Plus le temps passait, plus Nicolas éprouvait de la difficulté à avancer. Ses blessures, multiples à présent, le faisaient attrocement souffrir, la fièvre commençait à monter, signe d'une infection imminente ; son souffle s'écourtait, ses oreilles bourdonnaient, la tête lui tournait. En plus, à cause de la pluie, il était trempé jusqu'aux os, ce qui le forçait à réprimer d'incessantes salves de frissons. La nuit, déjà bien avancée, annonçait l'arrivée du froid, ce qui n'allait pas aider le jeune homme. Rapidement, un brouillard grisâtre s'éleva dans les airs et refroidit l'atmosphère ; la pluie, jusqu'à présent plutôt tempérée, se réfrigéra également.

De la buée sortait de la bouche de Nicolas, et le froid mordant l'obligeait à se courber. Une bourrasque de vent termina le travail. Gelé, Nicolas ne sentait plus ses pieds, ses lèvres gercèrent, ses doigts rougirent, sa peau s'assécha et il trembla de plus belle. Cependant, il ne pouvait pas s'arrêter, pas avec des monstres armés jusqu'aux dents qui lui collaient au train. Il lutta contre le mauvais temps et progressa encore plus lentement, la grosse clé serrée dans son poing, comme ultime lueur d'espoir.

Après un certain temps, le noir laissa place à un peu de lumière. Quelques halos pâlichons nimbèrent la sylve endormie d'une étrange lumière. Bientôt, il déboucha sur une clairière abritant un étang ou un lac...