XXVI- De la quatrième expérience 2/2
A ce moment précis, mon père s'avança en notre direction. Il portait dans ses mains un tissu plié. Le Chevalier Rollon le prit dans ses mains et, pendant qu'il le dépliait lentement, il ajouta en direction du Chevalier Arl :
"Te souviens-tu d'Œ ? Des ruines de grands bâtiments blancs ; des rues dont on devine les pavés, des places aux statues qui pourraient être intactes.
- J'ai passé trop de temps là-bas à surveiller ces maudits faux sorciers.
- Je ne parle pas de ces gens. Coupa le Chevalier Rollon en déroulant devant lui un magnifique tissu. C'était un drapeau, je le devinais, aux couleurs de la ville. L'armoirie consistait à quatre bras venant des quatre côtés qui joignaient leurs mains sur la poignée d'une épée dont la la lame descendait jusqu'en bas. Le fond était vert, l'épée avait son charismatique gris métal et les membres humains avaient chacun une nuance de couleur naturelle.
- Où avez-vous trouvé cela ? Demanda le Chevalier Acar qui était venu se mettre devant nous comme le reste des Chevaliers.
- La Terre d'È est vaste et je suis convaincu que certaines choses n'ont pas qu'une vie. Qu’elles peuvent revenir sur la Terre lorsque l'on en a besoin. Répondit le Chevalier Rollon.
- Aldir ! Cria d'un coup le Chevalier Arl. Après quoi quelqu'un entra précipitamment dans la tente.
- Je suis là.
- Aldir, vois avec Eirik, ici présent, pour faire construire de nouvelle bannière de guerre. Elles porteront les armoiries du nouvel Empire.
- A vos ordres, Chevalier Arl."
A ces mots, ce Aldir qui devait être comme l'homme à tout faire dans l'armée et mon père qui avait récupéré lesdits armoiries, partirent. Le Chevalier Rollon semblait heureux du dénouement.
Il me tapota l'épaule et me dit que je pouvais y aller. Il me fera appeler en temps voulu. Au même instant Finn me fit signe tandis qu'il se dirigeait à son tour vers la sortie. Sur le chemin, le Chevalier Acar en premier m'intercepta pour me donner ses galons d'écuyer. Il se présenta sobrement et repartit vers les deux Chevaliers Rollon et Arl. Après lui c'était le Chevalier Bergam qui se présenta en me remettant ses galons puis il laissa la place au Chevalier Antib qui fit pareil. Enfin, la dame qui était l'épouse défunte du Chevalier Dann vint me voir. Elle me sourit malgré une tristesse qu'elle ne réussissait pas à cacher. Elle m'embrassa en me disant :
"Tu es bien jeune pour le destin que l'on te donne. Mais je suis persuadée que tes épaules seront solides. Si elles sont assez grandes pour accueillir encore d'autres galons d'écuyer, elles supporteront le poids de toutes les fatalités."
Je l’a remerciais pour ses mots même s'ils sont troublants et j'acceptais les galons qu'elle me présente. Je ne doute pas un instant que le Chevalier Dann devait être un homme bon.
Enfin, après tout cela, je passe la toile de tente et je me retrouve dehors. Harlan passe derrière moi. Finn nous attendait en regardant sur notre droite le carré d'entrainement des soldats. Songeur sur la qualité des entrainements, il se tourna vers Harlan et lui dit :
"Si nous allons au combat demain, ces jeunes recrues ne seront jamais prêtes. Cela ne te manque pas un petit peu d'exercice de commandant, Harlan ?
- Pas vraiment, mais... en les regardant, je suis pensif comme toi. Je vais aller voir ce que je peux faire."
Et Harlan partit rejoindre les deux soldats qui semblaient mener l'entrainement. On pouvait voir Harlan commencer la discussion, puis ne pas être content de la réponse qu'il reçut. Il leva la main comme pour mettre une gifle et les deux soldats en face de lui prirent peur. Harlan se mit à rire une seconde en voyant cela. Puis il reprit son sérieux et expliqua, je pense, que l'entrainement à donner aux recrues n'est pas un exercice physique mais un exercice mental. Il faut leur apprendre à ne pas paniquer face à l'ennemi. Après quoi il prit les commandes des recrues. Finn et moi on pouvait le laisser là.
"Allons voir si on ne peut pas trouver la tente de la cantine ! Dit Finn.
- C'est la tente là-bas il me semble. On est passé devant en venant.
- Exact. Je mangerai bien un morceau."
Sur quoi nous partons tous les deux. Notre marche fut d'abord silencieuse. J'en profitais pour regarder avec attention les galons que je venais de recevoir en quatre exemplaires. Chaque galon représentait un Royaume. Je savais qu'il y avait à l'origine vingt Royaumes répartit sur la Terre d'È. J'étais l'écuyer des Chevaliers de plus d'un quart de ceux-là. Je pensais qu’écuyer était probablement le grade juste en dessous de Chevalier, donc que je serais Chevalier à la succession de ces derniers. L'idée me traversa même l'idée que, puisque le Chevalier Dann était mort, je suis le Chevalier du Royaume du même nom...
"Tu te vois déjà Chevalier, n'est-ce pas ? Me demanda Finn.
- J'avoue que.
- Il reste du chemin à faire, je me dois de te le dire...
- Bien sûr, je devine que les choses sont plus complexes que la simple parole "Tu es Chevalier !" Finn rit à ma caricature vocale de Chevalier.
- Effectivement. Mais tu as déjà la voix et le bon ton ! Tu feras un bon Chevalier." Et c'était à moi de rire, je prenais ces paroles de Finn comme une plaisanterie. Mais il y avait du sérieux dedans.
Et c'est en souriant que j'entrais dans la tente de la cantine derrière Finn. Celui-ci, égal à lui-même j'ose dire, prit la parole :
"Que faut-il faire dans ce pays pour avoir du pain et un bon petit bouillon ?! Dans le ton de Finn, il n'y avait aucun ordre, voire peu de sérieux. Mais la tournure de sa question pouvait facilement être mal pris. Il y avait une certaine lourdeur. Mais la suite donna raison à cette ironie.
- Il suffit de le demander, monsieur. Dit une dame habillée d'un tablier blanc qui était déjà tâché par la cuisine.
- Oh ! Bonjour ! Je vais demander deux rations en ce cas. Merci d'avance.
- Je peux savoir qui vous êtes ?
- Bien sûr ! Voici Arn et je suis Finn. Nous sommes des invités du Chevalier Arl.
- Finn et Arn. Très bien. Prenez place où vous le souhaitez, je vous apporte à manger."
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