L'appel de la mer
Après deux heures de marche le long de la côte, il arrive essoufflé, les joues rouges. Encore quelques efforts pour descendre l’étroit sentier presque vertical qui mène à la crique et le voilà face à l’océan. L’endroit est désert. Ce qui est plutôt logique pour un trente-et-un décembre. Il est environ dix-sept heures. La météo est hivernale sans être mauvaise. Le ciel est couvert, le vent léger mais présent. La nuit s’annonce mais il fait encore assez clair pour y voir. Seule l’eau semble agitée. Le jeune homme ne sera pas dérangé. La petite plage est isolée et à des heures du plus proche village. De toute façon, les gens ont mieux à faire à l’approche du réveillon.
Il s’assoit dans le sable mouillé à quelques mètres de l’eau. Le froid le fait trembler mais cela n’a aucune importance. Il porte un simple jean, un pull vert foncé, une grosse écharpe bleu marine autour de son cou et des baskets noires. Sans aucune affaire, excepté ses clés dans sa main droite, il semble avoir roulé puis marché jusqu’à destination. Ce sont ces dernières qu’il lance d’un coup net dans l’océan sans se lever. Puis il contemple le coucher de soleil, à peine visible, jusqu’à ce qu’il fasse nuit.
Dans la pénombre la plus totale, plus personne ne peut remarquer sa présence. Seule une poignée d’étoiles éclairent le site. Il finit par se lever, reste quelques longues secondes immobile, prend de grandes respirations puis, sans se dévêtir, avance pour rapidement sentir l’eau glaciale au niveau de ses chevilles. Il sursaute mais ne recule pas. Au contraire, plus il pénètre dans cet océan mouvementé, plus il se sent bien et l’état d’hypothermie dans lequel il rentre ne lui fait absolument rien. L’eau vient désormais lui frapper les épaules et parfois le visage. Il s’arrête, regarde un moment le ciel étoilé, pense à sa famille, ses amis, puis sourit. C’est apaisé qu’il avance jusqu’à perdre pied et se laisser flotter. Bientôt la mer l’avale entièrement. Si le corps disparaît petit à petit au fond de l’océan, l’âme du jeune homme est déjà très loin. Peut-être a-t-il rejoint l’une de ces étoiles, qui sait ?
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