danger et je ne peux même pas lui venir en aide. Il va se retrouver sans famille, seul, abandonné de tous. J’ai plus que jamais envie de glisser mes doigts dans sa toison blonde. On t’ils des écho de ce qui se passe ici, savent t’ils que je vais être exécutée ? Je ne sais pas ce qui est pire pour lui, savoir que je vais mourir ou attendre en vain le retour d’une sœur qu’il ne verra plus jamais.
Deuxième marche.
Mais qu’est-ce que j’ai fais…Ma vie n’est qu’une succession de mauvais choix. Un proverbe dit « La vie est le résultats de nos choix, si tu n’aime pas ta vie il est temps de faire de meilleurs choix ». Je n’ai plus le temps pour cela. Plus le temps pour dire à Doc que je l’aime. Plus de temps pour lui demander de prendre soin des miens. Plus le temps de voir le soleil se lever.
Troisième marche.
J’ai fais promesses que je ne pourrais pas tenir. J’ai dis à Hélios que je reviendrais vite, je ne reviendrais jamais. J’ai promis à Emma que je viendrais les délivrer, je ne pourrais pas. J’avais promis au Clan de me battre jusqu’au bout et je les ai trahis. Je meurs le cœur amer et plein de regrets.
Dernière marche.
A la dernière marche je quitte des yeux le sol et lève le regard vers ce qui m’attends. Un avenir court et sans aucune surprise. J’essaie d’être forte mais au dedans de moi mais mon courage se flétrie comme une fleur coupée. Mes mains liées dans le dos, encerclé et escorté jusqu'à la fin. Je leur fais bien trop peur pour qu’ils baissent leurs armes ne serais ce qu’une seconde.
Plus j’avance et plus je me rends compte qu’il n’y a pas d’issue, que j’ai perdue la bataille. J’espère seulement que les Exclus n’ont pas perdue la guerre. Qu’il reste encore en eux cette colère qui m’a animée, celle là même qui m’a conduite aux portes de la mort.
Sur mon coté j’entends de l’agitation, une voix sort clairement du brouhaha.
– Séléné ! Laissez moi passer ! Noooon.
Je tourne les yeux. Doc se rue à l’assaut des gardes qui encadrent l’estrade placée pour mon exécution. Il se jette sur eux avec toute la force qu’il détient. Il frappe les cuirasses, décrochant des coups précis. Dans son regard je peux lire tout le désespoir qui l’anime. Jusqu’ou ira t’il ? Il risque de se faire arrêter pour obstruction à la loi puis condamné sévèrement. Mais je sais que pour lui rien de tout cela ne compte, plus rien n’a d’importance que la vie qui est sur le point d ‘être fauchée.
On me place face à la foule. Le menton droit, les poings serrés dans le dos je ne flanche pas. Je les vois emmener Doc, toujours hurlant de fureur et d’affliction. Plus personne ne parle et je regarde cette masse d’yeux posé sur moi. Que penses t’ils ? De toute façon ça n’a plus aucune importance.
– Séléné, vous avez été condamnée à mort par le haut tribunal de la cours suprême pour les accusations suivantes :
Meurtre, incitation à la violence et à la rébellion, coups et blessures…
Je n’écoute plus les chefs d’accusations portés contre moi, le temps qu’il me reste est bien trop précieux. Je regarde le ciel, océan de bleu sans aucun nuage. Je savoure la sensation de chaleur sur mon visage sous les rayons du soleil.
– Vous avez été jugée coupable de tout ces faits, et êtes par conséquent condamnée à la peine capitale.
Un soldat derrière moi m’appuie sur les épaules pour me mettre à genoux. Lorsque le sol entre en contact avec mes genoux je réprime une grimace. Des écrans géants de part et d’autres de l’estrade me filme en gros plan, partageant le spectacle au plus grand nombre de personnes.
Une ligne parfaite de soldats viennent se placer face à moi, dos à la foule. Je les compte au nombre de sept. Un seul ne suffisait t’il pas ? Bien sur que non, ils ont le gout du théâtrale.
– Soldats !
Parfaitement synchronisés ils ferment les talons, le dos droit et le fusil le long de leur coté droit.
– En joug !
En une seule et même danse je les vois épauler leur fusil et m’aligner dans la trajectoire de leur balle.
Je ferme les yeux attendant d’être transpercée en plein cœur. Je ne pleure pas.
–Feu !
Annotations