Chapitre 7
J’avais commencé le traitement de Jeanne hier et ce matin, impossible de sortir du lit. Un horrible mal de tête et des frissons m’obligeaient à rester sous la couverture. Océane était même aller en chercher une supplémentaire. Malgré le soleil qui chauffait la chambre, j’étais frigorifiée.
— Chérie ? Emma t’a fait un thé pour te réchauffer.
— Je ne suis pas sûr de pouvoir avaler quoi que ce soit.
— Tu as aussi des nausées ?
— Pas pour le moment, non.
— Bois, ça te fera du bien.
Je me redressais dans le lit et Océane déplaça le plaid sur mes épaules pour me maintenir au chaud. Elle me tendit une tasse bien chaude qui m’apporta immédiatement du réconfort, aussi bien sur mes mains glacées que dans tout mon corps dès la première gorgée.
— Tu n’as pas de fièvre pourtant, reprit-elle après avoir posé sa main sur mon front.
— Tu sais bien que je tombe malade pour un oui ou pour un non.
— Quand même, ça faisait longtemps que tu n’avais pas été ainsi clouée au lit. Tu es sûr que tu n’as pas attrapé un virus ou quoi que ce soit d’autre ?
— Il n’y a pas d’épidémies en ce moment, Océ. Ça va passer, comme toujours.
— Jeanne viendra te voir dans la journée. Bois ton thé est repose-toi. Je reviendrais un peu plus tard.
Elle m’embrassa sur le front et sortie. Je savais ce qui me mettait dans cet état, mais je ne pouvais pas lui dire. Pas encore. Je commençais à peine se traitement, il fallait laisser le temps à mon corps de l’accepter. Il fallait aussi trouver le bon dosage, ce qui n’allait pas arriver dès le premier essai. Même j’étais au plus mal, je devais seulement attendre. Attendre que les nouvelles molécules se stabilisent dans mon corps. Attendre de trouver les bonnes formules.
Je terminais rapidement ma tasse de thé avant de me recoucher. Je m’endormis rapidement et fus réveillée délicatement par Jeanne. Elle faisait son travail de médecin avec soin.
— Avec le Dr Langstone, on a retravaillé les molécules et leurs doses. On le modifiera jusqu’à ce que vous alliez mieux, jusqu’à ce que tout soit correct. Allez-y, prenez-le.
— Merci. Vous n’avez rien dit à Océane, n’est-ce pas ?
— Non. Pour le moment, le Dr Langstone lui a dit que ce n’était qu’un coup de fatigue, mais que ça pourrait durer quelques jours. Et qu’il vous fallait juste du repos.
Je récupérais le cachet qu’elle me tandis ainsi que le verre d’eau. Après l’avoir avalé, je me recouchais, au chaud sous la couverture. Jeanne s’assura que j’étais confortablement installée, débarrassa ma table de nuit encombrée d’une tasse et d’un verre et sortie de la chambre. Je pus me rendormir, profitant encore un peu de l’absence des enfants et surtout de l’absence de Lizéa pour me reposer.
A mon troisième réveil, j’étais légèrement en meilleure forme. J’en profitais pour faire un tour dans le jardin, afin de prendre l’air, de sentir la chaleur du soleil sur mon visage. Océane me rejoignis. Arrivant derrière moi, elle glissa ses bras autour de ma taille et posa son menton sur mon épaule.
— Ça va mieux, mon amour ?
— Pour l’instant, oui. Mais je ne suis pas sûr que ça dure longtemps.
— Tu aurais dû rester coucher dans ce cas.
— Ne t’inquiète pas, chérie.
— Tu es sur ? Je ne voudrais pas que tu tombes plus malade que tu ne l’es déjà.
— Jeanne m’a donné des médicaments pour que je me rétablisse au plus vite.
— Je vais m’occuper de toi, j’ai un peu de temps. Dis-moi ce que tu veux. Un bain, un massage.
— Hum… les deux ?
— Si c’est ce que tu veux.
Elle m’embrassa dans le cou, sa main glissa sur mon ventre avant de rejoindre ma main. Je la suivis dans la chambre et pendant qu’elle me fit couler le bain, je me préparais. Dès qu’il fut près, je m’installais confortablement dans cette eau chaude, mousseuse et parfumée. Océane s’assit sur le rebord de la baignoire, récupéra un gel massant et posa délicatement ses mains sur mes épaules. Son massage me détendit rapidement. Ses doigts détendaient aussi bien les muscles de mon cou que ceux de mes épaules. Je fermais les yeux, profitant de l’instant. Je l’entendis se rapprocher de moi, son souffle chatouillant mon oreille.
— Et si je te rejoignais, mon amour, murmura-t-elle.
— Profite en tant que je ne me sens pas trop mal.
— Faut pas me le dire deux fois.
Ses chaussures claquent doucement sur le carrelage quand elle rejoint la chambre. Son retard, cependant, se fit sans le moindre bruit. Elle attacha ses cheveux et, après m’avoir demandé de me décaler, elle se glissa dans mon, m’installant entre ses jambes. Ses bras autour de ma poitrine, je pris appuyé contre elle. Sa peau contre la mienne, ses doigts parcourant délicatement mon ventre, c’était réconfortant. Avec elle à mes côtés, je savais qu’elle ne laisserait jamais rien m’arriver. Hier, elle m’avait dit qu’elle ne m’abandonnerait jamais et je la croyais. Je pouvais lui remettre ma vie entre les mains sans aucun problème. J’avais une confiance aveugle en ma femme, avec qui je vivais depuis maintenant dix-sept ans.
Je n’avais jamais rien caché à ma femme, mais depuis hier, depuis le début de traitement, j’avais l’impression de la trahir en gardant ce secret. Mais j’avais besoin de ce temps pour moi, pour comprendre ce qui m’arrivait, pour comprendre les épreuves que j’allais traverser avant d’arriver à en parler à Océane. Dans ce bain relaxant, dans les bras de ma femme, je fermais les yeux, savourant chaque instant passé à ses côtés. Ma plus belle réussite depuis que j’étais devenue Impératrice, c’était ma famille. Malgré tous les obstacles que j’avais pu affronter, je m’en étais toujours sortie vivante et plus forte grâce à ceux qui m’avaient entourée. J’avais su faire face à l’opinion publique pour épouser Océane. J’avais trouvé le courage de fonder une famille en n’ayant que peu d’expérience sur le sujet. J’avais réussi à rétablir ma relation avec mon fils, à retrouver sa confiance.
Même si je devais tout perdre du jour au lendemain à cause de la maladie de ma mère, qui serait bientôt la mienne, je savais que je ne serais pas seule. Je savais que ma femme, comme mes enfants, lutterait pour moi quand je ne le pourrais plus. Même si je devais tout perdre, j’étais fière de ce que j’avais réussi à accomplir. Fière de ce qui avait fait de moi la femme, la mère, l’Impératrice que j’étais aujourd’hui.
On resta dans le bain, immobile et silencieuse jusqu’à ce que celui-ci commence à refroidir. Océane sorti la première, attacha sa serviette autour de sa poitrine avant de m’aider à en faire de même. Elle me proposa ensuite d’aller grignoter un peu. Après s’être rhabillés, on descendit main dans la main jusqu’aux cuisines. Elles étaient actuellement désertes alors que ma femme en profita pour farfouiller dans les placards. Elle sortit deux tasses pour faire chauffer de l’eau ainsi que deux sachets de thé aux fruits rouges. Dans un autre placard, je la vis récupérer une boite de gâteau. Elle déposa tout devant moi et je reconnus des financiers. Mon thé correctement infusé, Océane le glissa devant moi.
— Tu te sens mieux ?
— Oui, merci. Je t’avais dit que ce n’était pas grand-chose.
— Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour toi. Tu as la santé fragile.
— Beaucoup moins qu’il y a quelques années.
— C’est pas faux. Tu as repris du poil de la bête.
— Ça aide de sortir en ville.
Profitant de la disparition temporaire de mon mal de tête, je rigolais avec Océane. Nous étions enfin seules dans une pièce, sans personne pour venir nous déranger toute les dix minutes pour une question, nous transmettre un dossier ou simplement attirer notre attention avec Lizéa. La discussion dévia sur l’avenir des enfants. On se mit rapidement d’accord pour n’autoriser Elise à devenir Impératrice, qu’à la fin de ses études anniversaire. Pour Lizéa, nous avions encore le temps d’y voir venir alors qu’on préféra se concentrer sur Benjamin. Celui qui voulait voyager, visiter le monde, dès l’obtention de son diplôme et la fin du lycée. Celui qui ne voulait pas poursuivre les études. Nous voulions l’aider au maximum à préparer son voyage, mais il ne nous donnait que peu d’informations.
Nous ne savions avec qui il allait partir, ni pendant combien de temps ni même les contrées qu’ils voulaient explorer. Le fait qu’il ne nous disait nous inquiétait. Nous avions peur qu’il lui arrive quelque chose durant son voyage, mais surtout que nous ne puissions rien faire pour l’aider. Parce que nous ne saurions pas où il est, ni même s’il lui arrivait un pépin. Nous avions besoin d’une personne de confiance auprès de lui pour nous rassurer jour après jour.
De toute façon, tout ce que nous pouvions faire pour le moment, c’était d’en discuter. Ben voulait tout organiser tout seul et nous voulions respecter son envie, même si nous n’étions pas sereines.
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