Chapitre 19

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Ambre 1

-16 décembre

Nous étions tous les deux sur le pas de la porte, j'avais une étrange boule dans le ventre. Ce n'était pas dans mes habitudes de rencontrer ma « Belle-famille ». Il m'avait assuré que personne ne serait chez lui. Mais dans le fond, j'avais un doute.

  • Allez n'est pas peur !

  • Tu es malin toi, j'aimerais t'y voir tiens.

C'était bien la première fois que j'entrais chez un garçon, et vu les maux d'estomacs qui me prenaient, sûrement la dernière. Mon petit ami passa devant moi, ouvrant la marche. De l'extérieur, la maison était grande. De l'intérieur, c'était fabuleusement gigantesque. Incroyablement gargantuesque. Lorsque je suis entrée, la propreté immaculait la maisonnée. Je croyais être tombée droit dans un magazine de décoration. Les canapés en cuir noir, les tapis en fourrure... Lumière filtrant à travers les innombrables fenêtres. Tout était grand tout était beau, tout était propre... Tout ce qui pouvait me mettre mal à l'aise.

  • Suis-moi, pas la peine d'enlever tes chaussures.

  • Pourquoi ? Parce qu'on a le droit de salir ? Ou bien parce que tu comptes m'éjecter de ce palace dans peu de temps ?

La tête du brun, s'illumina de malice. J'adorais ça.

  • Qui sait... M'a-t-il simplement dit.

  • Dans ce cas, je garde ma veste également. Ai-je rigolé.

Un rire franc est sorti de la bouche de Dean . Comme il était beau quand il riait. Ses yeux étaient remplis de malice et d'amusement. C'est ce qui m'avait touché chez lui. Jamais sérieux, toujours une blague en réserve. Nous, nous étions rencontrés quelques semaines plus tôt, et après une nuit plus que satisfaisante, il m'avait rappelé à ma grande surprise. Lui et moi, savions tous les deux à quoi nous en tenir. Aucun ne voulait d'une relation sérieuse. Et pourtant, ça en avait tout l'air. Ma foi, nous rigolions beaucoup ensemble, sans jamais se prendre la tête sur ce qui se passerait demain. Cela était suffisant.

  • Tu veux boire quelque chose ?

  • Un truc sans alcool.

  • Chochotte.

  • Il est dix heures du matin. Jus d'orange.

Sa cuisine était tout comme le reste de sa maison... Autrement-dit un peu trop luxueuse pour moi. Moderne, fonctionnel. Gris et noir pour rappeler le reste de la baraque. Je n'arrivais finalement pas à me détendre.

  • Attends, je reviens !

Quoi ? Non, non, non. Il fait quoi là ! Putain Dean revient ! Je penchais ma tête sur le côté, pour voir dans quelle direction il allait. Il se dirigea de nouveaux verts la porte d'entrée mais s'arrêta devant un escalier en colimaçon.

  • Damon ! Descend s'il-te-plaît.

Il revint vers moi.

  • Je croyais qu'il n'y avait personne. Dis-je soupçonneuse.

  • Ce n'est que mon petit frère.

Il n'en restait pas moins son petit frère pour autant. Au-dessus de ma tête des pas lourds et pressés se firent entendre. Mes poils se dressèrent sur mes bras. Les pas devinrent de plus en plus nets au fur et à mesure que ce Damon descendait les escaliers. Enfin, un garçon arriva dans la pièce. Je fus choquée par sa ressemblance avec Dean . Les mêmes yeux, le même nez... Il se dirigea de nouveau vers la porte d'entrée, mais s'arrêta devant un escalier en colimaçon. Ses cheveux, eux aussi noir corbeau, mais ceux-ci étaient cours et en bataille. Comme des cheveux court iraient bien à Dean pensais-je. Il me regarda et de nouveau, j'eus la chair de poule. Son regard me fusilla littéralement. Je ne comprenais pas cette animosité injustifiée.

  • Quoi ? Dit-il enfin en s'adressant à son frère.

  • Elle est où maman ?

  • En course. C'est tout ? Ronchonna-t-il.

J'étais offusquée par l'impolitesse de ce garçon. Il avait beaucoup d'audace pour se permettre un tel comportement. Il ne devait pas avoir plus de quinze ans en plus. Si j'avais été sa mère, aucun doute que je lui aurais distribué une paire de claques. Mais ce comportement était-il habituel ou alors ça m'était destiné ?

  • Tu pourrais dire bonjour quand même ! Le réprimanda son frangin.

  • Ah oui, je ne fais plus gaffe à tes conquêtes maintenant. Salut fille dont je m'en fiche et que je ne reverrais sûrement jamais.

Voilà, j'avais ma réponse. Automatiquement, je me retournais vers mon petit ami. Des yeux ronds comme deux billes. Il ne semblait pas choqué contrairement à moi. Cela devait sûrement signifier que cette attitude était normale et habituelle chez lui. Mais je n'allais pas laisser un gamin me parler sur ce ton. Il allait se retourner quand je répliquais à mon tour.

  • Salut à toi, garçon hautain et visiblement très malpoli.

Ses yeux se plissèrent légèrement.

  • Elle est sérieuse celle-là ? Cracha-t-il à Dean .

Son regard se fit plus menaçant, plus transperçant. Oui, je lui aurais sûrement mis deux claques...c'était certain. Derrière moi, j'entendis rigoler son grand frère. Je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour.

  • Tu ne vas pas faire long feu ici. Me dit ce garçon hautain. Ne prends pas trop tes aises.

L'objectif de cette remarque, n'avait pour but, que de me blesser. Mais néanmoins, je souris encore plus. Je commençais très mal avec la famille Atkins moi. Ne prends pas trop tes aises.

  • Ce n'est que de l'humour, dis-je dans un rire sincère.

Je décidai de me lever de ma chaise, et de m'approcher de ce garçon glacial. Ma remarque eut le don de lui faire déplisser ses yeux. Il regarda la main que je lui tendais... avec incompréhension.

  • On recommence depuis le début d'accord ?

  • Humpf... Souffla-t-il.

Enfin, ses lèvres s'étirèrent légèrement.

  • Damon . Lâcha-t-il en serrant sa main dans la mienne.

  • Enchanté, Damon , moi c'est Ambre .

-4 Janvier

Finalement, les canapés en cuir n'étaient pas si mal. Mais, mon Dieu que je m'ennuyais.

  • Tu ne veux pas arrêter de changer de chaîne ? M'avait dit Damon affalé sur un fauteuil.

  • Je n'aime pas la télé.

  • Alors donne-moi la télécommande.

  • Non, juste pour te faire chier.

  • Putain! Vivement que tu dégages. Avait déclaré celui-ci.

  • En attendant, je garde la télécommande.

J'avais ri, lui, il s'était contenté d'étirer ses lèvres. Je commençais à cerner le personnage. Damon était un petit con, définitivement, mais il en restait tout de même un garçon attachant. Il avait beau dire ce qu'il voulait, s'il me détestait vraiment, il ne resterait pas à côté de moi à regarder la télé.

  • Bon, il est mort dans la salle de bains où quoi ? Dit Damon en parlant de son frère.

  • Sinon on part sans lui. Dis-je avec mesquinerie.

  • Arrête, j'en serais capable ! Il rigola.

  • Moi aussi. Dis-je espiègle.

  • Des fois, je me demande si vous êtes vraiment amoureux.

  • Amoureux ? Qui t'as dit une chose pareille ?

Il tourna ses yeux vers les miens et me regarda stupéfait.

  • Tu sors avec mon frangin oui ou non ?

  • Oui.

  • Je ne comprends plus rien là.

Je me mis en position assise. Le regardant ainsi avec autant d'incompréhension que lui.

  • Ton frère et moi, on n'a jamais dit qu'on était amoureux.

  • Mais... Commença-t-il en s'asseyant à son tour face à moi. Je peux savoir ce que vous foutez ensemble ?

  • Bah... On est bien tous les deux, on s'amuse bien, on s'entend bien...On a le temps pour l'amour Damon . On n'a pas quarante ans.

  • Je ne l'avais pas vu comme ça.

  • Il faut s'amuser pendant qu'on est jeune...

  • Mais vous êtes un genre de couple échangiste en fait.

Je ne pus m'empêcher de rire à cette remarque. Il simplifiait tellement les choses, que s'en était mignon.

  • Non, quand même pas ! Il ne faut pas abuser. Je ne suis pas comme ça.

  • Tu n'es pas comme quoi ? Dit Dean, qui venait d'apparaître dans la pièce.

  • Ton frère croit qu'on est des échangistes. Ris-je.

  • Hmm... Quelle idée alléchante.

  • C'est ça. Rêve toujours ! Dis-je en me levant.

  • Bon, on y va à cette foutue soirée ?

C'est vrai qu'il se faisait tard, nous étions attendus. Alors je mis mon menteau et suivis les deux frères Atkins dans la voiture. Le chemin, se passa dans la bonne humeur. Ou du moins dans ma bonne humeur. De temps à autre, je trouvais que ces deux garçons avaient tendance à être un peu trop taciturnes. Moi, je préférais profiter pendant que je le pouvais. Je ne pouvais m'empêcher de chanter les chansons les plus ridicules qui me venaient en tête. Passant des années quatre-vingt au rap vulgaire. Avec beaucoup d'efforts, je réussis à mi-chemin à dérider Damon qui se prit au jeu en me lançant des noms de chansons au hasard que je devais interpréter. Au loin, nous vîmes les voitures qui s'entassaient sur un parking. La musique sortait d'une des maisons, qui était remplie de personnes sortant et rentrant. Comme j'avais hâte de me défouler, de me déhancher. De boire, rire. Et puis c'était ma première soirée avec le petit frère de Dean . Et je comptais bien le décoincer un peu. À peine Dean était-il garé que je mettais les deux pieds joints dehors, sautillant pour que les garçons activent le pas.

  • Tu es une vraie gamine ! Dit Damon , déjà blasé d'être là.

  • Je te rappelle que je suis plus vieille que toi. Tu me dois le respect.

  • Et puis quoi encore ? Je suis plus grand en taille !

  • Non, ça ne compte pas ça. Dis-je euphorique d'être là.

  • Damon à raison.

  • T'es de quel côté toi ? Crachais-je à mon copain.

  • De celui des gagnants.

Finalement, je préférais ne pas répondre. J'avançais déjà à vive allure en direction de la musique.

  • Ambre! M'appela une voix féminine.

  • Jade!

  • Je t'attends depuis un moment !

  • Pas ma faute. Dis-je désignant du pouce les deux frangins.

  • Bon, je vais saluer les autres. Prévint Dean , en faisant la bise à Jade.

  • Damon vient avec nous ! Dis-je, en lui tirant la manche.

Enfin, les deux frères étaient séparés. Dean partit directement à l'arrière de la maison. Je ne cherchais pas à comprendre. Tous les trois, nous nous sommes incrustés au travers de la foule. Je ne lâchais pas la main de Damon , j'avais bien trop peur qu'il prend la fuite pour rester dans son coin. Nous avons directement pris la direction du bar.

  • Tu veux une bière ?

  • Je n'en sais rien. Souffla-t-il. Regardant de tout côté.

  • Je vois. Je lui servais une Vodka.

Jade discutait déjà avec d'autres filles. Peu importe. Je tendis son verre à Damon qui le regarda avec dégoût avant de le sentir et de reculer son visage du verre.

  • Suis-moi ! De nouveau, je le traînais à l'extérieur.

Mon Dieu que j'étais excitée, je ne savais plus où donner de la tête. Danser, boire, fumer...J'avais trop de choix. Mais visiblement le petit frère de Dean n'était pas à l'aise au milieu de tout ce monde. Dès que nous avons atteint l'extérieur, j'ai vu son visage se détendre. Je remarquais que toutes les filles devant lesquelles nous passions ne pouvaient s'empêcher de jauger Damon de haut en bas. Ma foi, je pouvais les comprendre. Le petit Damon était affreusement mignon, autant que son frère. Un trait de famille qui ne passait pas inaperçu. Le cadet Atkins avait du potentiel, dans quelques années, il pourrait sûrement se faire le même tableau de chasse que son frère.

  • Je ne suis vraiment pas à l'aise dans ces soirées où je ne connais personne.

  • Tu me connais-moi. Allez, cul sec !

Sans plus de mots, je buvais mon verre à très grosse gorgée jusqu'à ce qu'il soit vide. L'alcool me brûla la trachée. Damon , regarda son verre incertain.

  • Tu veux t'amuser ? Bois !

Il ne pipa pas mot et exécuta. Son visage se déforma dans une grimace hilarante. Mais, tout à son honneur, il cuva son alcool docilement. Je sortis un sachet de ma poche et pris deux petites pilules. L'une ayant la forme d'un trèfle, l'autre triangulaire.

  • Qu'est-ce que c'est ?

  • Ça, mon petit Damon , c'est ce qu'il te faut pour te décoincer.

  • C'est hors de question.

  • Pourquoi ?

  • Tu ne vas pas me faire croire que c'est de l'aspirine.

  • Non, de l'ecstasy. Dis-je neutre.

  • Je ne suis pas un putain de droguer.

  • Mais tu es un putain de quoi au juste Damon ?

Je lui tendis une des pilules. Il la regarda un instant, passant ses yeux de tour à tour entre ma main et mon visage.

  • Damon , tu ne vas pas devenir accro, mais tu as vraiment envie de passer une soirée de merde ?

Finalement, il capitula. J'en étais heureuse. Il fallait que quelqu'un l'initie aux joies de la nuit ce garçon. Je ne pouvais pas m'empêcher de rigoler en voyant sa nouvelle grimace, car la pilule passait mal.

  • Pourquoi tu ris ?

  • Pour rien. Dis-je toujours hilare. Tu verrais ta tête.

  • Tu ne t'arrêtes jamais de rire toi. Dit-il à son tour en souriant.

C'est vrai. Jamais. Mais il le fallait si je ne rigolais pas, j'allais pleurer à coup sûr.

  • Je suis toujours avec les batteries pleines ! Allez, c'est le moment de danser ! Dis-je en levant les bras.

Nous avions bu, quelques verres déjà. Dean nous avait rejoints pendant un moment, puis était reparti voir, je ne sais qui. L'alcool faisait tomber petit à petit mes inhibitions. Dansant calmement au début, maintenant, je sautais de tous les côtés faisant voler mes cheveux de gauche à droite. Je pouvais sentir chaque vibration de la musique qui résonnait dans ma poitrine. C'était tellement enivrant. J'avais également perdu Damon il y a quelques minutes, mon influence ayant fait effet, il s'était trouvé une fille plutôt jolie avec qui danser. Celui-ci revint d'ailleurs vers moi accompagné de sa compagne de danse.

  • Eh Ambre ! Tu es sûr que vous n'êtes pas échangiste ?

Je tournais ma tête dans la même direction que le petit frère Atkins . À côté du DJ, Dean se tenait près d'une fille. Trop près peut-être.

  • C'est le moment de marquer ton territoire, je crois.

J'écoutais effectivement Damon , et me dirigeais vers mon copain qui avait un sourire charmeur collé sur les lèvres. Arrivé à ses côtés, je reprenais mon sourire jovial. Comme si c'était mon genre de faire la jalouse.

  • Salut !

  • Salut Beauté ! Me dit Dean en me voyant.

Je poussais légèrement la jeune fille et embrassais Dean à pleine bouche. Il me regarda à la fois stupéfait et amusé. La jeune fille, hyper-mal à l'aise, était partie je ne sais où.

  • Qu'est-ce que tu me fais ?

  • Rien.

  • Tu es jalouse ? Rigola-t-il.

  • Non, je marque seulement mon territoire.

  • Je peux savoir ce que tu as fait à mon pauvre petit frère ?

  • Je l'ai seulement décoincé. Dis-je accompagné d'un clin d'œil.

  • Je vois.

Je repartis vers le bar pour me servir de nouveau shooter. Seulement au bout du troisième, l'envie de vomir me submergea. J'essayai de courir le plus vite possible à l'extérieur, poussant de toutes mes forces chaque personne se trouvant sur mon chemin. La plupart s'écartaient d'eux-mêmes quand ils me voyaient la main devant ma bouche. J'atteignis la sortie bien avant le moment fatidique, me permettant de m'éloigner à l'écart des regards indiscrets. Un des buissons qui se trouvait là fit l'affaire. Je recrachais tout ce que j'avais pu ingurgiter ces dix dernières heures. Mon Dieu, pourquoi quand on s'amusait un des inconvénients étaient obligatoirement ces vomissements incessants.

Je pense qu'il était judicieux que je m'arrête pour ce soir. Je pris mon téléphone et envoyais un message à Dean lui disant que je rentrais chez moi. C'était sûrement la dernière chose dont j'avais envie, mais il fallait être raisonnable. Et puis, il ne servait à rien de retarder l'heure fatidique. Quoi que je fasse, je savais que mon frère m'attendait de pied ferme.

À peine étais-je arrivée devant le taudis qui me servait de maison, que j'entendais les hurlements habituels. Je soufflais exaspérée. Mon sourire était maintenant loin de moi. Je ne pouvais pas l'avoir ici, je ne pouvais me le permettre. Et puis je n'en avais aucune envie. Alors je montais dans ma chambre pour ne pas voir mon ivrogne de père s'engueuler avec mon hystérique de mère. Je claquais la porte de ma chambre pour annoncer que j'étais ici et m'asseyais sur mon lit. Cette chambre était tellement minuscule. Elle ne faisait même pas la taille des majestueuses toilettes de la maison Atkins. Mais mon lit tenait. C'était suffisant. Je n'avais qu'une hâte, c'était de me coucher, mais j'attendis que le moment tant redouté arrive. Il ne me fallut pas attendre plus de quelques minutes avant la porte s'ouvrent dans un grincement désagréable. Il n'avait pas pris la peine de frapper. Mon frère me toisait de toute sa hauteur, connaissant très bien tout le poids de sa domination sur moi. Je m'étais automatiquement crispée, restant en position assise, évitant de le regarder.

  • Où étais-tu ? Chuchota-t-il menaçant.

Je ne répondis pas. Cela ne servait à rien, il le savait déjà.

  • Tu étais encore avec ce mec...Atkins .

Toujours silencieuse. L'ambiance était pesante, morbide et menaçante. Son regard accusateur était posé sur moi comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. À l'extérieur, mon frère était un ange, béni par la grâce des Dieux ; aimé de tous... Mais dès qu'il passait le pas de la porte. J'étais la seule à pouvoir voir son vrai visage. Un visage de monstruosité et de cruauté.

  • Je me demande lequel tu te tapes. Ou alors les deux frangins te passent dessus.

  • Je ne veux pas te parler. Osais-je.

Je lui avais répondu. J'allais payer mon audace. Je le savais. Mais il fallait qu'il parte d'ici ou alors j'allais m'évanouir d'ici peu.

  • Tss.. C'est ce qu'on verra. Dit-il en claquant la porte de nouveau.

Enfin, je pouvais reprendre ma respiration.

8 janvier

Je ne pouvais m'empêcher de rire. Je riais si fort, que je n'arrivais plus à respirer. Quand je suis arrivée dans la maison demeure familiale, Dean m'avait accueilli dans un sourire encore plus grand.

  • Qu'est-ce qu'il y a ?

  • Mes parents sont partis pour quelques jours tous les deux.

Je n'avais pas bien compris pourquoi il en était si heureux ; depuis le temps que je venais chez eux, je n'avais jamais vu ni père, ni mère. Cela ne devait pas changer d'habitude. Non, il souriait, car depuis un petit moment certaines choses me tracassaient. Bien sûr, je n'en parlais pas. Après tout, ça ne les regardait pas, mais Dean et ses yeux de lynx avaient dû voir ce petit ton morose que je trimbalais.

Et il était bien connu que Dean Atkins , restait Dean Atkins. Tout homme normalement constitué m'aurait réconforté, dit de belles phrases mielleuses. Non, mon copain avait eu la merveilleuse idée de m'attendre dans un coin avec de la mousse à rasée, au moment où je ne m'y attendais pas.

J'étais donc toujours en train de courir au milieu de la maison. J'avais déjà été visée plusieurs fois, mes cheveux étaient blancs crème. Mais dommage pour Dean , j'ai riposté avec la première chose que je trouvais. Autrement dit, du Ketchup. Maintenant, c'était la vraie guerre mondiale dans le salon. Nous étions en train de faire une grosse connerie, que nous allions regretter. Mais mon Dieu. Ô mon Dieu que je riais. Je ne savais même pas comment je pouvais encore courir.

  • Damon ! Dis-je en hurlant, morte de rire.

  • Personne ne viendra t'aider Ambre. Pas la peine de l'appeler. Me dit mon copain de la mousse à raser dans la main.

  • Oh ! Petit con ! Criais-je. Pour que Damon m'entende.

Aucune réponse. Dean m'avait coincé dans la cuisine, mais je réussis à m'enfuir en évitant son nouveau projectile. Je courus jusqu'à l'étage. J'ouvris la chambre de Damon , espérant ne pas le trouver dans un moment gênant. Mais il était assis sur son lit, son ordinateur devant lui. Dès qu'il me vit, il devint hystérique.

  • Putain de merde Ambre ... Qu'est-ce que tu...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que je traversais son lit en courant, comprenant que mon assaillant était juste derrière moi.

  • Sortez de ma chambre !

  • Damon ! Aide-moi.

  • Vous êtes vraiment deux putains de gamins de merde ! Regardez mes devoirs ! Avait-il hurlé.

Je n'avais jamais vu Damon dans une telle rage, même Dean s'arrêta. Comprenant que cette fois s'en était trop. Je descendais de son lit, pour rejoindre mon copain.

  • Desolé Damon .

  • Vous êtes vraiment deux putains de gamins de merde !

  • Pardon ! Dis-je gêner de lui avoir causé des problèmes.

Puis une idée de me vint... J'attrape le tube de mousse à raser et en mettait dans ma main. Damon me regardait toujours, ne s'attendant pas à ce que je lui jette une giclée de mousse à raser en plein dans la figure. Dean hurla de rire.

  • Ambre ! Avait gloussé mon copain entre deux hoquets hilare.

  • Enervé pour énerver..... Avais-je dit.

La moitié du visage blanc, une partie de cette mousse dans les cheveux, il me regarda avec haine, pulsion meurtrière. Pourtant, je ne regrettais pas. Puis dans ses yeux, je crus voir passer une once de vengeance.

  • Ambre.....

  • Oui, mon petit Damon ? Dis-je faussement gentille.

  • .....Cours...

Automatiquement, mon rire revint et de nouveau la course-poursuite reprit. Mais cette fois-ci, au lieu d'avoir un, j'avais deux Atkins à mes trousses.

Finalement, j'avais raison. On avait vraiment foutu la merde. Et pas qu'un peu. La maison était sens dessus dessous. De la mousse à raser, on était passé à la farine, la moutarde, l'eau, l'huile. Tout ce qui pouvait être jetable et qui ne ferait pas mal. Nous étions tous les trois assis sur le canapé, essoufflé. Nous regardions le désastre nous demandant sincèrement comment nous allions ranger.

  • Comment on va ranger sans que papa et maman s'en aperçoivent ?

  • Je n'en sais rien. Avait répondu mon copain.

  • Vous avez des parents riches non, Dis-je.

  • Oui et alors ?

  • Vous n'avez qu'à appeler une société de nettoyage.

  • Pas con.

  • Sinon ça va mieux ? Me demanda Dean .

  • Ouaip...beaucoup mieux. Dis-je.

  • Il ne faudrait pas le faire tous les jours. Ronchonna Damon .

  • On remet ça pour mon anniversaire. Dis-je encore tout sourire.

  • C'est quand ? Me demanda le cadet.

  • C'était il y a une semaine.

  • Quoi ? Firent les deux frères d'une même voix.

  • Je sais, je sais... Je n'aime pas trop le fêter. J'ai préféré me taire.

En vérité, je n'avais simplement personne pour me le souhaiter, mes parents étaient bien trop occupés à s'entre-tuer et mon frère à me tyranniser. C'était triste. Bien que je fasse tout pour me changer les idées, c'était également douloureux. Le constat était amer. Mon existence était apparemment trop insignifiante pour la fête. Non, je ne devais pas penser à cela.

  • Bon anniversaire Ambre .

  • Ouais bon anniversaire.

Alors que j'étais entre ces deux garçons, je ne pouvais pas m'empêcher de mettre ma main gauche dans celle de Damon, et ma main droite dans celle de Dean . Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu cette phrase pour moi. Je ne me souvenais plus à quel point c'était réconfortant, à quel point cela mettait du baume au cœur. Je pouvais ressentir qu'ils étaient une vraie famille, même s'ils étaient chiants, arrogants, froids, distants...Il me suffisait d'entrer ici...Je pouvais sentir à travers leurs mains que moi aussi, je faisais un peu partie de cette famille.

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