Moi Simba
Je m'appelle Pierre et je suis aveugle depuis ma naissance. Je n'ai jamais pu voir le monde qui m'entoure, ne pouvant qu’imaginer à quoi il pourrait ressembler. C'est tellement triste je trouve que de se sentir différent , je ne veux pas dire qu'être différent est mal loin de là, même que pour certain cela peut être une force mais ... pas pour moi. C'est tellement dur d'avoir l'impression de grandir dans un autre monde que les autres. Chaque jour de simples phrases peuvent me briser, des phrases comme '' oh regardez cette oiseau-là bà, il est magnifique '' ou encore '' quel beau coucher de soleil, les couleurs sont incroyables" car pour moi qui ne vit que dans le noir qu'elle tristesse de ne pouvoir distinguer les couleurs, les nuances ou bien les formes. C'est comme ça, je ne sais ni à quoi ma mère ressemble, ni mon père, ni ma sœur, ni même moi ... Peut-être que grâce à ça je suis plus objectif ne pouvant donc pas juger les gens sur leur physique, cela limite les préjugés. Mais d'être différent est aussi une chose qui nous met à l'écart des autres. Mes années de collège furent les pires années de ma vie ! Est-ce que les gens se rendent compte de la cruauté dont ces monstres peuvent faire preuve ?
C'est à cause du dysfonctionnement de mes yeux que je suis devenu quelqu'un de plutôt solitaire. Je ne sortais pas beaucoup car ma mère faisait preuve de surprotection envers moi, c'est vrai quoi j'aurais pu me prendre n'importe quoi dans la rue, une poubelle comme une voiture. Si bien que je me suis réfugié dans les livres, mais bon j'avais toujours l'impression de manquer quelque chose, l'impression de moisir peu à peu dans ma chambre. Tout ça pour vous dire que l'autre jour, à la sortie des cours j'attendais ma mère qui devait venir me chercher pour me ramener à la maison. Mais un brouhaha commença à se faire entendre. C'est en tendant bien l'oreille que je pu constater qu'une bagarre venait d'éclater. C'était fréquent et je n'y prêtais pas plus attention que ça. Quand tout à coup quelque chose ou plutôt quelqu’un me percuta l'épaule. Silence plus personne ne parlait, puis une voix s'éleva et je n’eus aucune peine à la reconnaître. C'était celle de Mike une brute sanguinaire qui depuis l'école primaire me terrifiait. C'est alors que je sentis une main m'attraper par le col de mon sweet et me plaquer contre un mur. Mike me dit alors :
« Alors comme ça tu oses me toucher ? t'es répugnant Simba ! »
Petite note pour vous expliquer l'origine de ce surnom. En classe de troisième ma grand-mère m'avait offert un t-shirt. Comme j'étais aveugle je n'ai pas pu voir à quoi il ressemblait. Mais j'ai pu m'en rendre compte très vite car quand je suis allé au collège le lendemain tout le monde se moquait de moi, je crois que ce fut un des jours où j'ai eu le plus honte. Quand je suis rentré chez moi le soir j'ai demandé à ma sœur de me dire ce qui était inscrit sur mon t-shirt et elle m’a dit que c'était un dessin de Simba qui me faisait un câlin, c'est donc ce que Mami avait voulu dire en me disant que ce cadeau avait été créé spécialement pour moi, elle avait imprimé ma tête sur le t-shirt !!! Et pour couronner le tout en lettres roses il était apparemment écrit '' I Love Simba '' mais quelle idée avait bien pu traverser la tête de Mami le jour où elle m’avait acheté ça !?! Bref après cette incident le surnom est resté et on continua de m'appeler Simba.
Mon cœur s'est accéléré, mes poils se sont herissés par la peur et je me suis préparé à me prendre une droite de la part de Mike. Mais avant que son poing ne m'atteigne quelque chose le chargea et j'entendis ma sœur hurler :
« T’as pas honte espèce de pourriture, Tu joues les gros durs mais tu ne t'en prends qu'aux personnes plus faibles que toi. »
Puis suivit un claquement. Je pus en déduire qu'elle venait de le gifler. Et instinctivement un sourire se fendit sur mon visage. Des pas se sont rapprochés. Ma sœur brailla :
« Excuse toi maintenant !!!! »
Et c'est d'une voix toute penaude que Mike me dit :
« é é excuse-moi Simb ... euhhh Pierre. »
Je ne lui répondis rien car un bruit de crissement de pneu et une voix familière me fit comprendre que ma mère était arrivée. Le bras de ma sœur se glissa sous le mien, elle m'escorta et me fit monter dans la voiture. Nous sommes partis et dans ma tête je me fis une raison. Peut-être que la vie serait plus dure pour moi, que je devrai surmonter plus de difficulté que les autres mais j'avais une famille sur qui compter. Et de mes lèvres s'échappa dans un murmure un mot que trop de gens oublient de prononcer :
Merci ...
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