1 - Ares

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Devant le miroir, j’observe les serviteurs qui s’affairent autour de moi pour me préparer à cette grande soirée. Ce soir se tient le premier bal d’une longue série. Ils m’avaient fait revêtir un costume bleu nuit pour l’occasion. Je ne suis pas spécialement friand des costumes mais lorsque l’on est un prince, le choix n’existe pas. En tant que dauphin, j’avais le droit au costume tous les jours à mon plus grand désespoir.

Un soupir m’échappe, les serviteurs lèvent le regard, intrigués.

- Laissez-moi seul maintenant. Je peux finir de m'habiller sans votre aide. les congédiais-je.

Ils s'exécutent tandis que je les regarde fermer la porte derrière eux.

Je regarde à nouveau dans le miroir face à moi pour arranger mes boucles noires. Attrape mon parfum poser sur le meuble et m’en asperge sur le haut du torse. Je m’inspecte une dernière fois avant de me diriger vers la sortie. Je passe devant mon lit à baldaquin, les rideaux ouverts laissent entrevoir les draps défait par ma nuit agitée. Ma chambre est baignée de la lumière extérieure, le soleil de printemps est celui que je préfère. J’aime comment la couleur de mes rideaux bleus se reflètent sur les murs et les meubles. Je tourne la tête et vois que j’ai laissé la porte de ma salle de bain ouverte, je peux y apercevoir ma baignoire enterré dans le sol. Mes vêtements trainent autour de cette dernière. Les servantes n’allaient pas apprécier que je sois parti sans les avoir mis dans la panière. Je me reconcentre au moment où je passe les portes de ma chambre, les fermants derrière moi.

J'erre dans le couloir, peu pressé d’arriver à la salle de bal. Beaucoup de personnes seraient au rendez-vous et, même si j’apprécie les trois quarts d’entre eux, je ne voulais pas les voir. Pas pour cette occasion. Je ne voulais pas trouver une épouse maintenant. Mon père ne cédera le trône qu’à sa mort. Il était encore jeune et en pleine forme alors pourquoi me force-t-il à me marier dès maintenant ? Je ne comprends pas cette tradition de se marier avant ses vingt ans et personne ne se souvient de la raison pour laquelle cette tradition existe. J’aime avoir des habitudes, en revanche c’est tout autre chose concernant les traditions. Ne pas connaître leur origine ne me donnait pas envie de les respecter, au plus grand malheur de mon père.

Je descends le dernier escalier me séparant de ce bal, un morceau de papier patientant au fond de la poche de ma veste. Sur ce papier se trouve une liste de qualité que je recherche chez ma future femme. C’est là-dessus, et uniquement sur cela que je ferais mon choix. Ce soir, je saurais déjà quelle jeune femme me correspond et je pourrais ainsi faire annuler le reste des bals.

Je m’arrête devant les portes qui me séparent de la foule, le garde les entre-ouvre pour avertir de ma présence au valet de pied chargé d’annoncer les arrivants. L’attente fut rapide, déjà on annonçait mon nom auprès des invités. L’heure était arrivée.

Les portes s’ouvrent devant moi, laissant échapper le doux son de la musique, les murmures impatients des jeunes femmes à marier et de leur mère. La lumière des lustres m'éblouit tant il y en a. Mon père avait une nouvelle fois fait des folies pour ce bal, qu’en serait-il des autres ? J’affiche rapidement un sourire sur mon visage, un air détendu puis commence à descendre le petit escalier. A peine ai-je posé un pied sur la première marche que tous les invités s’inclinent à s’en faire mal au dos et aux jambes. Le regard au loin, je vois mes parents ainsi que mes trois frères et ma soeur. Tous me regardent avec cet air satisfait. Je n’avais pas intérêt à commettre une faute durant cette soirée où mon père m’égorgerai. Un pas après l’autre. Enfin, je me trouve sur le sol plat. Les personnes présentes s’écartent de mon passage en restant inclinées. Je ne peux pas encore leur dire de se relever, je dois attendre d’être à côté de mon trône pour le faire. Je ne peux pas non plus accélérer le pas pour abréger leur souffrance car mon père le remarquerai et en ferai toute une histoire dans les jours à venir. Je garde alors la même allure, soupirant intérieurement.

Leur supplice se termine lorsque j’atteins mon siège, m’y installe et déclare d’une voix claire et forte “Relevez-vous”. le bal pouvait réellement débuter.

Une longue série de jeune femme m’est présenter depuis plus d’une heure déjà et aucune d’entre elle n’a réussi à retenir mon attention. Elles étaient toutes plus jolies les unes que les autres mais dès qu’il s’agissait d’avoir une conversation avec des enjeux plus sérieux et bien toutes échouent. J’attendais de ma femme qu’elle soit aussi belle qu’intelligente. Je ne veux pas de quelqu’un qui ne sait que parler du beau temps, cela ne m’apporterait rien. Ma future épouse devait savoir danser, bien se tenir devant une foule de gens et en société. Elle devait vouloir des enfants et souhaiter s’en occuper elle-même, sinon pourquoi faire des enfants ? Est-ce que j’en demandais trop ?

*****

Je m’ennuyais depuis un moment déjà quand une jeune femme habillée tout de noir se présente devant moi. Une coiffure des plus banales, elle ne fait que suivre la tendance qu’a lancé ma mère. Un chignon trop extravagant, trop de perle noir dans les cheveux. Un maquillage sombre avec une bouche écarlate. Je réprime une grimace de dégoût.

- Majesté, commence-t-elle tout en exerçant une révérence parfaite. Je me permets de me présenter de moi-même. Je suis Lady Astea Hardley. J’ai fait le voyage depuis le nord du comté d’Odera pour assister à cette saison exceptionnelle.

Je l’écoute d’une seule oreille jusqu’à ce qu’elle prononce des paroles risquées?

- Puis-je me permettre de vous inviter pour cette danse, votre Majesté ?

Devant le risque qu’elle venait de prendre j’acceptais son invitation, ne pouvant pas lui reprocher son audace. Je lui prends la main délicatement et la dirige vers la piste. Une valse débute au moment où nous arrivons au centre de la piste. Nous nous mettons en position rapidement puis nous commençons à danser. La jeune femme face à moi danse à merveille, elle sourit sans relâche et ne se plaint pas de mon silence. Je l’observe sans discrétion tandis que nous évoluons avec grâce sur la piste de danse. Les dernières notes arrivent, un dernier pas de danse puis je m’incline en faisant un baise main à ma partenaire. Celle-ci fait une révérence puis je m’éloigne, désintéressé.

Après le courage de ma partenaire précédente, d’autre jeune femme me proposent de danser mais je refuse chacune des propositions, je ne suis pas intéressé par ces personnes. Il manque quelque chose chez elle, quelque chose d’essentiel et je ne trouve pas quoi. Mes pensées furent interrompues par l’annonce d’une nouvelle arrivée par le valet de pied à la porte. Les portes s’ouvrent et nous laisse entrevoir une jeune femme d’une certaine beauté. Une jeune femme nommée Lady Serpe.

Elle s’avance vers l’escalier, attrape sa jupe fendue d’une main puis descend les marches jusqu’à nous. Plusieurs personnes ont déjà détourné le regard mais pas moi. Elle est subjuguante, intrigante même. Voilà ce qui manquait aux autres prétendantes. Aucune d’elle n’avait ce charme et cette prestance naturelle.

Mon regard ne la quitte pas. Je m’approche des escaliers pour lui offrir mon bras. Elle me détaille, s’incline et accepte mon offre. Je l’amène vers le buffet pour lui proposer une coupe de champagne.

- Mademoiselle Serpe, c’est un honneur de vous rencontrer, débutais-je la conversation.

- C’est un honneur pour moi votre Majesté. J’étais très heureuse de recevoir cette invitation qui annonçait une saison mondaine exceptionnelle. Comment aurais-je pu refuser de faire la rencontre de notre si charmante famille royale ?

- Vous n’êtes pas tenue à faire autant de compliment vous savez. Soyez le plus naturel possible, cela changera des autres convives. plaisantais-je

Cela la fait rire, honteuse elle se cache tant bien que mal derrière sa main libre.

- De quelle région du pays venez-vous ? demandais-je

- Je viens tout droit du duché d’Aeros. J’habite au sud, près de l’océan.

Je hoche la tête sans trouver quoi répondre. Elle aussi m’observe sans savoir quoi dire pour relancer la conversation alors je fais la seule chose qui me vient à l’esprit : je l’invite à danser.

J’attrape sa main avec douceur, de l’autre lui prends sa flûte de champagne pour la reposer sur la table à nos côtés. Je fais un signe de tête vers le parquet ciré de la salle pour l’inciter à me suivre. Un sourire éclatant me répond. Sans perdre plus de temps, je nous dirige au centre, pour la deuxième fois de la soirée me concernant. Pour elle, c’est différent, c’est sa première danse et qui plus est avec moi. Je ne veux pas paraître prétentieux, mais avec mon titre de prince plus personne ne pourra détourner le regard d’elle.

De nouvelles notes de musique s’élèvent dans l’air, je positionne ma main au creux de ses reins, elle pose sa main sur mon épaule et de l’autre soulève ses jupons. Je l’entraîne doucement dans cette danse si particulière. Un type de valse venu tout droit d’un pays lointain. C’est la première fois que je danse cette valse avec quelqu’un d’autre que ma petite sœur.

Ma partenaire semble intriguée par les notes qui flottent dans l’air. Elle n’a pas l’air de connaître cette nouvelle danse. Un sourire étire mes lèvres tandis que je la guide dans cette valse étrangère. Nos regards se soutiennent, ne se lâchent pas un seul instant. Un sourire effronté illumine le visage de cette inconnue. Elle vient d’un de mes duché mais son nom ne me dit pourtant rien. Je suis censé connaître le nom de tous les lords, mais Serpe ne me rappelle rien. Je réfléchirai à ce fait intriguant plus tard, pour le moment je voulais profiter de sa présence, de son charme et sa bonne humeur. La musique évoluait tout autant que ma partenaire et moi. Une simple pression dans le bas de son dos suffit à la faire se rapprocher un peu plus de moi. Elle ne semble pas contre ce rapprochement, bien au contraire son sourire s’élargit. Je continue de guider tandis que nos yeux se cherchent inlassablement. Même si je l’avais voulu je n’aurais pas eu les capacités de détacher mon regard du sien. Il est pur, naturel. Elle n’est pas là pour me séduire de la même façon que les autres prétendantes et c’est ainsi qu’elle a gagné mon attention.

La fin de la valse était arrivée depuis un bout de temps maintenant, mais nous étions encore et toujours sur la piste. Nous enchaînions les danses sans pauses, sans effort. Je ne pouvais pas la laisser aux mains d’autres hommes. Et surtout pas aux mains des mes frères, elle était ma bouffée d’air frais dans cette pièce emplie de chaleur humaine.

Elle ne semble pas se plaindre non plus de mon désir de la garder pour moi alors je continue de la faire danser. Nous évoluons dans la grâce tandis que les couples autour de nous ne sont jamais semblables. Certains abandonnent la danse pour nous observer, je le sais car je les sens nous épier sans discrétion. Tous se demandent sûrement pourquoi je m’intéresse à elle et pas à une autre débutante. Ne comprennent-ils pas à quel point Lady Serpe est un être exceptionnel. D’une beauté naturelle, loin d’être corrompue par l'hypocrisie.

Après encore une bonne heure à danser, nous sommes tous deux à bout de souffle. C’est ainsi que je prends la décision de nous arrêter pour nous diriger vers le buffet afin de nous prendre des rafraîchissements. Pour ma part un verre de vin et pour mademoiselle

- Je prendrai une coupe de champagne s’il vous plaît, demande-t-elle à l’homme en charge de servir les boissons.

- Une coupe de champagne? Vous êtes fin gourmet milady, cela ne m’étonne guère. commentais-je son choix.

- Je ne dirais pas ça de moi mais je suppose que je me dois d’être fin gourmet si je veux trouver un bon époux.

- Vous êtes donc là pour trouver chaussure à votre pied. Cela nous fait un point commun dans ce cas. tentais-je l’humour.

- Votre Majesté, je ne serais pas là si je n’avais pas cette similarité avec vous. Je dois être honnête envers vous. Jamais je n’aurais cru attirer votre attention, même un regard me semblait impossible. Je ne ressemble pas aux autres jeunes femmes présentent. J’aime mon apparence tel quel mais de ce que j’ai pu entendre dire, vous préfereriez des jeunes femmes habillées, coiffées et maquillées à la dernière mode. Alors quelle ne fut pas ma surprise lorsque je suis arrivée et que votre regard à glisser sur moi comme une brise d’été.

- Et bien laissez moi être honnête à mon tour. Vous n’êtes pas la plus belle femme présente ici mais il y a votre prestance et votre charme qui fait que vous êtes la plus exquise créature que je n’ai jamais vu. Vous resplendissez Lady Serpe, il m’est impossible de décrocher mon regard de vous. Et concernant mes goûts en terme de femme, vous êtes celle qui se rapproche le plus de la perfection selon moi. Je ne comprends pas comment tous ces hommes présents font pour ne pas vous admirer comme je le fais depuis que vous êtes apparue.

- Vous me flattez. répondit-elle calmement, malgré ses joues qui prenaient une jolie teinte rouge. Si nous continuons dans la voie de l’honnêteté et de la vérité alors les rumeurs vous disent plus petit et fragile. Je suis ravie de constater que ces rumeurs sont infondées. Vous semblez bien plus fort et grand que notre roi. Selon moi, vous êtes plus impressionnant. Vous devez sûrement intimider bien du monde.

Je ris devant cette confession et elle me rejoignit.

- Vous êtes une bouffée d’air frais, Milady. avouais-je sans honte ou gêne.

- C’est peut-être inconvenant mais, je vous en prie, appelez-moi Astrée.

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