Entre deux vins
De Jaurès à Colbert,
On a passé du temps,
Accrochés à nos verres,
Célébrant nos vingt-ans.
Toujours le même bistrot,
Qui nous colle à la peau.
Toujours à la même heure,
Pour fuir tous nos malheurs.
Et nos cœurs qui s'étonnent,
D'la fumée des Winston.
Ah oui, toutes ces 100's,
Qu’on couvrait de promesses.
Assis à la même table,
Attendant des miracles,
Plus la peine d'commander,
Ils savaient c'qu'on buvait.
Y'avait pas d'téléphones,
Juste l’bleu des Gitanes.
Pour nos histoires de femmes,
Toujours les mêmes personnes.
Quelques vieux habitués,
Mais eux, on s'en foutait,
On parlait entre nous,
De rien et puis de tout.
Et pour saouler nos âmes,
Quand on allait plus loin,
Pour chasser le vacarme,
Plusieurs bouteilles de vin.
Et on voulait d'l’argent,
Pour oublier l'argent.
Moi j'payais en centimes,
Avec les mêmes mimes.
Le café à un trente,
Et toujours en détente.
L'allongé c'est pareil,
D'la fumée dans le ciel.
Le pinard à cinq sous,
Qui n'valait pas un clou,
Mais noyait les regrets,
C'est tout c'qu'on espérait.
©Dorian Bilquart
17/03/2023
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