Je réfléchis assez peu au lien avec mes personnages. Il m'apparaissent vivants, de chair et d'os comme des gens que je connaîtrais. Mais à un stade si intime, si clair que cela dépasse quelconque relation avec quelqu'un du monde réel.
Pour moi, il faudrait inventer un autre type de relation, un autre type d'émotion, spécifiquement pour cette relation auteur - personnage.
Ce n'est pas, à mon avis, de l'ordre du Dieu et sa création ; ni de l'ordre de l'amitié, ou de l'amour, ou de la haine. Ce ne sont pas de vraies personnes, et pourtant, parfois, elles existent dans notre esprit encore plus vivement que ces dernières.
J'aime mes personnage, d'un amour profond et gratifiant (si, si, je vous jure !).
Pourtant, dans la vraie vie, je ne me verrais pas être ami avec elles et eux. Ils ne sont pas "émancipés de moi" : ce sont des morceaux, des bouts de qui-je-suis je j'éparpille entre deux ligne. Avec leur propre développement, bien sûr ; mais c'est comme si j'étais la chair sur laquelle ils naissaient, et dont ils se nourrissaient pour grandir.
Ce ne sont donc pas pour moi des personnes à part entière. Mais ce ne sont pas non plus de simples outils d'écriture, des moyens pour faire tenir une intrigue. C'est beaucoup plus que ça ; et c'est indescriptible, innommable, indicible.
Je suis si attaché à certains et certaines d'entre eux qu'il m'est difficile de concevoir qu'on ne puisse pas les aimer. De certains je me contrefous (à juste dose).
En tout cas, tous et toutes, je ne les renierais jamais. Ils portent quelque chose de moi-même et, fut-ce un quelque-chose détestable, il m'appartient.
Merci de ce défi, qui m'a permet de repenser ma relation à mes personnages - ou plutôt de la penser, tout court. :)