Erwan

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Elle avait rencontré Erwan à l’atelier d’écriture dans lequel elle s’était inscrite en début d’année. Quand il entra dans la salle qui leur servait d’atelier et qu’elle le vit, elle ne put s’empêcher de se dire : Wouaw ! Canon le mec ! Mais elle baissa les yeux quand elle comprit qu’il cherchait une place libre. Oh mon dieu ! Pourvu qu’il ne vienne pas à côté de moi ! Pensa-t-elle. Elle le trouvait très beau gosse mais elle se sentirait super gênée s’il venait s’assoir à son pupitre. Sa timidité avec les garçons la mettait parfois dans des situations bizarres…

Erwan était dans le top cinq des beaux gosses de l’école. Il était grand, fin mais très musclé. Il avait une belle masse de cheveux noirs bouclés qui contrastaient avec des yeux verts magnifiques. Il savait prendre soin de lui sans trop en faire non plus. Sa peau bronzée était parfaite. Il savait s’habiller et portait toujours des vêtements qui mettaient en valeur son physique et faisaient ressortir son regard. Mais ce que remarqua en premier Alice chez lui ce fut son sourire. Il était magnifique et craquant. Quand il souriait, ce qu’il faisait lorsqu’il entra dans la salle ce jour-là, tout son visage s’illuminait. Son sourire lui donnait un regard pétillant, bienveillant et très sympathique. Il émanait d’Erwan une aura de gentillesse, de douceur et de modestie.

Un jour qu’elle en discutait au Subway avec ses quatre amies, Léa lui avait mis une tape sur l’arrière du crâne.

- Sourire, gentillesse, douceur et modestie ! Non mais Alice, tu déconnes ou quoi ? Son boule, putain, dis-moi pas que t’as pas craqué sur son beau p’tit cul de diiiiiiiingue !

Oui, Alice avait aussi vu ça, mais elle était trop pudique pour l’avouer et en parler.

Erwan s’avança dans la salle. Alice se répétait une litanie : Pas moi, pas moi, pas moi… Quand il lui demanda :

« C’est libre ici ? » En désignant la place à côté d’elle, son cœur s’accéléra brutalement et elle faillit répondre

« NON ! J’attends quelqu’un ! » Mais elle aurait menti et Alice ne ment pas.

- Ou-oui ! balbutia-t-elle troublée.

Je rougis ! Et il va voir que je rougis ! Hooooo, la honte ! Se dit-elle. Ce qui la fit rougir encore plus, la timidité est un cercle vicieux !

Il s’assit à ses côtés.

- Salut, moi c’est Erwan, enchanté ! dit-il avec son sourire magnifique en lui tendant la main pour la saluer.

Le cœur d’Alice explosa dans sa poitrine et elle est rougit encore plus. Elle a tout juste pu lui balbutier un truc du genre :

- Bjour, ‘lice.

Ses mains étaient moites et elle serra la sienne du bout des doigts pour éviter qu’il ne s’en rende compte. Ho nooooon ! Il a dû me prendre pour une débile ! j’suis nuuuulle ! Erwan lui avouera plus tard qu’il ne l’avait pas trouvé nulle à ce moment-là, mais charmante et juste un peu timide.

- Eh bien bonjour Lice, enchanté de te rencontrer !

- Moi aussi. Réussit-elle tout juste à dire tant sa gorge était serrée. Elle ne le corrigea pas sur son prénom.

Leur vieux professeur de littérature, M. Bornet, prit la parole pour commencer son cours. Erwan se pencha vers elle et lui chuchota en pointant du doigt la trousse d’Alice ouverte devant elle :

- J’adore les chats ! J’en ai un aussi. Grand sourire.

Derrière une petite poche en plastique transparent à l’intérieur de sa trousse il y avait la photo de Dinah, son amour de chat. Elle sourit à Erwan et se détendit. Il avait trouvé les bons mots…

Avec le temps et au fil des rencontres à l’atelier d’écriture, Erwan était bienveillant et patient. Petit-à-petit Alice se détendit et s’habitua à sa présence. Ils sympathisèrent et découvrirent qu’ils avaient de nombreux points communs. Ils commencèrent à se voir souvent à l’extérieur du cours pour parler de tout et de rien. Erwan était curieux, intelligent et s’intéressait à de nombreux de sujets. Ils avaient le même humour et riaient souvent quand ils étaient ensembles. Et puis lui aussi adorait lire et ils passèrent beaucoup de temps à parler bouquins, littérature, art et histoire. Au fil du temps ils devinrent amis. Alice et son grand cœur avait aussi parfois consolé Erwan de ses chagrins d’amour… Elle était un peu sa confidente, sa « frangine ».

- Pourquoi je tombe jamais sur quelqu’un comme toi ? Lui avait-il dit un jour dans une de ses peines de cœur.

Il avait la tête posée sur les genoux d’Alice et des larmes dans les yeux. C’est une bonne question, ça, Erwan !

Pensa-t-elle à ce moment-là, perso je suis libre, pas de problème, mais voilà, Erwan, tu es Erwan et moi Alice et à priori ce n’est pas compatible, dommage… Bien que moi je sois prête à tenter l’coup, mon p’tit chou ! Elle passa avec délectation sa main dans les épais cheveux noirs du garçon et lui répondit :

- Je suis sûr que tu vas trouver quelqu’un de bien, Erwan, tu l’mérites !

Elle avait clairement le béguin pour lui.

C’est à lui qu’elle pensait en pleurs enfermée dans les toilettes à essayer de récupérer de sa rencontre avec Pat. Ça la réconfortait. Elle aurait aimé pouvoir se blottir dans ses bras pour pleurer toutes les larmes de son corps pour oublier l’abominable « caillera ». Erwan, n’étaient pas comme la plupart des autres garçons, il était sensible, respectueux et bienveillant. Pas du tout le genre de mec à traiter un copain de fils de pute et à en rire avec lui ! Non, décidément elle ne comprenait rien aux mecs. A part Erwan, mais Erwan est Erwan ! Pas deux comme lui…

Après s’être calmée et tant bien que mal rafraîchi le visage au lavabo, elle partit en cours, comme si de rien n’était. Elle arriva en retard. Elle s’excusa mais ne se justifia pas et elle se prit un blâme. Elle ne veut pas d’histoires, Alice, sauf dans les livres… Seulement les bruits circulaient vite dans l’école et cette affaire, qui eut beaucoup de témoins, parvint aux oreilles de ses amies. Pat le « caillera » se retrouva immédiatement sous surveillance serrée sans qu’il le sache.

Et en ce début d’après-midi là, il n’aurait jamais dû aller en « poser une » comme il disait quand il partait aux toilettes…

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