CHAPITRE 6, ce fut un autre monde.
Cette année là, à Bugarach, le loto des écoles a été ajourné plusieurs fois.
Pour la première tentative, tout avait bien commencé, le jeu battait son plein. Puis quelqu'un s'est exclamé qu'il neigeait. En quelques minutes, la salle avait perdu la moitié des participants ayant préféré rentrer chez eux, avant de ne plus pouvoir le faire, à cause des congères, habituelles au col du Linas et au Mas.
Et puis il a neigé à gros flocons. L'électricité a été coupée et, ce fut un autre monde.
Nous dormions tous dans un campement improvisé au salon, devant l'insert qui ronflait jour et nuit. Éclairage à la bougie, les provisions dans des caisses, dans la neige.
On déblayait à la pelle pour aller voir les voisins, s'assurer que tout le monde allait bien. Certains n'avaient plus d'eau car les températures ayant grandement baissé, leurs canalisations avaient cassé. L'ouvrier communal passait de maison en maison, avec un groupe électrogène, pour les congélateurs.
Petite expédition dans le passé, un autre rythme.
J'aime cette lourde paix silencieuse de la neige tombée en masse, et j'aime le ballet si léger des flocons, éphémères merveilles, dans mes cheveux...
MAZARIA, à Bugarach, le mercredi 05 février 2020.
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