Naissance de l'ombre

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-Mais que fait-il ? Le soleil est presque couché, je lui avais dit de ne pas tarder ! répète Nahaza, sans arrêt, en faisant les cent pas dans l'ombre de l'arrière-boutique.

-Reste calme, t'énerver de cette façon ne te mènera à rien. Lui répond Miach tentant, sans succès, de rassurer la jeune femme.

Elle ne peut s'empêcher d'imaginer les nombreux scénarios, tragiques, dont elle a été témoin durant ses explorations dans le labyrinthe sous-terrain. Continuant de faire des aller-retours, sur le plancher grinçant et poussiéreux, la femme-chien abandonne son inquiétude lorsqu'elle perçois, grace à son statut d'aventurière, un bruit de pas pressé se dirigeant vers l'entrée de la pharmacie.

-Réfléchis Nahaza, peut-être qu'il est simplement en plein échange de pierre magique avec les agents de la guilde. Continue la divinité sur un ton calme.

Mais son acolyte ne semble pas l'écouter. Elle reste figée sur place, tançant la porte principale avec attention.

-Eh Nahaza ! Tu m'écoute, je te...

VLAM !

Le dieu est interrompu lorsque la porte s'ouvre brusquement, claquant violement contre le mur, et faisant trembler les nombreuses étagères de bois sombre. Quand Miach s'approche, il découvre un Homme de grande stature à la barbe blanche, et habillé d'un long manteau blanc décoré, presque à l'excès, de dorures et de joyaux. Après avoir observé l'entièreté de la boutique, de ses yeux au paupières ridées, il pose un regard narquois sur Miach.

-Alors, tu pensais que j'allais t'oublier Miach ? dit-il, avec un sourire répugnant sur le visage.

Dian-cècht...Encore lui... pense le dieu miséreux, sentant une migraine lui monter à la tête.

°°°°°°

Après m’être débarrassé du petit groupe de goblins, sans grandes difficultés, ma frustration, due au maigre butin de pierres magiques récolté, m’a poussé à continuer mon exploration plus profondément dans les couloirs du donjon. En m’y aventurant avec prudence, je constate que leur arrangement n’a pas le moindre sens. Par moment les parois sont de terre humide, et par moment de roche dur sur laquelle poussent des cristaux, scintillant comme des étoiles et illuminant les étages sinistres. Des structures semblant avoir été taillé avec précision, sont présentes à des endroits improbables. Comme un escalier au plafond, par exemple. Pour autant, je garde les yeux ouverts pour ne pas me laisser surprendre.

Houuuuhh…

Au 3ème sous-sol, un cri dérangeant résonne à travers le vaste couloir que j’empreinte. Durant notre entretien, Misha m’a bien déconseillé de descendre à cet étage. Selon elle je devrais me contenter des sous-sol 1 et 2, mais le premier n’est peuplé que de goblins et de gros insectes, ne rapportant que de petites pierres magiques, tandis que le second ne présente aucun signe de vie, mis à part les groupes d’aventuriers qui y passent de temps à autre. Le chemin que je prend est assez éclairé, pour que je puisse distinguer les reliefs rougeâtres du mur de pierre, couvert par endroit d'une mousse luisante. A l'intersection de trois couloir, des grognements se font entendre. Sortant ma dague de son fourreau, le plus discrètement possible, je continue à avancer, tendant l’oreilles.

-Au secours ! A l’aide !

Un autre aventurier est aux prises avec un monstre.

Tant pis… me dis-je.

Mais au moment où je me résigne à lui venir en aide, suivant les conseils de Nahaza, le monstre se désintéresse de sa proie et surgit devant moi, l’air affamé.

Et merde…

C’est un kobold. Pour faire simple, c’est un loup ayant la posture et la taille d’un homme adulte. Réputé pour être très puissant en meute, celui-ci est seul, enfin pour le moment.

-Houuuuuhh !

Hurlant de plus belle, il convoque ses semblables dans l’espoir de m’avoir facilement. Voyant que le jeune garçon au sol n’est pas en état de combattre, je comprends que je vais devoir éliminer le monstre au plus vite, et m’enfuir avant l’arrivée de la meute.

Sans me laisser le temps de réagir, il fond sur moi les griffes en avant. Ne pouvant l'esquiver ni contre attaquer avec ma dague, je n'ai d'autre choix que d'utiliser sa force contre lui. Lorsque ses poignets son à porter de mes mains, je les lui saisit avec force, et, dessinant un arc de cercle avec ma jambe arrière, je créé un vide dans lequel je le projette en me baissant vers l'avant. Cette technique simple et efficace peut permettre à n'importe quel individu de se défendre face à un adversaire plus corpulent ou plus puissant. La preuve étant que, me lançant un regard des plus surpris, le garçon blessé assiste à la chute violente du monstre sur le sol dur. Tombant de façon disgracieuse sur son ventre velu, il tente de se relever. Evidement, je ne lui laisse pas l'occasion de se ressaisir. Il me suffit de passer rapidement un premier bras autour de son cou et un second sous son aisselle pour pratiquer un étranglement. Mais il se débat...

-Rooaaah

-Tu vas arrêter de gueuler !

D'une impulsion puissante avec mes jambes, nos deux silhouettes se retournent et retombent au sol. Nous sommes dans une position tel que, son corps se retrouve allongé sur le mien, tandis que je suis moi-même allongé sur le terrain de pierre brute. Comme la mâchoire d'une plante carnivore se refermant sur un insecte, mes jambes et mes bras se referme sur le kobold, incapable de se débattre plus longtemps. Resserrant mon étreinte, je sens la réspiration du monstre s'accélérer et son énergie le quitter petit à petit. Ce moment est long. Alors que l'écume s'accumulle au coin de sa gueule béante, son instinct sauvage le pousse à s'accrocher à la vie aussi longtemps que possible, rendant la vue de ses derniers instants plus difficile à supporter pour le jeune aventurier. Il ne quitte pas le kobold des yeux, un air tendu dans le regard. Mais finalement, dans un dernier soupir, la vie quitte le corps étouffant, le laissant disparaître paisiblement après avoir bataillé sans relâche.

Une fine pellicule de poussière noire recouvre mon équipement, au milieu duquel tombe un joyau pourpre de quelques centimètres de diamètre. Cette pierre magique doit valoir entre 500 et 700 varis, juste de quoi s'offrir un bien maigre repas. Misha m'a expliqué que pour la guilde, la vie d'un aventurier a une valeur égale à ce qu'il est capable de rapporter à la communauté. Pour simplifier encore une fois, aux yeux de ce monde ma vie ne vaut pas plus que celle du monstre que j'ai froidement abattu.

Mais ça ne m'empêchera pas de massacrer ceux qui se mettront en travers de mon chemin...

-He ! Il faut qu'on s'en aille, t'arrive à bouger ta jambe ? lancé-je à celui dont j'ai sauvé la vie.

Il me regarde, mais baisse les yeux aussitôt l'air inquiet. Son visage m'est familier. Ses cheveux blonds et courts, se regard fuyant et son visage fin. C'est le garçon qui a tenté de faire des achats à la pharmacie lorsque j'y travaillais encore comme vendeur, mais qui a aussi subi les violents excès de Nahaza.

-Aslak, c'est ça ?

Apparemment, je fais mouche du premier coup, car, en entendant ce nom il relève la tête en rougissant légèrement.

-vou... Vous vous êtes souvenue de mon prénom ? me demande-t ‘il, comme si je l'avais gratifié d'une attention particulière.

-Oui, il faut dire que j'ai une assez bonne mémoire. Et désolé pour l'autre fois, je ne pensais pas que Nahaza en avait après toi.

Il reste silencieux, un sourire compatissant se dessinant au milieu de ses traits enfantins. Au même instant de nouveaux rugissements arrivent à mes oreilles, m'indiquant de ne pas perdre plus de temps.

-Ecoute, je te propose qu'on se barre d'ici au plus vite. On discutera une fois à la surface, ça te va ?

Je lui tend la main, baissant ma garde, afin de l'aider à se relever. Mais avant de nous mettre en marche, je dois mettre quelque chose au clair. En effet, je n'ai pas oublié que cet enfant fait parti de la Famillia de Dian-Cècht, le dieu avare, envers qui nous avons une dette. Il est donc primordial que je puisse lui faire confiance, car, s'il lui arrivait quelque chose en ma présence, les tensions entre nos deux Famillias n'en serait que décuplées. Le saisissant par le col au dernier moment, je plaque l'aventurier novice contre le mur, faisant claquer la boucle métallique de sa ceinture.

-Je garde un œil sur toi, alors ne fais rien de stupide, ok ? dis-je calmement, en le fusillant du regard.

Tétanisé, il blêmit à vue d'œil. Son corps tremblant de peur, il ne peut s'empêcher de me répondre autrement qu'avec de simples hochements de tête paniqués.

-Bien, alors allons-y ! dis-je en le lâchant.

Tombant sur les genoux, Aslak me regarde tourner les talons comme si rien ne s'était passer. Il m'emboîte le pas à toute vitesse lorsque les cris monstrueux semblent se rapprocher.

°°°°°°

Alors que la nuit est tombée sur Orario, l'air s'est refroidi dans la grande salle de réception de la guilde, et Misha commence à ressentir la fatigue due à sa journée interminable. Les derniers groupes d'aventuriers quittent le bureau d'échange de pierres magiques, certains déçus de ce qu'a rapporté leur exploration, d'autres souriant en sous-pesant la bourse pleine de pièces d'or qu'ils ont empoché. En regardant autour d'elle, elle soupir lourdement en voyant Eina, sa collègue et amie de toujours, quitter son poste après avoir terminé son dernier entretien.

Et dire qu'on me reproche de toujours partir plus tôt que les autres...

Il ne lui reste puls qu'un seul rendez-vous avant de pouvoir rentrer chez elle. Mais, malgré l'heure tardive, le garçon qu'elle attend ne se montre toujours pas.

J'espère qu'il ne lui est rien arrivé...

Elle se mord la lèvre en imaginant ce qui aurait pu se passer à son insu, mais une voix grave la tire de ses pensées.

-Misha ?

Il se tient devant elle, l'air interloqué. Ses vêtements, que la jeune fille n'a pas hésité à qualifier "d'étranges" lors de sa première entrevue avec lui, sont couvert d'un fluide verdâtre. Derrière lui se tient un autre garçon, plus jeune, qui semble être apeuré. Lui aussi est couvert du même liquide.

-Yannis ? demande-t ‘elle, comme si elle n'en croyait pas ses yeux.

-Oui, c'est bien moi. Répond-t ’il simplement. C'est si étonnant que ça ? renchérit-il avec un ton amusé.

En effet, la surprise peut se lire sur le visage de Misha qui, en plus de se demander pourquoi Yannis à mit autant de temps à remonter, cherche une raison à l'état dans lequel il se trouve.

-Mais que s'est-il passé ? Je pensais qu'il t'était arrivée quelque chose ! le questionne-t 'elle, mécontente, et peinant à se contenir.

-Ho ! Tu t'es inquiété pour moi ? C'est plutôt mignon ! tente-t 'il de la taquiner.

-Ne dis pas ça comme ça ! Ça n'a rien à voir !

-En vérité j'ai eu un léger contre-temps. Explique-t 'il en montrant Aslak du doigt. Et on a croisé toute une tripoté de goblins et de grizlectes sur le chemin du retour.

-Je vois...

Elle comprend en constatant le regard, empli de détresse, du garçon au cheveux blond et ne leur en veut pas de l'avoir autant inquiété.

-Bon... J'imagine qu'il serait temps pour toi de réaliser ton premier échange de pierre magiques. Qu'est-ce que tu en dis ? propose-t 'elle avec un sourire en coin.

Apaisée et de nouveaux sereine, la jeune fille reprend son attitude professionnelle, guidant l'aventurier dont elle a la responsabilité. Arrivant face au bureau d'échange, accompagné des deux novices, Misha prend place derrière le comptoir et demande à Yannis son butin de joyaux. Alors il se sépare de son havresac un instant pour en sortir une besace, dont le lacet de cuir n'est pas fermé tant elle déborde de pierres scintillantes. Certaines tombent au sol dans son geste.

-Tu as récolté tout ça à toi tout seul ? s'étonne-t 'elle, sa voix résonnant à travers la grande salle d'accueil.

-Oui je te l'ai dit, on s'est retrouvé acculé et j'ai dû foncer dans le tas pour pas y rester. Répond-t 'il, calmement, alors qu'il s'empresse de ramasser les quelques cristaux tomber au sol.

Elle reste perplexe. Certes cette récolte n'est pas la plus impressionnante, mais elle est tout de même digne d'une capacité de combat redoutable, surtout venant d'un aventurier débutant.

-Alors ? Combien tu m'offre pour tout ça ?

-Ha ! Oui... Laisse-moi une seconde.

Hésitante, elle trie les pierres à l'aide d'un objet similaire à un tamis, puis elle les examine et fini par les pesé. En vérifiant sur un tableau de prix, Misha n'en revient pas qu'un novice puisse prétendre à une telle somme.

-Je... euh...Je peux te proposer 9500 Varis. dit-elle finalement.

Aslak ne semble pas étonné. Après tout, il a lui-même été témoins de la "récolte" de ces pierres. Trouvant la somme acceptable, Yannis se contente de remercier chaleureusement sa conseillère, toujours aussi surprise par ses exploits, et s'apprête à renter. Il s'empare de la pochette, pleine de pièces sonnantes et trébuchantes, avec satisfaction. Mais, alors qu'il passe les grandes portes du bâtiment de marbre, il s'arrête lorsqu'il entends la jeune fille interpeler Aslak.

-Et toi, tu veux échanger tes pierres magiques ? Profitons en tant que je suis là. Lance-t 'elle au deuxième aventurier.

-Hum... Non ça ira. De toute façon je n'ai rien récolté aujourd'hui. Répond-t 'il, embarrassé.

Arrêté dans son élan par le court échange, Yannis lance un regard en coin à Aslak.

-Comme tu veux. Bonne soirée !

Misha salue ses collègues à la volée et prends ses affaires pour rentrer chez elle. Dans des bruits de talons heurtant le sol, tous trois quittent la guilde et se séparent, se dirigeant chacun vers leurs habitations respectives.

Et une journée de plus..! se dit-elle, ressentant la fatigue peser sur ses épaules.

°°°°°°

L'atmosphère, qui règne au sein des rues marchandes, est paisible et rassurantes. Les mélodies jouées par les artistes à l'intérieur des tavernes, les chants, les rires et l'odeur enivrante des bons plats. Tout me ferait presque oublier qu'il y a dix minutes, ma dague déchirait la chair et faisait gicler le sang des bête féroces peuplant le Donjon. Car me voilà, déambulant dans les artères de la cité labyrinthe, dans le seul but de rentrer au quartier général de ma Famillia. A la fois pour mettre à jour mon statut auprès de Miach, parler de ma première expédition à mes acolytes et surtout, me reposer jusqu'à demain...

-He, Yannis !

-Maître Bell, attendez !

Deux voix enfantines se précipitent vers moi. L'une bien plus masculine que l'autre. En me retournant, je parviens facilement à identifier le garçon au cheveux blancs que j'avais rencontré le matin même.

-Bell ? Qu'est-ce que tu fais là ? Fais-je, surpris par sa soudaine apparition.

- Eh bien, je voulais te voir pour que tu me raconte ton exploration, mais je ne t'avais pas vu sortir de la guilde alors... J'étais un peu anxieux... Dit-il en passant sa main derrière sa tête.

Une autre personne nous rejoins à petits pas pressé, l'air dépassé par le comportement de Bell.

-Maître Bell ! Vous seriez gentils de ne pas me laisser en plan derrière vous ! Grogne la petite fille présente à ses côtés.

Pour être exact, cette personne est une prum. Les prums sont une race de semi-humain, dont l'apparence immature est une de leurs caractéristiques, en plus de leur mauvais caractère.

-Désolé Lili... Répond-t 'il avec sincérité à la jeune fille.

Maître Bell... ?

Sur son dos minuscule, tient un havresac d'une taille invraisemblable. Pesant bien six à sept fois le poids de celle qui le porte, il ne semble pas être plus lourd qu'une plume. Car son encombrement ne l'empêche pas de courir, gesticuler ou simplement marcher.

-Yannis, je te présente Liliruca Arde, ma porteuse !

-Enchanté. Dis-je banalement en direction de la petite prum, qui me rend un hochement de tête. Ta porteuse ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Ah c'est simple, elle m...

-Je suis le soutient de Maître Bell lorsqu'il se rend dans le donjon !

Bell s'apprêtait à répondre, mais Liliruca l'a interrompue d'une voix enjouée.

-Son soutient ?

-Oui ! Mon rôle est de préparer les objets dont il a besoin, récolter les pierres magiques et drop item et aussi d'utiliser toute mes connaissances du donjon, pour que nos explorations soient fructueuses.

-Ho je comprends ! Et du coup, toi aussi tu fais partie de la Famillia d'Hestia ?

-Moi ? Non non, même si j'aimerais beaucoup. Répond-t ‘elle en rougissant légèrement. En fait, Maître Bell achète mes services en partageant ses gains avec moi.

Elle ajoute qu'aux abords de la guilde, de nombreux aventuriers inférieurs proposent leur aide en tant que porteur à ceux de rang bien plus élevé, et que si je n'ai pas encore reçu de proposition, cela ne saurait tarder. De plus, il m'est possible de demander à ma conseillère de me trouver un porteur et d'organiser une rencontre avec plusieurs candidats. Mais cela n'est pas gratuit évidement.

-Je pense que je vais me contenter de mes propres capacités, pour le moment. Mais merci pour ces informations Lili !

-Pas de quoi !

Tout à coup, Liliruca s'agite et écarquille les yeux comme si elle venait de se souvenir de quelque chose d'important.

-Ho, maître Bell nous devons passer par la boutique du gnome pour récupérer mon arbalète !

-Ha oui, j'avais presque oublié. Lui répond Bell, tout aussi désarçonné. Désolé Yannis, on pourra discuter un autre moment ?

-Bien-sûr ! On se recroisera surement dans le Donjon !

Après quelques salutations échangées à la hâte, le garçon et sa partenaire partent en direction de la grande rue Nord-ouest. Il est plus que temps pour moi de rejoindre ma Famillia. Pour ne pas perdre de temps j'accélère le pas, traversant ruelles après ruelles, pour finalement déboucher sur le petit quartier de modestes bâtisses. En voyant la lumière émanant des fenêtres de la pharmacie, je ne peux m'empêcher d'imaginer la tête de Nahaza, folle de rage due au temps que j'ai mis pour revenir. Alors que j'ouvre la porte grinçante de notre repère, tentant de trouver les mots pour calmer la tempête, ce n'est ni la femme-chien, ni Miach qui me fait face, mais un vieil homme aux cheveux gris et à la barbe blanche.

-Euh... Bonsoir ? Fais-je, surpris par sa présence.

Son regard émeraude reste fixé sur moi pendant un instant. Après m'avoir dévisagé, il sourit avec ironie. Il se retourne vers ma divinité, ses nombreux bijoux teintant dans son geste, pour lui adresser la parole.

-Alors, c'est lui le fameux humain ? Mon pauvre Miach, moi qui pensais que tu aurais assez de dignité pour laisser tomber et retourner au ciel... Hahaha, tu as fait appel à un jeune homme bien naïf ! S'exclame-t 'il à pleine voix.

C'est quoi son problème ?

Nahaza, présente en retrait, ne dit pas un mot et semble serrer les dents, fustigeant l'homme à la barbe. Préférant rester silencieux, je me contente d'examiner son comportement pour savoir quoi répondre. Mais mes yeux se posent finalement sur une personne qui semble accompagné l'individu disgracieux. C'est une jeune fille, surement plus jeune que Nahaza, habillée d'une tunique de combat blanche. Ses longs cheveux noirs et lisses, ses traits fins et son regard affuté lui donnent une allure princière. Une noblesse apparente qui se démarque complètement de l'endroit où elle se trouve. Sans mots dire, elle reste derrière le vieil homme, se faisant discrète mais paraissant bien prête à le défendre en cas de problèmes. D'ailleurs, il se retourne pour me faire de nouveau face et m'adresser la parole.

-Mais dis-moi, quel est ton nom ? Déclare-t 'il en souriant faussement.

-Moi ? C'est Yannis, juste Yannis. Répondis-je d'un ton impassible.

-Yannis ? Je vois, et d'où viens-tu mon cher ami ?

Un simple coup d'œil à Miach, me répondant en hochant la tête sur le côté, me laisse comprendre quelle réponse je dois donner.

-Je suis originaire d'un petit village, situé au sud d'Orario.

-Ho, un campagnard ! Hahaha ! S'esclaffe-t 'il de plus belle.

La jeune fille derrière lui reste stoïque, mais n'a pas pu s'empêcher de tourner les yeux lors de notre échange, ce qui m'a permis d'apercevoir une oreille pointue sous sa chevelure. Pour moi, il n'y a plus aucuns doutes. La grossièreté du vieillard avec ma divinité, son manteau richement décoré, le comportement de l'elfe qui l'accompagne et surtout, les regards que mes acolytes posent sur eux. Ces gens ne sont autres que Dian-Cècht en personne et la capitaine de sa Famillia, Filvis Challia.

Aussi connu sous le nom de Banchee parmi les aventuriers, j'ai entendue parler d'elle par le biais de Misha qui m'a renseigné sur les Famillia à problèmes. Aventurière de niveau 3, elle à cesser d'explorer le donjon lorsque sa divinité en a fait sa garde du corps. Malgré son visage amical, elle est une terreur et a plusieurs fois participer aux exactions de Dian-Cècht à l'encontre de Famillia adverses. D'ailleurs, sa présence n'est pas un hasard. Elle est ici pour nous faire pression.

Dian-cècht aurait pu se déplacer jusqu'ici tout seul, étant donné que tout action violente à l'égard des dieux punis par un châtiment bien plus cruel que la mort. Après tout, les dieux peuvent disparaître de notre monde, mais ils restent des êtres immortels. Et ils n'oublient jamais...

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