Chapitre 6 : La Quête

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C'était dans les pas d’anciens habitants d'Auch que les Roche firent les leurs. Mais la solidarité et l’amour entre les générations n’avaient pas cours à l’intérieur de cette famille. René manifesta une animosité à l’égard de Georges dès son plus jeune âge. Il ne possédait pas l'instinct paternel. Malgré la dureté dont le fils subissait constamment les effets, Rosa, de son côté, ne perdit jamais espoir. Elle pensait que son mari changerait de comportement. Avec les yeux remplis de gentillesse et les paroles motivantes, elle a encouragé le garçonnet à s'accepter tel qu'il se percevait. Malgré les épreuves et le rejet, la mère insuffla à l'enfant l'importance de la confiance en soi. Un amour inconditionnel permet à un entourage de cultiver l'estime de soi, si essentielle pour s'épanouir pleinement. S'accepter tel que l'on est constitue une leçon précieuse.

Les mois s'écoulèrent et la situation au sein du foyer demeura la même, puis elle empira. Le père refusait de montrer la moindre affection envers sa famille. Il ne lui accordait aucune attention particulière. Il tournait irrévocablement le dos au sentiment d'amour.

Puis un jour, le pater familias apprit de Rosa qu’elle était enceinte. Patrick naquit le 2 avril 1954. Cependant, la venue de ce nouveau membre ne transforma pas les relations au sein de la communauté.

Avec le temps, la vision de Georges grandit et s'approfondit. Il se mit à réfléchir à la raison pour laquelle René le détestait. Il l’interrogea même en utilisant des phrases maladroites. Celles-ci restèrent sans réponse et encore moins de justifications. Le gamin continua à subir son sort.

Heureusement, quelques années plus tard, il trouva une passion qui diminua ses peines : la pelote basque. Le jeu traditionnel, il le pratiquait contre les murs de la cathédrale Sainte-Marie. Grâce à l'accueil reçu des autres, le jeune Roche commença à se sentir apprécié. Débordant d'énergie, sa fantaisie prit forme dans ses mouvements gracieux et audacieux. Il s'amusait tellement que, rentrant chez lui, il en oubliait presque la dureté paternelle. Chaque jour, le joueur n'attendait que le moment de retrouver ses amis dans le but de pratiquer la « main nue ». Tous ces gamins enthousiasmaient les passants, excepté l'archiprêtre qui avait peur qu'ils n'abîmassent le lieu consacré. La désapprobation de l’homme d’Église ne découragea pas les frappes des balles contre les murs de la cathédrale. Le choc des balles accompagnait en cadence la prière du Gloria qui s'élevait des voûtes sacrées. Le garçon se tourna de plus en plus vers l'activité sportive à dessein de trouver du réconfort et des moments de plaisir. Il se sentait exalté et épanoui lorsqu'il pratiquait. Il fit rapidement preuve de dextérité. Il devint la coqueluche des athlètes en herbe du quartier, ce qui ne laissa pas indifférents les habitants du faubourg. Il s'amusait tellement en jouant qu'il en oubliait presque les mauvais traitements. De sa passion, il acquit de nouvelles compétences de réflexion et de concentration. Il nourrissait l'espoir qu'un jour le père lui reconnaîtrait des talents et de la valeur. Son rêve était de remporter le respect de son géniteur et de gagner une petite place à l’intérieur de sa vie.

Au fil des semaines, le jeu devint davantage qu’un simple loisir. Elle se transforma en un sanctuaire de liberté et d’expression personnelles. Les murs de la cathédrale Sainte-Marie, témoins de ses exploits, résonnaient du son des balles frappées vigoureusement. Chaque coup jetait un cri silencieux, une rébellion contre l’indifférence glaciale de René. Georges y trouvait une force nouvelle, un moyen de canaliser sa frustration et sa colère en quelque chose de constructif et de valorisant. Les mois passèrent, l’enfant grandit en stature et en habileté. Il devint non seulement un joueur respecté, mais aussi un pelotari admiré pour sa persévérance et sa résilience. Il comprit par le biais du sport que, malgré les épreuves, il était possible de découvrir sa place au milieu du monde et de s’épanouir. Il ne représentait guère un individu rejeté, mais un être à part entière, fort de ses propres mérites.

Un jour, lors d’un tournoi local, le père fit une apparition inattendue. Empreint de curiosité, il observa son fils depuis les gradins. Georges, absorbé par la partie, ne remarqua pas immédiatement la présence de l’homme. Ce n’est qu’après avoir remporté le match, sous les acclamations de la foule, qu’il aperçut la silhouette familière. Leurs regards se croisèrent, et il n’y eut aucune réaction d’affection en retour.

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