Chapitre 24

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Les âmes brisées


Ce matin-là, quand je me suis réveillée, mon premier réflexe fut d'ouvrir la fenêtre. J'avais besoin d'air, d'espace, je suffoquais. Seul le bruissement des feuilles d'arbres me parvint. Je fermais les yeux, et prenais une grande inspiration. Encore une journée difficile, parmi toutes les autres. Seulement, cette fois, je me demandais si je pouvais survivre à ce jour infernal qui s'annonçait. Aujourd'hui avait lieu le procès.

Qu'allait-il se passer ? Pourrais-je supporter de voir la personne qui d'après-moi, avait une part de responsabilité dans le fiasco de ma vie actuelle ? J'étais fautive, bien plus que n'importe qui dans l'histoire de mes parents. Mais une des dernières choses qui me permettaient de tenir, était la pensée que dans cette histoire, je n'avais pas la seule responsabilité de ce décès. J'étais détruite et pourtant, aujourd'hui, je devrais faire en sorte de ressembler à une fille forte et qui s'en sort devant le juge. Je devrais calculer chacun de mes gestes, chacune de mes paroles dans cet auditoire de justice. Malgré l'aplomb de mon avocat, j'avais un doute quant à mon témoignage dans cette affaire. Non, vraiment, si je survivais à cette journée, cela allait tenir du miracle.

Un coup fut frappé sur la porte d'entrée, sans surprise, quand j'ouvris, je trouvais Hailey. Elle était habillée d'une façon si délicieuse, elle semblait si parfaite. J'avais bien fait de la choisir elle pour venir avec moi. Même si je ne pouvais m'empêcher d'adorer cette fille, j'avais toujours ressenti au fond de moi une pointe de jalousie face à sa beauté à la fois sophistiquée et naturelle. Oui, je pourrais peut-être avoir une chance de survivre grâce à Hailey. Si je la voyais, forte, déterminée et calme alors il n'y avait pas de raison que moi je ne puisse pas l'être.

Quand Damon avait découvert le poteau rose, il m'avait fait toute une scène me demandant pourquoi je ne lui en avais pas parlé, pourquoi il ne pouvait pas venir avec moi... Blablabla. Mais il n'arrivait toujours pas à comprendre qu'il était ma faiblesse et que Hailey pouvait être ma force. Elle s'était également pris un savon par le reste du groupe quand ça s'est su. Et puis sans que je comprenne vraiment comment la semaine précédente, alors que je rentrais chez moi, j'avais retrouvé devant ma porte d'entrée les têtes de Candice, Alexis, Logan et bizarrement Kenneth .... Sur le coup, je me suis dit que j'avais fait quelque chose de mal et qu'ils étaient venus me casser la gueule. Mais lorsque Alexis me vit, elle m'étouffa alors dans ses bras... Une.... Deux... Trois secondes, où je ne compris rien. Trois secondes où mon estomac papillonna.... Où j'étais à la fois perplexe, mais bien.

  • Tu es vraiment con des fois. Dit elle.

  • Je....

  • Nous cacher le jour de ton procès alors qu'on attends tous ça depuis longtemps.

Pour une fois, ce n'était pas une blonde, mais un brun qui avait dû cracher le morceau. Mais là n'était pas la question. J'avais oublié le temps où ils étaient mes amis. Mon ancienne vie s'effaçait peu à peu comme des souvenirs futiles. Toute cette période heureuse de ma vie semblait ne pas m'appartenir, et pourtant tous les éléments étaient sous mes yeux pour que je la reconstruise. Est-ce que j'en étais seulement capable ? Car eux ne m'avaient pas oublié, eux vivaient toujours dans ce parfait tableau de joie et d'innocence d'adolescente. J'étais le seul élément du décor manquant, je m'en rendais compte.

Je savais qu'Alexis ne me détestait pas. Elle était simplement brute de caractère, légèrement susceptible et rancunière. Mince et s'ils étaient ce qui me manquait tant, ce petit truc qui pouvait aider les plaies profondes à cicatriser !

  • Pourquoi tu pleures Erin. Demanda Candice.

  • Pour rien, dis-je en souriant !

Logan qui était resté bien silencieux jusque-là me montra l'alcool qu'il avait dans les mains en criant fiesta. Je les laissais entrer. Plus tard, Hailey , Damon et les autres nous rejoignirent. Nous nous retrouvâmes bientôt neuf dans mon salon. Je n'étais pas habituée à avoir autant de personnes sous mon toit. M'exclure autant m'avait donné le goût du silence et du calme. Alors tous ces rires, bien que très plaisant, étaient un peu trop pour moi. Petit à petit, je commençai par dire une phrase, puis deux....J'avais l'impression que ma gorge se dénouait à chaque fois que je parlais à Alexis où à Candice . Comme si le plus difficile était de démarrer, le reste s'enchaînait malgré moi. Une, deux heures. Aux files du temps, je ne voulais pas qu'ils partent. Je préparais des pâtes sur le pouce. Pour qu'ils restent dîner avec moi. Je sortais un jeu de carte pour occuper leurs esprits à autre chose que l'heure. Je n'aimais pas le comportement que j'adoptais. Je faisais soudain tout le contraire de ce que je m'étais acharné à faire pendant des mois. Une petite voix ne cessait de me dire que je faisais une erreur. Mais dès qu'elle se faisait entendre, des yeux abyssaux m'observaient.

Damon, encore et toujours lui, comme s'il était devenu mon centre de gravité dans cet univers. Ce soir-là, il était resté distant avec moi. Pas de cette façon singulière pour me dire qu'il voulait m'éviter. Non, il n'avait pourtant aucune rancune envers moi cette fois-ci. Au début, je ne compris pas pourquoi j'entendais si peu sa voix parmi l'assemblée. Peut-être qu'il ne voulait pas être ici avec moi. Peut-être que j'avais dit ou fait quelque chose qui l'avait blessé.... Non, c'était différent.

Aux files de la soirée, je pus sentir à plusieurs reprise son regard bienveillant envers moi. Il était simplement en retrait. Il laissait pour une fois la place à mes anciens amis, ils les laissaient prendre le relais pour penser mes blessures pendant quelques heures. Je le sentais simplement spectateur, observateur de ce comportement que moi-même, je ne comprenais pas. Il était, calme, détendue et peu bavard. Mais cela ne sembla choquer personne. Moi-même, je voyais une autre facette du Damon que je connaissais. Plus serein, plus réservé, presque flegmatique.

À cet instant, je me rendis compte que j'étais sûrement une des seuls à connaître le Damon bavard, impétueux, égocentrique et étrangement protecteur. Cette image impassible de lui autour de ma table me paraissait désormais moins glacée et impartiale. Alors, dans un certain sens, je me rendis compte qu'il s'ouvrait autant à moi, que moi, je m'ouvrais à lui. Depuis des mois.

Ce jour-là, mes anciens amis sont venus me voir. Ce soir-là, je me suis rendu compte, qu'ils pouvaient m'apporter plus que de simples ennuis. Ce soir-là, je me suis rendu compte que je n'étais pas seul et que peut-être, que je ne voulais plus être seule....

Malgré-moi, malgré mes envies de rester dans les ténèbres, je sentais que je pouvais m'en sortir, que je pouvais surmonter les obstacles de la douleur. Même si ce n'était que pendant quelques instants, je me sentais revivre.

Cette sensation, c'était belle et bien envolée depuis la semaine dernière, aujourd'hui, je vivais le plus grand stress de ma vie. J'étais nauséeuse, abattue, même un peu fiévreuse, vu les heures de sommeil en moins que j'accumulais.

  • Erin, tu veux que je t'aide à te préparer ?

  • Je....

Je veux rester chez moi. C'était tout ce que je voulais rien de plus, rien de moins. Mais je devais faire l'effort. Je voyais Hailey, habiller d'un magnifique tailleur faisant ressortir ses yeux bleus, je ne pouvais pas partir dans un vieux jean troué.

  • Entendue. Dis-je dans un souffle court.

La blonde est une personne bavarde à l'accoutumée. Aujourd'hui, elle ne parlait pas. Elle savait qu'au fond de moi, je me posais des tonnes de questions auxquelles je ne pouvais pas avoir de réponses. Je me préparais psychologiquement. Assise sur mon lit, blafarde et mal en point, nous ne parlions pas. J'attendais patiemment qu'elle choisissent des vêtements. Une jupe noire, un pull gris, le tout avec des ballerines et un collant opaque. En deux, trois mouvements Hailey m'avait rendue féminine. Elle m'avait coiffée, maquillée pour l'occasion comme si le jugement allait se faire sur ma tenue vestimentaire.

Quelle allait être ma réaction quand j'allais voir cet homme ? Je ne savais même pas à quoi, il ressemblait, je l'avais simplement croisé au poste de police quand j'ai récupéré les affaires de ma famille. Sur l'instant je n'ai même pas fait attention à qui il était. Mais aujourd'hui nous allions nous affronter. Je ne voulais pas la condamnation de cet homme. Qu'il me paye une amende, je m'en fiche. Je voulais simplement entendre résonner dans la salle d'audience silencieuse le mot coupable. Ce simple petit mot qui pourrait enfin me sortir de ma torpeur, que la justice reconnaisse mon innocence, qu'on me dise enfin que ma culpabilité n'a pas lieu d'être, que mes remords ne signifient rien comparer à l'homme contre qui je me bats.

Nous sommes montées dans le bus Hailey et moi quand mon téléphone a sonné.

  • Oui ?

  • C'est Damon .

  • Ah....

  • Comment tu te sens ?

  • Je n'en sais rien.

  • Ce soir après le procès, on va tous boire un verre. Pour ta victoire.

  • Damon, je ne vais pas disputer un match de football. En plus tu dis ça comme si c'était une évidence que j'allais gagner.

  • S'en ai une. Dix-neuf heures ce soir. Dan le bar où tu m'as emmené quand j'ai dormi chez toi la première fois.

Je ne pus retenir mon sourire.

  • Passe-moi Hailey .

Je lui tendis le téléphone. Damon avait foi en moi, en ma victoire, la blonde également, Candice et tous les autres. Après tout pourquoi partir défaitiste ? Je connaissais la vérité, je savais que ce procès était gagné d'avance. Il ne pourrait pas s'en tirer face au meurtre de mes parents. Il n'avait aucune chance. Je devais moi aussi croire en moi. Ce procès, j'allais le gagner.

Le chemin se fit dans le silence le plus total, deux heures où aucune de nous deux ne décrocha un mot ; Il semblait que la blonde était aussi anxieuse que moi, voir plus. Quand nous sommes descendues, je fus frappée par l'immensitée du bâtiment. Le palais de justice était énorme. Le bâtiment en pierre s'imposait à moi avec ses colonnes antiques et ses murs en marbre. Tout paraissait pure, immaculé, presque séraphique comme si j'allais assisté à la justice divine, et non à celle des humains. Devant l'immense porte en bois ouverte, siégeaient deux policier armé. Lorsque mon avocat me vit, elle me fit de grands signes.

  • Mademoiselle Summers, vous voilà enfin. Me dit-elle en s'avançant à vive allure.

  • Oui.

  • Venez vite, l'audience va bientôt commencer. Nous n'avions pas prévu qu'il y aurait autant de monde aujourd'hui.

  • Comment ça ? M'inquiétais-je.

  • La salle s'est remplie de journaliste aussi vite que l'éclair.

  • Je croyais que cette audience n'était pas médiatisée ! S'énerva Hailey.

  • Nous le croyons aussi. Mais une adolescente qui traîne un médecin réputé en justice pour meurtre sans préméditation, ça ne court pas les rues, Mademoiselle ?

  • Hall !

Mon avocate, était très bavarde ça, je devais le reconnaître. Je ne l'avais pas choisie pour sa réputation, ni pour ses honoraires encore moins pour ses affaires gagnées. Non, ce qui m'avait frappé chez elle était son don pour manier les mots. Après tout, il ne s'agissait que de cela. Des mots. Charmer le jury et le juge afin d'avoir un avis en sa faveur. Ses cheveux tirés en arrière sa robe noir et blanc d'avocate. Ses talons claquaient sur le marbre du sol à une vitesse affolante.

Je me sentis soudain paniquée. Je n'étais pas prête à le voir, pas prêté à me défendre, pas prête à parler de mes parents. Pour la première fois de toute ma vie, mes cheveux roses me parurent inappropriés devant la salle remplie de journaliste, de famille et encore de bien d'autres personnes dont je me fichais. Je suivis, mon avocate jusqu'à une table en chaîne vernie. Je m'assis à sa droite sans dire un mot. Hailey n'était pas loin de moi, seulement à quelque rang, mais c'était pour moi déjà trop loin. J'étais sous le regard de beaucoup de gens, de la justice, de média qui n'allaient pas cesser de me harceler de questions.

Sous le regard inquisiteur de ma vie qui se jouait à cet instant. Mais surtout sous son regard à lui. J'avais à peine croisée les yeux noisette de ce Nicholas . Que j'avais immédiatement détourné le visage. Je ne pouvais le regarder alors qu'il était à côté de moi. Une simple table nous séparait. Une table. Je bouillonnais, je sentais mon estomac me brûler tandis que de la bile me remontait dans la gorge. Si seulement nos deux avocats respectifs ne nous bloquaient pas le passage. Je pouvais jurer devant Dieu, que je le tuais. Même si cela me valait sa place ensuite, je sentais la haine fulminer à l'intérieur de mon corps. Comme un animal qui voudrait sortir de mon corps, agressif, menaçant, furibond.

Le bruit de conversations de la salle se stoppa quand entra le juge. Un homme plutôt âgé, une cinquantaine d'années, les cheveux épars. Il avait l'air sévère, un peu comme ces professeurs des années quarante qui frappaient leurs élèves avec une règle en bois. Pour faire simple, cet homme était le Dieu de cette assemblée. Sans vraiment comprendre pourquoi tout le monde se leva. Je suivie le mouvement dans le doute et me rassis en même temps que le juge et les autres. Il ouvrit le dossier devant ses yeux et ajusta les lunettes sur le bout de son nez.

  • Affaire JK70 Nicholas Sanders. Monsieur Sanders vous êtes accusé de meurtre sans préméditation avec circonstance aggravante. Cette accusation a pris effet le quatre juillet de cette année. Monsieur Sanders, plaidez-vous coupable ou non-coupable ? Dit-il d'une voix rauque et métallique.

Un grincement de chaise se fit entendre.

  • Non-coupable Monsieur le juge.

L'intérieur de ma joue se mit à saigner tellement, je la mordais fort. Non-coupable ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Il s'est téléporter de son véhicule peut-être. Ma bouche était si sèche. Comment pouvait-il croire un seul instant qu'il n'avait aucune responsabilité ? Ne pas vomir était un calvaire à cet instant. Je sentis l'air gêné de mon avocate à mes côtés. Elle n'était pas gênée pour moi, non ça elle s'en fichait tant qu'elle avait son chèque, mais elle devait sûrement se demander si ce procès allait se passer comme prévu. Peut-être que j'allais faire un homicide avant la fin de la journée remarque. Je sentis l'air gêné de mon avocate à mes côtés. Il appela à la barre un policier qui était arrivé que les lieux de l'accident peut après. Mon avocate commença.

  • Monsieur, expliquez-nous les circonstances de l'accident. Enchaîna-t-elle chantonnant.

  • Et bien, ce fut une collision entre monsieur Sanders et Monsieur et Madame Summers. Le choc à été terrible, si le véhicule de Monsieur Sanders n'avait pas été plus robuste, il serait mort sur le coup lui aussi.

Quel Dommage que ce ne soit pas le cas, ça va bientôt être de la faute d'une voiture si mes parents sont morts. J'étais dans cette salle depuis cinq minutes et je ne pouvais déjà plus supporter d'être ici avec tous ces gens qui se prétendent « juste » Ce n'était pas juste que je sois ici, ce n'était pas juste que l'autre enfoiré ne soit pas mort et c'était injuste d'entendre parler de mes parents comme de vulgaire pions sur un échiquier.

  • Est-ce que sur les lieux vous avez pu constater des traces de freinage sur la route ?

  • Oui, des marques très distinctes sur environs cinq mètres.

  • De quel véhicule ?

  • Celui de Monsieur Summers

  • Et quand à Monsieur Sanders ?

  • Aucune trace de freinage.

Elle se mit dos au témoin pour faire face à l'assemblée et au juré. Je me serais vraiment crue dans une mauvaise pièce de théâtre. Je sentais que ce procès allait tourner au vinaigre d'une minute à l'autre.

  • Donc s'il n'y a pas eu de trace de frein, c'est tout simplement que le camion qui était en face n'a pas tenté de s'arrêter.

  • Dans la logique oui. Répondit le policier.

  • Maintenant nous sommes en droit de nous demander pourquoi. Elle se tourna vers le juré. Peut-être que Monsieur Sanders ici présent n'a pas put réagir à temps. Il était peut-être endormi ou à faite preuve de négligence sur la route, ou encore, il n'a pas simplement pas voulu freiné.

  • Objection votre honneur.

Toute la salle y comprit moi ce tourna vers l'avocat de l'accuser.

  • Madame Scott ici, présent fait des suppositions sur des éléments infondé.

  • Objection retenue, continuez maître.

  • Tout cela pour dire Messieurs-Dames les jurés que cet homme à une conduite négligente et dangereuse. Une conduite qui fait désormais une orpheline.

Puis elle se rassit à côté de moi, fière de sa conclusion. Si elle voulait la pitié du jury, cela allait être raté. L'avocat d'en face se leva.

  • Monsieur, est-ce que tous les tests on bien été fait sur mon client.

  • Oui, nous lui avons passé des tests de drogue, et d'alcool. À part une aspirine prise dans la journée tout était normal.

  • Quant à ses traces de freins ou étaient-elles exactement ?

  • Sur la voie de gauche, autrement dit, le conducteur du véhicule a essayé de se stopper quand il s'est retrouvé à contre-sens.

  • Nous sommes donc en droit de nous demander que faisait Monsieur Summers à ce moment précis également. Mais cela, nous le savons puisque nous avons la preuve et le témoignage et celui-ci était au téléphone au moment de l'accident.

Je le savais que ça allait mal tourner pour moi. Il était en train de détruire toute la défense de mon avocate qui effectivement se basait sur des suppositions et une fille orpheline. Je me rendis soudain compte que j'étais en train de perdre.

  • Je n'ai plus d'autres questions.

  • Bien. Dit le juge. J'appelle à la barre Mademoiselle Erin Summers.

C'était mon tour, enfin. Je savais que je pouvais me défendre devant tous ces charognard avide chair fraîche. Je n'avais pas peur, je levais donc ma main droite, jura sur un livre dont je me foutais entièrement, et je m'installais prête à tout recevoir. Les questions que me posa mon avocate, je les connaissais par cœur, si bien même que j'arrivais presque à montrer des émotions quand je les récitais. La poitrine gonflée de courage, la tête haute, je me préparais à affronter l'avocat du diable qui avançait vers moi.

  • Mademoiselle Summers, vous souvenez-vous de ce que vous faisiez la nuit du 15 juin ?

  • Bien sûr, crachais-je. J'étais chez moi.

  • Et où allaient vos parents ?

  • Chez des amis, il me semble.

  • Il vous semble ?

Il me tendit un papier, qui ressemblait a une facture puis me fit lire la ligne surlignée en jaune.

  • C'est votre numéro de téléphone qui est inscrit ici ?

  • Oui.

  • Quelle est l'heure ?

  • 21h08

  • Exactement l'heure de l'accident. Comme c'est étrange.

  • Vous souvenez-vous quelle était cette conversation ?

Je commençais à défaillir. Je m'étais préparé, mais je ne pensais pas qu'il allait rentrer dans les détails. Je ne voulais pas revivre cet instant, je faisais tout pour l'oublier dans l'alcool alors le remémorer maintenant, je ne pouvais pas.

  • Oui...enfin...je...

  • Vous ne vous rappeler plus de la dernière conversation avec vos parents ?

Aie ! Ce coup bat faisait très mal.

  • Je voulais sortir chez une amie alors que j'étais punie, mon père était fou de rage. J'ai entendu ma mère crier, un bruit de frein et puis plus rien....

J'étais soudainement au plus mal, malgré mes efforts, j'avais de nouveau les images horrible de cette soirée en enfer. Malgré que cet avocat a le diable en lui, il arrêta mon calvaire à cet instant. Lui aussi se tourna vers les jurés.

  • À se demander qui à une conduite dangereuse. Monsieur Sanders, un citoyen qui sauve des vies tous les jours ou bien Monsieur Summers qui avait son téléphone en main. Ce qui est arrivé est tragique, mais peut-on vraiment en tenir mon client pour responsable ?

Cet avocat m'inspirait un dégoût si profond que je pouvais le sentir remonter de mon estomac à ma gorge. Vieux, maigrelet, sans scrupule. Il se rassit à côté de son client. J'étais choqué. On me laissait là, sans moyen de répondre, pour seule défense mes faiblesses. D'un air de panique, je tournai mon regard vers celui de Hailey. Son regard, encourageant bleu azure, me calma aussitôt. Après tout, elle aussi avait vécu le drame avec moi ce soir-là, je savais ce qui s'était réellement passé, ce n'était pas qu'une simple histoire de responsabilité. Je revins donc à ma place sous le regard bienveillant du juge. La distance entre la barre et mon siège me suffit pour me vider toute énergie dans mes jambes. Je m'affalais sur la chaise me demandant bien ou cela allait mener.

  • J'appelle à la barre Nicholas Sanders. Déclara le juge.

Cette fois-ci au lieu de croiser son regard une seconde fois, je dis tout pour l'éviter. Cet homme ne méritait ni mon respect ni mon attention et encore moins mon regard fixais donc, ma convocation au tribunal qui se trouvait sous mes yeux.

  • Monsieur Sanders, commença son avocat, la nuit du 15 juin, que faisiez-vous ?

  • Et bien, je rentrais d'une journée de travail mouvementé.

  • Combien d'heures avez-vous travaillé ce jour-là ?

  • Environ huit heures, ce qui est très peu pour un chirurgien urgentiste.

  • Donc votre accident n'a pas au lieu à cause de votre fatigue ?

  • Non, j'étais très lucide.

  • Vous n'étiez donc pas fatigué, ni sous l'influence de drogue, nous avons la preuve médicale.

  • Exactement. Renchéris ce tueur.

  • Alors expliquez moi, Monsieur Sanders, pourquoi vous n'avez pas vu le véhicule arrivant en face de vous ?

  • Tout simplement parce qu'on ne pouvait pas les voir. Comme je l'ai expliqué dès le début à la police.. Cette voiture roulait les feux éteints.

Mon sang ne fit qu'un tour. C'était un mensonge, une absurdité sans nom. Comment cet homme pouvait mentir alors qu'il avait tué deux personnes.

  • Il ment. Criais-je.

  • Mademoiselle Summers, si vous tenez à ce que notre séance se passe bien, je vous conseille de vous taire. En revanche la prochaine intervention de votre part et je vous fais sortir.

Je ne réponds pas. À cet instant présent, je ne réponds pas. Je suis dans un état de colère si profond qu'il est presque aveuglant. Je le sais, j'en suis sûr, il ment. Je le sais, j'en suis sûr, il ment. Mais personne ne le voit.

Le reste du procès n'était plus utile, je n'écouta plus rien des questionnement jusqu'à ce que le jury aille délibérer. Moi qui détestais qu'on me prend en pitié, j'en aurais bien besoin. Il me fallait de l'air, je ne pouvais plus respirer depuis ce matin, même l'océan me paraissait exigu. À peine, je me levais de ma chaise que Hailey et mon avocate se jetaient sur moi. Je leur fis immédiatement signe stopper leur bouche prête à parler.

  • Il me faut une cigarette.

Je sortais de la salle évitant soigneusement le même chemin que le reste de l'assemblée. Je voyais le soleil au bout du couloir, mais il me paraissait pourtant lointain. J'avais l'impression qu'encore une fois, je perdais le contrôle de mon existence. Enfin, le vent frais claqua sur mon visage. Je m'isolai, allumai une clope et pris mon téléphone portable. Il eut une sonnerie. Puis deux. Et j'entendis qu'on décrochait.

  • Ouaip

  • Damon ? Ma voix me paraissait lointaine.

  • Erin ? Le procès est déjà terminé ? Paniqua-t-il.

  • Non.....

Derrière le téléphone, je sentis sa panique redescendre. Il y eut un silence durant lequel je me mordis la lèvre inférieure pour ne pas pleurer. Moi qui croyais ne plus dépendre de Damon Atkins, j'avais tord, je m'étais complètement planté. J'aurais aimé pouvoir oublier et me défaire de ce garçon, j'aurais aimé ne pas être ici, j'aurais aimé que mes parents soient encore en vie. Et pourtant, il n'y avait rien de tout cela. À cet instant je me retrouvais seule contre le monde entier. N'ayant qu'Hailey pour force et Damon pour raison. Le reste n'avait aucune importance. Tout sur cette terre n'était que haine et désespoir. Je le savais, je le sentais. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de me raccrocher à sa voix grave, ai ses yeux abyssaux, ai ses gestes protecteur. Il était la seule bouée qui me permettait de ne pas couler. Mais jusqu'à quand ?

  • Damon ......

  • Oui Erin ?

  • Est-ce que tu as des bons souvenirs de ton enfance ?

  • Oui.

  • Raconte-moi.

  • Et bien..... J'étais jeune, je devais avoir sept ou huit ans... Nous étions parties à la mer avec mes parents. Tout avait l'air si merveilleux, l'eau avait des reflets dorés, le sable était chaud..... Je me sentais libre devant cette immensité. Pour la première fois de ma vie, j'ai vu mes parents rire ensemble ce jour-là, c'était à la fois bizarre et magique. J'ai fait des châteaux de sable toute la journée, ramasser des coquillages et je jouais avec les vagues qui arrivaient sur les pieds. Quand j'y pense ça a sûrement du être la meilleure journée de ma vie...

  • Pourquoi les choses ne restent pas ainsi ? Demandais-je.

  • On grandit Erin, et quand on grandit, on se rend compte que les choses ne sont pas aussi facile.

  • Si seulement je pouvais arrêter le temps. Revenir en arrière et tout recommencer.

  • Tu changerais quoi ? Me demanda-t-il.

  • Leur mort, mes réactions face à mes amis, je changerais tout ce qui s'est passer avec toi.

  • Vraiment ? Il rit. Non, même si je revenais dans le temps, je ne pourrais toujours pas m'empêcher d'aller voir cette fille aux cheveux roses assise sur son banc. En train de lire son bouquin. Je lui dirais bonjour une première fois sans qu'elle me voit, puis une seconde fois et la je verrais des yeux vert qui me regardent d'un air ennuyer.

  • C'est vrai. Riais-je.

  • Tu vas gagner Erin, je ne me fais pas de soucis pour toi.

  • Mais.... je crois que ce n'est pas vraiment en bonne voix.

  • Ce n'était pas vraiment en bonne voix pour nous deux au départ. Ce n'était pas non plus en bonne voix pour que les filles te reparlent....Et pourtant moi, je suis là, Hailey aussi. Tout le monde te soutient. Je suis sur que quoi qu'il arrive tu gagneras. La cour de justice verra en toi ce que moi, j'ai vu dès le départ.

  • Et qu'est-ce que tu as vu ? Demandais-je dans un souffle.

  • Erin Summers. La vrai Erin Summers . Celle qui doute à chaque minute de son existence, mais qui est d'une générosité incroyable. Une fille de caractère, une battante qui malgré tout ne lâche jamais rien. Tu es drôle, touchante. Tu vas gagner, je le sais.

C'était à la fois rassurant et incroyablement gentil. Je me sentis soudain pousser des ailes. Je ne savais pas comment il avait pu voir toutes ces qualités en moi, dans ce corps si repoussant, si triste et frêle. Je ne trouvais pas que j'étais généreuse. Bien au contraire, je me trouvais cruelle avec beaucoup de monde, y comprit moi. Je ne trouvais pas non plus que j'étais une battante. Non, j'étais capricieuse, car maintenant, que ma vie était tombée en miette, je m'autorisais le droit d'être infecte. Drôle ? Ce devait surtout être mon air de clocharde qui me rendait drôle.

J'avais une vision totalement différente d'Erin Summers. Insipide, cruelle, capricieuse, suicidaire et dépressive. Cependant, je voulais croire en cette fille que je ne connaissais pas, mais que Damon décrivait. Pourtant, au fond de moi, j'avais l'impression de la connaître. Oui, l'Erin que j'étais autrefois revenait soudainement en ma mémoire comme une vieille amie oublié. Un souvenir, qui finalement, n'en était pas vraiment un. Même auparavant, j'avais ce caractère invivable, j'avais cette rage en moi, j'avais déjà des sentiments pour Damon Atkins . Alors, il avait raison. Si Damon pouvait voir en moi celle que j'étais autrefois, peut-être que je n'étais pas si différente maintenant.

À cette pensée, la douleur qui me brûlait la poitrine s'allégea un peu. J'avais l'impression de pouvoir récolter plus d'air dans mes poumons. J'avais l'impression que j'étais capable de surmonter cette épreuve. Quelque chose au fond de moi me poussait à croire en ma victoire, en ma rédemption et en leurs pardons.

  • Merci Damon . Soufflais-je

  • De rien ma belle !

Nous raccrochâmes l'un et l'autre. Je me sentais pousser des ailes, ma poitrine était gonflée d'espoir. J'allais gagner. Cet homme allait pourrir en prison, il ne serait plus qu'un souvenir lui aussi et je pourrais enfin me reconstruire, me faire pardonner. Je m'en étais rendu compte toutes les fois où je me réveillais ivre et amnésique de ma soirée. Je m'en étais rendu compte toutes les fois où je me réveillais ivre et amnésique de ma soirée. Je m'en étais rendu compte quand j'avais failli tuer ce pauvre homme. Je m'en étais rendu compte à seconde depuis la mort de mes parents. La culpabilité m'avait rattrapé durant toutes ces semaines de solitude. Elle m'avait si bien rattrapé qu'aujourd'hui, j'étais incapable de vivre sereinement. C'était quasiment la seule émotion que je pouvais ressentir désormais. Alors, si vraiment un Dieu existait, il me donnerait le petit coup de pouce dont j'ai besoin. Il nommerait cet homme coupable et mon cœur pourrait enfin s'alléger.

  • Erin ?

Je me tournai vers mon amie blonde. Ses yeux trahissaient une inquiétude naïve. Je lui souris. Elle ne devait pas s'inquiéter.

  • Tu viens, on va boire un verre dans le café en face ? Je crois que ça va être long.

Effectivement, c'était long, cette attente était même insupportable. Je voyais déjà le juge prononcer le mot libérateur que j'attendais temps. Le mot qui me libérerait un peu de la souffrance. Cette souffrance qui s'était fait une place dans ma vie et qui n'avait pas l'air décidé à partir pour le moment. Hailey s'assit en face de moi, profitant d'un geste anodin pour remettre ses cheveux comme il faut.

  • Deux cafés ! Dit Hailey sèchement à une serveuse qui se trouvait là.

Celle-ci ne broncha pas. Hailey avait une autorité naturelle qui lui allait si bien. Autorité, je dois bien l'admettre, que je pouvais craindre à certains moments.

  • Cet enfoiré d'avocat a voulu frapper là ou ça fait mal ! Comment peuvent-ils tous être comme ça !

La remarque de Hailey me fit tiquer. Je repensais soudainement à Damon, ses obligations de reprendre l'affaire familiale et ses ambitions. Je comprenais soudainement un peu mieux ses motivations. Etre avocat n'était pas un métier plaisant. Quand parfois vous deviez défendre des tueurs, des pédophiles, ou toute autre crime, il ne fallait pas avoir de remords. Et encore plus avoir les épaules solides, une partie de la salle croyait en vous tandis que l'autre vous détestait de toutes ses forces. Si j'avais vu une chose en Damon, c'était sa détermination à faire appliquer la justice. Même si cela signifiait qu'il devait toujours être collé à une pauvre fille comme moi.

  • Je suis désolé que tu sois obliger de subir ça.

  • Je m'en fiche dans le fond.... Mensonge évident

  • Tu sais, j'ai discuté avec Alexis et Candice .... Et.... Je pense qu'il serait temps que tu leur pardonnes.

Heureusement pour Hailey , la serveuse arriva. Ce qui m'obligea à me taire et par la même occasion à me calmer un minimum avant de répondre. Elle me regarda un instant anxieuse.

  • Erin ....dit un truc..

  • Tu n'es pas sérieuse, j'espère.

  • Tu sais... Elles s'en veulent beaucoup.

  • Je l'espère bien. Hailey, je crois que tu as la mémoire courte. Rappel moi déjà pourquoi elles ne sont pas venues à l'enterrement de mes parents ? Ah oui, Alexis était parti en vacances et Candice est bien trop timide pour oser répondre à son père.

  • Je sais Erin ....écoute je penses que se serait bon pour tout le monde si on était enfin ensemble. Sans toi, ce n'est plus la même chose, et puis, ce n'est pas bon de t'isoler comme tu le fais....

  • Tu es vraiment naïve Hailey si tu crois que tout pourra redevenir comme avant. Peut-être qu'un jour, j'oublierais toute cette histoire, mais ne te fais pas trop d'illusion.

  • Oui, peut-être que je suis naïve, mais au moins je ne suis pas désespéré comme toi à longueur de journée.

Je plissais les yeux devant sa remarque acerbe. C'était ça le problème entre Hailey et moi. Nous étions toute les deux beaucoup trop franche et parfois cela pouvait faire des étincelles. Cependant, pour une fois, je vis qu'elle regrettait sa remarque.

  • Ce que je veux dire Erin .... C'est que.... Quoi que tu fasses, tu ne pourras pas te convaincre que tu es morte dans cet accident toi aussi. C'est peut-être dure à entendre, dure à admettre, mais tu es la, bien vivante, avec nous... Et ça me fend le cœur de te voir comme un zombie toute la journée.

  • Tu le sais aussi bien que moi, Erin est morte en même temps qu'eux. Damon me fait déjà la leçon toute la journée alors ne commence pas..

  • Ah oui, Damon, parlons-en tiens !

  • Il n'y a rien à dire..

  • Tu ne vois vraiment rien ? Il est amoureux de toi, c'est évident. On parle de Damon Atkins , je te rappel. Je ne l'ai jamais vu porter autant d'intérêt à une personne !

  • Tu racontes que des conneries.

  • Que des conneries ? Erin, tu es sortie avec lui alors je ne vois pas pourquoi tu refuses la vérité.

  • C'est justement parce que je suis sortie avec lui, que je sais très bien que ce n'est qu'une illusion tout ça. S'il est autant après moi, à me courir après ce n'est pas par amour. Il n'était pas amoureux avant, alors je ne vois pas pourquoi il le serait maintenant.

  • Très bien, alors dit moi à quoi rime son comportement.

  • C'est pourtant simple. C'est juste de la pitié. Peut-être même un peu de culpabilité.

J'en étais même sûr au fond de moi. Damon Atkins n'était pas amoureux. Damon Atkins ne pouvait pas connaître l'amour. Comment le pourrait-il ? J'avais vu de mes propres yeux de quoi il était capable. De quoi son cœur était fait... Il n'y avait que du vide rien de plus. Voilà ce que je m'étais dit au début. Cependant, une phrase m'avait fait réfléchir. La seule phrase réellement sincère à son sujet aujourd'hui. « Je ne laisserais pas une autre fille mourir sans rien faire » Cette phrase avait pris tout son sens. Et j'avais enfin la confirmation que Damon Atkins était un égoïste. Un égoïste rongé par la culpabilité et qui croyait se racheter en me suivant partout. Cependant, je devais bien admettre que je trouvais moi-même mon intérêt dans cette relation.

J'aurais pu mettre fin bien plus tôt à nos petites rencontres, nos petites discussions. Mais je ne pouvais pas m'y résilier. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'étais moi-même une personne égoïste. Je ne cessais pas de clamer ma solitude. Mais il m'était devenu vital de partager ma solitude avec lui. Pas avec Hailey, pas avec Alexis ... Juste lui. Car j'avais vu dans ses yeux, j'avais vu dans son âme que Damon Atkins était un être aussi brisé que moi. Alors, voilà où nous en étions. Deux personnes brisées cherchant une simple compagnie dans cette vie morne et sans intérêt.

Un seul petit problème c'était imposé à moi dès le début. Cependant, à chaque instant, je devais faire attention à ne pas de nouveau tomber dans son piège. Cependant, à chaque instant, je devais faire attention à ne pas de nouveau tomber dans son piège. Damon Atkins était beau, intelligent, effroyablement protecteur envers-moi. Parfois rassurant. Il y avait ici tous les ingrédients pour que je retombe amoureuse. Et jamais. Grand JAMAIS je voudrais retomber amoureuse de lui. Je ne voulais plus d'amour dans ma vie. Je ne voulais plus m'attacher.

C'était inutile, j'étais comme une petite fille à qui ont donnaient un jouet que j'adorais pour qu'on me le reprenne ensuite. Bien que je lutte ! Mon lien avec Damon était devenu étrangement incassable. Si bien qu'il me rendît faible. Je pouvais couper mes liens avec Hailey et toutes les autres... Mais avec Damon quoi que je fasse je le retrouvais toujours, peu importe le chemin que je prenais. Il était là. Alors, oui, parfois, il m'était arrivé de me laisser aller dans ses paroles doucereuses. J'avais divagué sur la possibilité d'une Erin heureuse. Mais le retour à la réalité n'en était que plus difficile. Alors, désormais, je ne devais pas et ne pouvais plus baisser ma garde.

  • Et toi ? Me demanda Hailey . Pourquoi tu es comme ça avec lui ?

  • Simplement Hailey. Parce que Damon est ma faiblesse.

Elle ne me répondit pas... Elle comprenait au fond d'elle. Elle savait ce que cela signifiait. J'étais la dynamite, lui l'allumette. Notre relation était instable, fragile et compliquée et ce n'était pas ce qui me fallait. Mais j'étais empêtrée là-dedans jusqu'au cou.

  • Alors il n'y a pas de moyen pour que tu redeviennes comme avant ? Me demanda-t-elle.

  • S'il y en a un, je ne l'ai pas encore trouvé.

Nous restâmes là. Nous avons discuté pendant des heures. Hailey était la seule personne en qui j'avais placé ma confiance et qui ne m'avait jamais déçu. Au fils du temps sans m'en rendre compte, je commençais à parler, elle m'écoutait attentive. Je lui parlais de mes cauchemars. De ma nouvelle incapacité à ne pas me détruire. De ne plus pouvoir aimer comme avant. De la présence de mes parents qui se faisait affreusement lointaine au fil du temps.... Puis Hailey me dit une seule et unique phrase.

  • Tu vas t'en sortir, je te fais confiance.

Pourquoi elle m'avait dit ça après temps de révélations ? Je ne le sais pas. Mais quelque chose me fit penser que j'allais bientôt comprendre.

Mon téléphone sonna de nouveau. Quand je décrochais, j'entendis la voix de mon avocate. La libération venait de se terminer. Mon cœur palpita un instant. Je regardais Hailey.

  • C'est terminé. Dis-je.

Elle se leva et me tendit sa main. Je la pris à mon tour avec conviction. Je croyais en ma victoire. Je croyais en la justice et peu importe ce qu'on pouvait me dire. Ma détermination à cet instant était sans faille.

À travers la foule et le bruit, je marchais à la fois anxieuse et apaisée. À travers la foule et le bruit, je marchais à la fois anxieuse et apaisée. Damon croyait en moi, Hailey aussi... Il ne pouvait rien m'arriver.

Je croisai le regard de ce Sanders. Et cette fois, je ne détournais pas mes yeux des siens. Je voulais voir son visage, l'imprimer dans les moindres détailles de mon cerveau, voir son expression se flétrir quand il serait envoyé en prison. Le juge arriva. Tout le monde était déjà en place. Il ne manquait plus que le chef d'orchestre, et alors le concert pourrait commencer. Un des jurys se leva pour donner une enveloppe blanche.

  • Monsieur Sanders vous êtes accusé de meurtre sans préméditation avec circonstance aggravante. Cette accusation a pris effet le quatre juillet de cette année. Monsieur Sanders, plaidez-vous coupable ou non-coupable encore une fois ?

  • Non-coupable votre honneur !

Évidemment. Il n'allait pas changer de décision comme ça.

  • Pour l'accusation du meurtre sans préméditation avec circonstances aggravantes sur Monsieur et Madame Summers. Monsieur Sanders, le juré vous déclare non-coupable.

Soudain, le son autour devint confus. Une bouffée de chaleur me prit. Je sentis une main m'attraper, à qui, était-elle ? Peut-être Hailey. Je n'entendais plus le bruit ambiant de la salle. Tout me paraissait tourner au ralenti. Est-ce que mes jambes pouvaient encore supporter mon poids où alors est-ce que je me trouvais déjà par terre ? Je n'avais plus aucune sensation, plus aucun mouvement devant moi. Je compris ce qui m'arrivait. Je n'allais pas m'évanouir, mais j'étais néanmoins en état de choc.

Non.....coupable......comment cela était possible ?

Au fond de moi, quelque chose se brisa ce jour-là.

• Damon •

Bordel, comment je pouvais rester assis ici à écouter Logan débiter des conneries pareilles. C'était fatiguant à la longue, en plus pour une fois Preston était réveillé. C'était encore pire que d'habitude. Alexis ne cessait de gueuler, Kenneth était aussi dépité que moi et enfin Candice était rouge comme une pivoine. Plus tôt dans la soirée, j'avais reçu un message de Hailey. Celui-ci m'expliquait qu'elles allaient enfin avoir la réponse du jugement et qu'elles viendraient toutes les deux directement après. Cela faisait près de deux ou trois jours que je n'avais pas vu Erin et cela commençait à faire extrêmement long. Si je n'avais pas un œil sur elle, je n'étais pas entièrement rassuré.

  • Damon ! À toi de jouer !

  • Je joue pas à vos conneries ! Dis-je à Alexis

  • Ta gueule et joue ! Action ou Vérité ?

  • Action dis-je dans un soupir

  • Alors....

  • Moi, j'ai une idée ! Dit Logan. Tu dois manger toutes les cacahuètes en une seule fois.

Je regardais les cacahuètes qui trônaient dans leur coupelle.

  • Jamais de la vie crétin !

  • Putain ! Candice alors. Pour moi mon cœur.

  • Tu fais manger un seul de ces trucs à ma cousine, je t'étripe. Dis Kenneth menaçant.

  • Je suis allergique Logan !

  • Ah merde j'avais oublié

  • Crétin ! Cria Alexis

  • Quoi un problème la blondasse ? Dit Logan

  • Viens te battre si t'es un homme !

Soudain, la porte du café s'ouvrit sur une blonde, coiffée d'une queue-de-cheval parfaite. D'un tailleur tout aussi droit. Mais il n'y avait pas Erin. Bizarrement Logan, eu la même réaction que moi, et me regarda inquiet. Elle s'avança vers nous une mine dépressive.

  • Il a été jugé non-coupable.... Dit elle.

  • Quoi ? Hurlais-je

  • Et elle est où Erin ? Demanda Logan

Elle est, nous rejoint. Après l'annonce du jugement elle est devenue super bizarre. Elle n'a pas dit un mot et ensuite elle m'a dit qu'elle allait récupérer sa carte bleue chez elle ou je sais plus quoi. Elle nous rejoint.

  • Tu l'a laissée toute seule ? S'écria Logan.

Aussitôt, je me levais de ma chaise et couru hors du café Logan me suivit aussi sec. Lui comme moi savions que ce n'était pas bon signe du tout. Alors nous avons couru, courues. Mes articulations me brûlaient, mais je devais faire au plus vite. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, et que j'ai ouvert la porte. J'ai compris dans quelle merde nous nous trouvions. La télé était explosée au sol tout ce qui pouvait être retourné l'était et tout ce qui pouvait casser également. Elle avait à nouveau pété un plomb. J'aurais dû l'accompagner, j'aurais dû venir !!

  • PUTAIN ! Dis-je en frappant une chaise.

  • Elle n'est pas à l'étage Damon. Me cria mon ami.

Bien sûr qu'elle n'était pas dans sa chambre, ça aurait été trop beau.

  • Logan téléphone aux autres et explique leur.

  • Et toi ? Me dit-il.

  • Il n'y a qu'une solution.

Je pris mon téléphone dans mes mains et la personne au bout du fil décrocha rapidement.

  • Dean ! Toi et l'Hydra ramené tous vos fesses chez Erin .
  • Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé.
  • Elle s'est enfuie. Préviens tout le monde et rejoignez-nous le plus vite possible. Erin a disparu !!!

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