La juste lame dorée.

8 minutes de lecture

Dans une époque lointaine et une galaxie inconnue, règnent la brutalité aveugle et l’injustice. La souffrance et la douleur font un écho, soutenu par les symphonies de la guerre à travers l’univers. Beaucoup pourraient régler les problèmes, mais personne n’ose pour mille excuses de s’y rendre.

Jusqu’à ce jour, maudis par l’ensemble cette galaxie, sur une planète de pirates et de mercenaires reconnue pour ses sombres vaisseaux vicieux et toujours là pour les coups de traître.

L’enfant d’une terre qu’aucun d’entre eux ne connaît arriva sur ce monde de la manière la plus éclatante possible. En faisant sonner l’intégralité des alarmes d’intrusion de toutes les stations et bases spatiales. De nombreuses armes sont déployées, beaucoup de navires envoyés et tous sont détruits.

Un éclat doré envahit le ciel nocturne et aussi brillant que le soleil de jours, tous pensent à un super croiseur mortel venu prendre leur planète, la distorsion de l’espace laisse le présager. Tous l’attendent de pied ferme devant l’immense port spatial ténébreux bardé de pics et d’angle abrupt.

À la vue de l’astre, ils ouvrent un feu nourri ; en un instant, l’intégralité de la défense fut pulvérisée avec les infrastructures et les gens à l’intérieur par une salve dévastatrice de lumière pure.

L’éclat ne s’arrête pas et fonce droit sur la capitale, traverse les dix mille mètres d’acier qui compose la tour au centre de la cité dans un fracas terrible de béton qui explose. Des débris sont propulsés par l'éclair divin à travers l’ensemble de la ville, faisant un carnage que même le plus vétéran des mercenaires n’a jamais vu. Ces derniers très réactifs savent que si l'ennemi s'est craché là, c’est qu’elle peut y survivre. Alors l’ensemble des survivants s’équipe lourdement et se dirige sur les lieux.

Lesdits lieux sont maintenant une grande place plane gravée de divers sillons dorés cerclant un symbole qu’il ne connaisse pas, la balance de la justice.

C’est au centre de cette dernière qu’ils la virent, l’enfant de ce monde fort lointain dans son armure blanche à tête lionne et sa blonde crinière. Ses yeux sont bandés, son épée à double tranchant occidentale et aussi droite que sa manieuse. Sous sa flancart, une jupe de guerre jaune fendue en deux qui se laisse porter par le vent.

Elle reste là, immobile, tandis qu’un brave s’avance armé d’un fusil. Il tire, en cet instant précis, dès qu’il appuie sur la gâchette, la munition même pas touchée par le percuteur, elle tranche l’individu d’un seul coup et reprend sa posture de chevalière stoïque. Face à cette créature, dont le seul membre qui bouge est sa queue, leur réaction fut la suivant : tirer tous ensemble.

Ce qu’ils virent par la suite est un éclat doré tranchée tout ce qu’il y a autour. Il est impossible à cibler, se mouvant sur le sol avec une agilité inconcevable, massacrant avec la brutalité d’une bête tous ceux qui se trouvent. Pour ceux dans les cieux, ils virent des flammes propulsant l’entité dans les airs et les ramenant à terre de ses puissantes pattes griffues. Les témoins perchés dans les tours encore debout sont horrifiés de voir l’impuissance de leurs soldats, ils le sont encore plus quand l’assaillante s’en prit à eux sans la moindre retenue.

Un carnage unilatéral dont les cris remontent jusqu’au renfort dans l’espace, constatant avec un effroi qui les prend au cœur et a l’âme que l’entité détruit toutes les villes de la planète. Dix minutes de violence sans interruption, une fois la tâche achevée, elle reprend sa posture sur la place sanctifiée, solide sur ces appuis telle une montagne.

Un vaisseau destructeur de monde ouvre sa gueule béante, déploie son canon et crache sa haine. La chevalière dresse sa tête, et s’élance vers l’éternité pour pulvériser cette bête d’acier, détruisant le boulet de canon et l’arme sur son passage avec la grâce d’une noble dame dansante durant un bal. À l’un fin de son mouvement, sa main qui tient l’épée est contre son cœur tandis que l’autre, le poing serrer, dans le creux de son dos. Autour d’elle flottent des cadavres et des débris. Toujours indifférente, son attention est ailleurs ; où ? Cela importe peu, comme la vie de ceux qui vont faire encore preuve d’hostilité.

Chaque vaisseau, chaque structure et chaque astre du système et fouler par cette femme aux flammes dorée.

Une fois sa tâche terminée, elle tourne le dos au soleil qui la magnifie par la caresse de ses éruptions et de ces vents ionisés soulignant ces courbes. Elle est le feu divin, la volonté inébranlable des justes. De sa voix grave et puissante, elle clame avec conviction.

- Justice a été rendue.

Le peu de rescapés où qu’ils soient l’entendirent à travers tout le système stellaire sur toutes les fréquences, qu’ils aient des oreilles ou pas. Sa parole frappe leur esprit avec la même subtilité qu’un marteau.

Et son sceau, partout où elle l’a gravée, sur les corps, sur les astres, se mit à briller, résonner. Dans la galaxie tout entière dans cet instant T, tous ressentent sa présence sans comprendre. Ainsi, commence sa sainte croisade sanguinaire. Enfants, vieillards, femmes, hommes, aucun n’est épargnés. Ils la nommèrent la sainte justice aveugle, venant de criminel, ce n’est pas un compliment.

Un siècle s’écoule où nul ne put l’arrêter. Pas un jour ne s'écoule sans que sa voix ne résonne pour dire cette phrase.

- Justice a été rendue.

Jusqu’à ce jour bénit, pour certains, où la sainte atterrit sur le monde le plus calme de la galaxie, le seul d’ailleurs avec bien sûr de la criminalité qui rien qu’à l’annonce de la comète d’or, fut prise d’une crise existentielle.

C’est le jour où ses grandes faiblesses furent exposées.

Elle s’abattit directement sur l’un des quartiers les plus mal famés avec son élégante sauvagerie. La police, sûrement la seule de toute la galaxie, n’intervient pas. Quand elle commence à s’en prendre à une mère et à sa fille en pleurs. Personne ne bouge, personne sauf un homme. L’événement se produit sur un grand carrefour, c’est au moment qu’elle lève sa main pour fait s’abattre la terrible justice que l’indignation s’exprime.

- Cela suffit !

La divinité ne peut ignorer cela ; personne ne doit faire obstruction. L’homme en question s’approche, il est sec, habillé d’une chemise et un pantalon de monsieur tout le monde et n’importe qui jurerait qu’il partait au travail à en croire sa sacoche en cuir.

- Madame, ne voyez-vous pas ? Ce n’est qu’une mère et son enfant.

Dit-il, la main contre son cœur. La déesse en a cure et les tue de sang-froid.

- Justice a été rendue.

- Sornette !

- Chef d’accusation : meurtres prémédités en bande organisée dans un réseau criminel visant des civils innocents. Les deux sont coupables.

- Ce n’est pas à vous d’en juger !

Alors, elle reprend sa posture, marque le sol de son sceau et clame.

- Je suis la justice qui juge et tranche.

- L’enfant aurait pu être épargné et être rééduqué !

- Les si sont les ennemis de la justice, l’enfance se termine dès le premier crime ; pas d’exception d’âge. Je ne regarde pas ce que vous êtes, mais ce que vous avez fait. Osez-vous vous opposer à mon jugement ?

- Je peux encore faire mieux, je vous accuse de meurtre !

Clame-t’il en pointant du doigt la dame lionne qui reste de marbre.

- Foutaise, j’ai exécuté des sentences.

- Alors je vous accuse de ce que vous regrettez !

Ses mains gantelets ont affermi leur prise sur leur épée. Elle a était touché cette fois si par ces propos qui résonne en elle tel des vagues de chagrin.

- Alors, dame de la justice parfaite ? Répondez-moi ! Ou plutôt, défendez-vous ! Vous la femme derrière cette armure de froideur !

Elle se reprend et laisse de côté ses émotions.

- Vos mots sont creux et hors sujets. Ma personne ne rentre pas en compte dans l’exécution de la justice.

- Voilà qui est hypocrite, vous êtes venue de votre propre chef ici ! Vous débarquez à peine, faite un carnage et marquer votre passage comme un animal a chaque endroit que vous foulez !

- La justice se doit de laisser une empreinte de son passage.

- Comme une bête !

- Votre ton belliqueux me laisse dire que vous voulez m’affronter.

L’homme croise les bras, il sait où elle veut l’emmener pour décrédibiliser sa parole.

- Pf… Une perte de temps. En plus, ce n’est pas dans mon tempérament.

- Voilà qui est raisonnable, quand vos convictions sont faibles, il vaut mieux éviter le conflit.

- Faible ? Mes convictions ? Vous voulez que je vous frappe pour le prouver ?

- Faite donc, au visage si vous osez ; je vous y autorise.

Il la prend au mot, se met juste en face d’elle et décoche une droite qu’elle sentit à l’impact. Sa tête a bougé et pour la première fois, elle traduit une émotion dans sa voix, de l’étonnement.

- Incroyable…

Son armure s’ouvre depuis le dos, et laisse paraître une femme lionne dont la fourrure évoque le blé. À sa vue, l’homme recule de quelques pas alors que cette dernière, tout juste dégagée, vient vers lui en l’observant de ses yeux orangés.

Ils restent statiques se jaugeant du regard, puis la lionne serre son poing.

- Permettez.

Elle fait exactement la même frappe, ce qui surprend à son tour l’homme.

- Aie !

- Nous somme quitte. Maintenant, je m’en vais.

- Tout ce cirque pour ça !

- Oui, juste pour vous rendre votre coup équitablement ; c’était personnel cette fois. De toute façon face à vous, je suis impuissante.

- Comment ça impuissante ?

- Aucun crime à votre actif, aucune volonté de nuire et qui plus est, vous êtes un homme de conviction. Pour ce dernier point, nous nous ressemblons, mais vous êtes bien plus aveugle que je ne le suis ; autrement dit, stupide. Et contre ça, je ne peux rien n’y faire.

- Êtes-vous sérieuse ?!

- Comme beaucoup, j’aime rire, mais là clairement pas. Maintenant, je vais retourner dans mon armure et continuer ma sainte croisade.

- Non, je vous l’interdis !

La lionne bombe le torse, mains sur les hanches et avec une assurance insolente digne des plus noble dame, elle lui demande.

- Et au nom de quelle autorité, je vous prie, monsieur ?

- De la justice !

Elle s'esclaffe de rire puis quand elle vit le livre qu’il sort de sa sacoche, la taille et ce qu’il y a d’écrit, elle se tut aussi sec.

- Je suis juge d’instruction ! Et j’émets un mandat d’arrêt contre vous pour meurtre avec préméditation !

Comme le ferait un exorciste avec sa croix, il tient fermement le livre et le met sous le museau de la lionne qui fait un pas en arrière.

- Par toutes les étoiles, il n’est pas sérieux ?

- Il l’est !

Les yeux de lionne s’écarquillent, puis elle sourit tout en joignant les doigts de ses deux mains pour le désigner.

- Vous savez quoi, monsieur juge d’instruction ?

Puis elle ouvre ses paumes et de son plus large sourire.

- Je vous laisse avec votre reste de criminalité, jugée donc seul vos gens et vos récidivistes. Remplissez donc vos prisons surchargées et laissées donc vos futurs assassins que vous qualifiez de récupérables en liberté faute de place. Écoutez donc votre tendre cœur qui va certainement condamner des innocents à mourir. Oui, faites donc cette monumentale erreur et quand l’un de vos proches sera tué par un « petit délinquant », n’essayez même pas d’en appeler à la justice parce que je serai fort, fort, FORT, mais alors vraiment FORT loin. Plus exactement, chez moi !

L’armure s’anime, englobe la lionne vexée qui d’un ton très rude conclut.

- Bonsoir chez vous, crétin.

Aussitôt dit, aussitôt partie d’une pulsion divinement flamboyante et ceux, peut-être pour toujours. Car s'il y a bien une chose face à laquelle elle est vraiment impuissante, ce sont les gens qui ne veulent pas être sauvés.

Annotations

Vous aimez lire Wilfried.c ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0