CHAPITRE VI

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De la rencontre des deux camps, celui des Espagnols et celui de Bogotá, dans les plaines de Nemocón, et de ce qu'il en résulta. De la mort du cacique Bogotá, et de l'origine de l'appellation de "mouches" donnée à ces naturels. De la venue de Nikolaus de Federmann et de don Sebastián de Belalcázar, et des noms des capitaines et soldats avec qui ils firent cette conquête.

Les coureurs de chaque camp indien rendaient régulièrement compte à leurs généraux de l'avancée des troupes ennemies. Celui des Espagnols comptait cent soixante-sept hommes, reliques des huit cents qui étaient partis de Santa Marta, et avaient survécu au grand río de la Magdalena, à ses Indiens caraïbes, caïmans et tigres, à la faim et à de nombreuses autres peines; et bien que leur nombre fût réduit, grands étaient leur courage et leur volonté, d'autant plus qu'ils servaient la cause de Dieu N.S. Le camp contraire recouvrait monts et vallées, puisqu'à la grosse armée avec laquelle il avait vaincu le Guatavita, s'était unie une foule de guerriers, suite à la rumeur de l'arrivée des gens nouveaux.

Le général de Quesada voulut estimer le nombre d'hommes que comptaient les troupes adverses; il employa donc comme interprète l'Indien qu'ils avaient trouvé transportant deux pains de sel, qui les avait guidés jusque-là, et qui grâce au temps qu'il avait passé en compagnie des Espagnols possédait déjà quelques rudiments de castillan; par son intermédiaire il interrogea d'autres Indiens des cordillères, qui lui répondirent "musca puenunga", ce qui signifie "beaucoup de gens". Les Espagnols ouïrent ces mots et en déduisirent : "Ils disent qu'ils sont aussi nombreux que des mouches¹", ce dont ils eurent la confirmation lorsqu'ils les découvrirent; et ce fut ainsi qu'ils héritèrent de ce surnom de "mouches", qui ne disparaîtra que longtemps après qu'ils auront eux-mêmes tous disparu².

1 :En espagnol "mouche" se dit "mosca"; en raison de la proximité phonétique avec le mot chibcha "musca", les Espagnols appelèrent les Chibchas « Moscas »(mouches), ce qui dériva plus tard en "Muiscas". 2 : Cette prophétie s'est réalisée, puisque les Chibchas ont effectivement disparu, mais on continue de les appeler "Muiscas".

Les deux camps en vinrent donc à se faire face ; les Espagnols reconnurent les armes de l'ennemi, qui n'étaient ni offensives ni défensives, la majeure étant un gourdin, et le reste des arcs et des flèches.

On raconte que le Bogotá, voyant combien étaient peu nombreux les gens qui avaient tant fait parler d'eux, dit aux siens: "Lançons-leur des poignées de terre et saisissons-nous-en; nous verrons ensuite ce que nous ferons d'eux". Mais ceux-ci n'étaient pas disposés à céder la victoire à aussi bas prix.

L'Adelantado ordonna son camp : il envoya ses cavaliers en attaque latérale, tandis que ses arquebusiers aspergeaient l'ennemi de plomb. Les Indiens voyant alors que les Espagnols les tuaient sans s'approcher d'eux, fuirent sans demander leur reste; les nôtres les poursuivirent jusqu'à ce que se dispersât et disparût cette immense foule. On raconte aujourd'hui que les Espagnols dirent: "Ils étaient plus nombreux que des mouches, mais ils ont fui comme des mouches". Ainsi fut confirmée l'appellation de "mouches"; et cette attaque mit un terme final à toute cette guerre.

L'Adelantado continua la poursuite jusqu'au village de Bogotá, où il demeura quelques jours à la recherche du cacique du même nom, qu'il ne trouva pas; en effet, certains lui disaient qu'il s'était caché dans la caverne de Tena, où il avait prévu de se réfugier au cas où l'eût vaincu Guatavita; et d'autres affirmaient qu'il s'en était allé vers le domaine du grand sanctuaire, pour se cacher parmi ses rochers.

En réalité le cacique Bogotá, dans sa fuite des Espagnols, pénétra dans des cultures de maïs, où il trouva des huttes, dans lesquelles il se cacha; plus tard un des soldats, qui fouillaient les huttes des Indiens à la recherche d'or, arriva à celle où était terré le cacique; celui-ci, sentant la présence de l'Espagnol, tenta de fuir; le soldat le frappa avec la crosse de l'arquebuse, et le tua sans savoir qui il était. Après plusieurs jours les siens le trouvèrent et turent sa mort sur ordre de son successeur.

L'Adelantado ayant entendu dire que le cacique s'en était allé au domaine du grand sanctuaire, il demanda où était celui-ci: on lui indiqua qu'il se situait au pied de cette montagne, sur ce même plateau où je me trouve actuellement; avec ses soldats il vint donc jusqu'ici, où il trouva le domaine, qui servait de site de récréation au dit cacique, et où il gardait ses trésors et provisions de sustentation. Autour de ce domaine, dont l'actuel emplacement est occupé par la fontaine de la place, il y avait dix ou douze huttes pour le service dudit cacique; l'Adelantado logea donc dans la demeure du cacique, et ses soldats dans les huttes de service.

Ils trouvèrent les réserves bien pourvues en nourriture, vêtements et autres étoffes; ainsi les soldats, dont beaucoup déjà allaient nus, eurent de quoi se couvrir. Avec du fil de coton, qu'il y avait en abondance, ils confectionnèrent sandales et bas, ce qui leur fut d'un grand secours; et la légende dit que près de ce domaine, sur la place, ils découvrirent un sanctuaire à l'intérieur duquel ils trouvèrent pour plus de vingt mille pesos de bon or; et il ne s'agissait pas du grand sanctuaire mentionné par les Indiens, mais seulement de celui du cacique Bogotá; l'autre, où tous se rendaient pour faire leurs offrandes, était dans la montagne; les Indiens y accédaient par une grotte que les conquistadors ne purent jamais découvrir malgré les nombreuses recherches entreprises; monsieur l'archevêque don fray Luis Zapata de Cárdenas lui-même, en son temps ne ménagea pas ses efforts pour y parvenir, mais sans aucun résultat.

À partir de là, furent découverts toute cette terre et ses secrets, l'Adelantado et ses capitaines veillant au bon traitement des naturels, qui à force de communication devinrent amicaux et reconnurent l'autorité du Roi, notre seigneur. Tous ces faits eurent lieu en l'an 1538; et notre général put enfin jouir de quiétude et d'apaisement, puisque toutes les terres jusqu'à la vallée de Neiva avaient été explorées, que des contacts de reconnaissance avaient été établis avec les voisins panches et marequitas, desquels vient le nom de la ville de Mariquita, et que les soldats étaient riches et contents.

Plus tard, déjà en l'an 1539, par les Indiens voisins des grandes plaines, arriva la nouvelle que de celles-ci venaient d'autres Espagnols. Il s'agissait de Nikolaus de Federmann¹, lieutenant du général Georges de Spire¹, qui, ayant quitté Coro² avec quatre cents hommes, décida, dans la lagune de Maracaibo, de se séparer de son général, pour poursuivre à son propre compte les explorations dans les grandes plaines, dont il parcourut maints territoires, jusqu'au fameux río Orénoque, qui à travers plus de soixante bouches, dont les principales ont plus de deux lieues de large, apporte son tribut à la mer; sur les rives des ríos Orénoque et Meta il trouva quelques gens, dont la majeure partie vivait dans les arbres, à cause des grandes inondations fréquentes en ces plaines, et du mauvais pays.

1 :Nikolaus de Federmann (Ulm, Allemagne, 1505-Valladolid, Espagne, 1542) et Georges de Spire (Spire, Allemagne, 1500-Coro, Venezuela, 1540) étaient allemands, embauchés comme explorateurs par la banque allemande Welser, elle-même signataire d'un contrat avec le Saint-Empire romain-germanique, visant à développer le commerce des esclaves noirs dans les colonies des Indes occidentales. 2 :Coro est une ville côtière du Venezuela.

Il décida donc de s'engager dans la cordillère, et au terme de quelques jours de marche, d'envoyer en éclaireurs le capitaine Limpias avec quelques hommes; ceux-ci surmontant maints dangers et difficultés, entrèrent sur les terres où fut fondé plus tard San Juan de los Llanos; et ce furent les naturels de ces dites terres qui les informèrent de la présence des Espagnols en ce Royaume, vers lequel ils se mirent en chemin. Le général Nikolaus de Federmann suivit donc l'itinéraire balisé par son capitaine Limpias, qui le maintenait régulièrement informé de tout par ses messagers. Ce voyage à travers les plaines que fit Federmann, fuyant son général Georges de Spire, est relaté de manière plus approfondie par le père fray Pedro Simón dans la première partie de ses Chroniques Historiques, que peut consulter le lecteur désireux d'en savoir plus à ce sujet.

Le capitaine Limpias poursuivit jusqu'à Fosca, et de là jusqu'à Pasca, où il trouva le capitaine Lázaro Fonte, qui avait été placé en cet éloignement par le général Jiménez de Quesada en raison de certaines tensions qu'il y avait entre eux; le capitaine Lázaro Fonte envoya donc des messagers à son général pour l'informer de la situation. Pour en avoir la confirmation, l'Adelantado envoya lui aussi des hommes à Pasca, qui y arrivèrent juste après Nikolaus de Federmann, celui-ci venant d'y rejoindre son capitaine Limipas; et au bout de trois jours, tous ensemble, unis par une chaude amitié, ils entrèrent dans Santa Fe, au début de l'année 1539. Ils y furent fort bien reçus par ledit Adelantado et ses capitaines; et très peu de jours après, arriva par Fusagasugá l'Adelantado don Sebastián de Belalcázar, qui descendait du Pérou, mu par le cupide espoir de trouver l'Indien doré précédemment référé, et à l'origine de ce nom si ronflant d'Eldorado, qui a coûté tant de vies et de finances. Ce général venait à la tête de cent soixante hommes, contre cent pour Federmann, qui avait perdu les autres dans les plaines.

Dès le début ces généraux nouèrent de fort cordiales relations, et peu à peu naquirent entre eux certaines affinités, que l'or termina de transformer en franche camaraderie; forts de cette grande amitié, ils accordèrent d'octroyer à trente soldats de chacun des deux généraux Federmann et Belalcázar, le statut de premiers découvreurs et conquistadors, avec les bénéfices correspondants sur ce qui avait été conquis et ce qui restait à conquérir, grâce à quoi ils restèrent très amis et en paix. Et plus tard pendant l'année 1539, le 6 août, jour de la Transfiguration du Seigneur, les trois généraux avec leurs capitaines et autres officiers et soldats, fondèrent cette ville au nom de l'empereur Charles Quint, notre roi et seigneur naturel; et ce même jour ils désignèrent un terrain destiné à accueillir la construction de la sainte église cathédrale, qui fut la première de ce Royaume¹.

1 : L'auteur ne fait pas la distinction entre les différents actes relatifs à la fondation de Bogotá. La première fondation, que dirigea Quesada, fut seulement militaire, car elle ne revêtit pas les formalités juridiques habituelles aux fondations, et elle eut lieu le 6 août 1538 et cette date est celle qui a été retenue pour la célébration. La seconde fondation, l'officielle, eut lieu en avril 1539, en présence de Quesada, Belalcázar et Federmann, et fut alors établi un gouvernement civil. Au cours de son premier siècle d'existence, le nom d'usage de la ville était Santa Fe de Bogotá del Nuevo Reino de Granada. Plus tard, vers la fin du XVIIe Siècle, on commença à utiliser simplement Santa Fe de Bogotá, pour éviter la confusion avec d'autres "Santa Fe", par exemple Santa Fe de Antioquia. L'usage du simple nom de Bogotá, aujourd'hui d'usage, date de la loi fondamentale du 17 décembre 1819, promulguée au Congrès d'Angostura, à Ciudad Bolívar, au Venezuela.

Ils baptisèrent cette ville SANTA FE DE BOGOTÁ DU NOUVEAU ROYAUME DE GRENADE, en hommage au dit général don Gonzalo Jiménez de Quesada, son fondateur, pour être naturel de Grenade; et le nom de "Santa Fe" se doit à la ressemblance entre son site et celui de Santa Fe de Grenade, en Espagne; et celui de "Bogotá" au fait que le cacique du même nom y avait établi son domaine récréatif. Ainsi, dans ce qui suit, nous allons voir quels hommes de ces trois généraux restèrent en ce Royaume.

SOLDATS DE L'ADELANTADO DON GONZALO JIMÉNEZ DE QUESADA, CAPITAINE GÉNÉRAL DE CETTE CONQUÊTE¹

1 : Ces listes et les suivantes des soldats de Quesada, Belalcázar et Federmann, bien qu'incomplètes, doivent être considérées comme des données importantes pour la recherche historique. Joaquín Acosta inclut dans son Compendio histórico de 1848 (document n°2; page 298) le Mémoire rédigé par Quesada sur les 53 découvreurs et conquistadors qui vinrent avec lui et étaient toujours vivants en juillet 1576. Voir Los fundadores de Bogotá de Raimundo Rivas, et Gonzalo Jiménez de Quesada d'Enrique Otero D'Costa.

Ledit licencié don Gonzalo Jiménez de Quesada, lieutenant et capitaine général de l'armée, après cette conquête s'en fut en Espagne avant de revenir en ce Royaume avec le titre de Maréchal; il prit la tête d'une expédition à la recherche de l'Eldorado, dans laquelle il perdit tous ses gens, et il revint sans l'avoir trouvé. Il mourut célibataire et sans enfants, à Marequita, en l'an 1583¹. Ses os furent transférés à la cathédrale de cette ville; il laissa une chapelle que servent les prébendiers de la Sainte Église.

1: Quesada est mort à Mariquita le 16 février 1579.

Hernán Pérez de Quesada, son frère, alguazil supérieur de l'armée, avant de devenir premier magistrat de ce Royaume, mourut dans le port de Santa Marta; et leur frère cadet périt en venant de l'île de Saint-Domingue¹.

1: Hernán Pérez de Quesada et son frère Francisco furent tués par un éclair tandis qu'ils se trouvaient à bord d'un navire commandé par le capitaine biscaïen Juan López de Archuleta, ancré au cap de la Vela (péninsule de la Guajira), selon Juan de Castellanos, Oviedo et Aguado.

Le capitaine Juan del Junco, soldat d'Italie, personne de grande valeur, nommé par don Pedro Fernández de Lugo comme second et successeur du général Quesada en cas de disparition de celui-ci, amena des soldats à ses frais; et il laissa des enfants dans la ville de Saint-Domingue. Certains disent qu'il participa à la fondation de Tunja, aux côtés du capitaine Gonzalo Suárez Rendón et d'autres soldats.

Le licencié Juan de Lescames, aumônier militaire, repartit en Espagne avec les généraux Gonzalo Jiménez de Quesada, Federmann et Belalcázar.

Fray Domingo ou Alonso de Las Casas, de l'ordre des Dominicains, découvreur, retourna également en Espagne avec lesdits généraux.

Le capitaine Gonzalo Suárez Rendón, homme valeureux, peupla la ville de Tunja, y vécut et y mourut, à la tête de l'encomienda d'Icabuco. Il y laissa une noble descendance, et certains de ses enfants vivent encore aujourd'hui.

Le capitaine de cavalerie Juan de Céspedes, qui fut ensuite lieutenant de gouverneur du docteur Venero de Leiva, reçut l'encomienda du village d'Ubaque. Il mourut en cette ville de Santa Fe; il laissa des enfants qui sont aujourd'hui morts.

Le capitaine Hernando de Prado, patron de l'encomienda de Tocaima, frère dudit capitaine Céspedes, laissa des enfants et mourut à Tocaima. Le capitaine Pedro de Valenzuela amena des gens à ses frais; il ne laissa pas de mémoire de lui.

Le capitaine Albarracín, qui le fut d'un navire sur lequel il amena des soldats à sa charge, reçut une encomienda à Tunja; il y laissa des enfants.

Le capitaine Antonio Dias Cardoso, Portugais noble, qui était des capitaines partis de Santa Marta au commandement d'une brigantine, fut patron des encomiendas de Suba et Tuna; il laissa une ample postérité et mourut à Santa Fe.

Le capitaine Juan de San Martín, homme valeureux, ne laissa pas de mémoire de lui, car il ne resta pas en ce Royaume.

Le capitaine Juan Tafur, de la noblesse de Cordoue, conquistador de Santa Marta, Nombre de Dios et Panamá, reçut l'encomienda de Pasca; il eut une fille naturelle, qu'il maria à Luis de Ávila, conquistador de Santa Marta. Il mourut ici à Santa Fe; il y a aujourd'hui en ce Royaume des arrière-petits-enfants de ce capitaine.

Le capitaine Martín Galiano peupla la ville de Vélez, qui fut la seconde de ce Royaume, où il s'établit jusqu'à sa mort.

Le capitaine Antonio de Lebrija, personnage important, amena trois chevaux; il n'y a pas de mémoire de lui.

Le capitaine Lázaro Fonte vint d'Espagne en tant que capitaine de navire, à la tête de deux cents hommes; il mourut à Quito.

Le capitaine Gómez del Corral ne laissa pas de mémoire de lui.

Le capitaine Hernando Venegas, de la noblesse de Cordoue, venu comme soldat à cheval, peupla Tocaima; ce fut lui qui découvrit les mines de La Sabandija, de Venadillo et d'Herbé, riches en or; il obtint le titre de Maréchal, et l'encomienda de Guatavita et Gachetá, avec toutes ses annexes dépendantes de l'ancien caciquat; il se maria avec Juana Ponce de León; il laissa huit enfants légitimes; seul l'un d'eux vit toujours aujourd'hui, membre de l'ordre d'Alcántara, et à la tête de la même encomienda de Guatavita. Il a lui-même épousé doña María de Mendoza, fille de don Francisco Maldonado, de l'ordre de Santiago; il a des enfants légitimes.

Le capitaine don Antonio de Olalla, personnage de première importance, vint comme lieutenant de Quesada; l'Adelantado don Alonso Luis de Lugo lui octroya le titre de capitaine et l'encomienda de Bogotá. Il épousa doña Maria de Urrego, de la noblesse portugaise, de qui il eut une descendance noble. Aujourd'hui vit un de ses petits-fils, qui appartient à l'ordre de Calatrava, et qui fut gouverneur de Santa Marta et premier conseiller municipal de Quito. Il a des enfants légitimes et jouit de l'encomienda de Bogotá, qui fut à son grand-père.

Le capitaine Gonzalo García Zorro, vint en tant qu'alférez¹; Fusagasugá fut sienne. Il y mourut d'un coup de lance, qu'il reçut dans la tête d'Hernán Venegas, fils naturel du Maréchal, lors d'une joute d'un tournoi organisé à l'occasion de festivités.

1: alférez: Grade inférieur de la cavalerie espagnole.

Le capitaine Juan de Montalvo, soldat hautement estimé, fut lieutenant de gouverneur de La Palma et alcade ordinaire de cette ville de nombreuses fois, ainsi que corrégidor des naturels, avec qui il accorda de peupler ensemble les villes, grâce au grand respect qu'il avait su obtenir d'eux. Il n'eut pas d'enfants et mourut en cette ville.

Le capitaine Jerónimo de Insar, le fut des macheteros¹ qui de leurs mains ouvrirent le passage des conquistadors lors de la remontée des versants du río de la Magdalena; lui et Pedro de Arévalo furent les premiers alcades de ce Royaume; mais comme il n'y demeura pas, il n'y a pas de mémoire de lui.

1: macheteros: Qui manient la machette.

Le capitaine Baltasar Maldonado, cavalier et personnage de première importance, fut premier alcade de cette ville; il s'en fut peupler Sierras Nevadas avec deux cents hommes, et il sauva l'Adelantado de Quesada de la mort à Duitama, dans le marais, où les Indiens l'avait cerné de près, lui livrant une guerre féroce; il le défendit et le tira de ce grand péril. Duitama fut sienne; il épousa doña Leonor de Carvajal, naturelle d'Ubeda, fille de Juan de Carvajal; il eut pour enfants le capitaine Alonso Maldonado, doña María Maldonado Carvajal, et doña Ana Maldonado. Il était naturel de Salamanque, et fut premier alguazil de ce Royaume, avant d'en devenir premier alcade.

Le capitaine Juan de Madrid, discret et valeureux, obtint l'encomienda de Tunja; le village de Pesca fut également sien.

Juan de Olmos, après cette conquête, s'en fut à celle de Muzo, avec titre de capitaine octroyé par l'Audience Royale; Nemocón, Pasgata et Pacho furent siens. Il se maria et eut des fils qui lui succédèrent.

Juan de Ortega, le bon, à la différence d'un autre Ortega, fut un bon chrétien; le village de Zipaquirá fut sien; il eut un fils naturel, qui hérita de lui.

Juan de Colmenares fut comptable et trésorier; il alla à deux reprises en Espagne en tant que procureur de ce Royaume.

Francisco Gómez de la Cruz eut les encomiendas de Subia et Tibacuy; il épousa la Quintanilla, dont il eut des enfants.

Francisco de Tordehumos, découvreur à pied, obtint le village de Cota.

Antonio Bermúdez, patron de l'encomienda de Choachí, demeura célibataire.

Cristóbal Arias Monroy, découvreur à pied, reçut Machetá et Tibirita; il n'eut qu'une seule héritière, fille légitime, qu'il maria au Premier alguazil Francisco de Estrada, qui fut page du seigneur Jean d'Autriche. Ils eurent une fille qu'ils marièrent à Diego Calderón, premier alguazil de cette ville.

Cristóbal Bernal, patron de l'encomienda de Sesquilé, eut un fils fort vertueux qui hérita de lui, et un autre qui mourut prêtre. On raconte qu'il servit à la première messe donnée en l'église de Nuestra Señora de las Nieves.

Andrés Vásquez de Molina, surnommé "le Riche", le devint après avoir découvert un sanctuaire sur la route entre cette ville et celle de Tunja; on peut encore observer aujourd'hui le trou qu'il a laissé en déterrant son trésor, car il sert de borne au domaine du village de Guatavita de ce côté-là.

Hernando Gómez Castillejo, soldat à pied, reçut Suesca.

Diego Romero, patron des encomiendas d'Engativá et d'Une, se maria et eut des enfants; il mourut en cette ville en l'an 1592.

Juan Gómez Portillo, patron de l'encomienda d'Usme, épousa Catalina Martín Pacheco; il eut une fille qu'il maria à Nicolás Gutiérrez, conquistador de La Palma; ils eurent des enfants.

Pedro Martín, reçut l'encomienda de Cubiasuca, qui s'agrégea plus tard à celle de Bojacá; il épousa Catalina de Barrionuevo, de qui il eut des enfants; elle hérita de lui et mourut nonne.

Soldats du général Nikolaus de Federmann qui reçurent une encomienda en ce Royaume conformément à ce qui avait été accordé

Cristóbal de San Miguel, encomendero de Sogamoso à Tunja, épousa doña Ana Francisca de Silva, fille du capitaine Juan Muñoz de Collantes, premier comptable de la Caisse Royale. Fut sien le village de Chía.

Le capitaine Alonso de Olalla, surnommé le Borgne, qu'il devint suite à la chute qu'il fit du rocher de Simijaca, qu'on appelle toujours le Saut d'Olalla (Salto de Olalla [ndt]); il obtint l'encomienda de Facatativá et des Indiens panches, dont il fut conquistador. Lui et doña Juana de Herrera, sa fille, pucelle, furent mes parrains de baptême, en l'an 1566. Il fut un homme de valeur et un grand conquistador; il eut des fils, qui suivirent ses pas, et parmi eux vit toujours le gouverneur Antonio de Olalla, qui servit vaillamment à la guerre des Pijaos sous les ordres du général don Juan de Borja. Ledit capitaine mourut au cours de la conquête du Caguán et ses restes furent transférés à la cathédrale de cette ville de Santa Fe.

Le capitaine Juan de Avellaneda, conquistador de Patía, qui fut résident d'Ibagué; il peupla ensuite San Juan de los Llanos. Cristóbal Gómez, encomendero de Tabio et Chitasugá, épousa doña Leonor de Silva, seconde fille de don Juan Muñoz de Collantes; il eut beaucoup d'enfants. Hernando de Alcocer, encomendero de Bojacá et de Panches, maria la Sotomayor, et à la mort de celle-ci il épousa la fille d'Isabel Galiano et ils vécurent ensemble de nombreuses années, durant lesquelles cette dame demeura toujours pucelle. Celles d'aujourd'hui demandent le divorce pour moins que ça. Elle n'eut pas d'enfants et hérita d'elle son neveu Andrés de Piedrola; et elle le prit également pour second mari. La Sainte Inquisition de Lima fit appel au Piedrola pour un autre négoce, et il mourut sur le chemin du retour. Cette dame épousa en troisième noce Alonso González, receveur de l'Audience Royale, en conservant la même encomienda. Ils sont aujourd'hui tous morts.

Pedro de Miranda, encomendero de Síquima et Tocarema, épousa María de Ávila; ils n'eurent pas d'enfants et la femme hérita de lui avant de se remarier avec Pedro de Aristoito.

Le capitaine Juan Fuertes, vaillant soldat qui, lors de la conquête de Parias, en une seule bataille reçut treize blessures, et il en reçut plus tard encore beaucoup d'autres des Caraïbes. Le village de Facatativá fut sien. Il le laissa pour devenir gouverneur des Moquiguas et de la vallée de l'Argent. Il fut marié à la Palla (Indienne principale du Pérou), et ils eurent des enfants. Il mourut en l'an 1585.

Cristóbal de Toro, encomendero de Chinga. Melchor Ramírez Figueredo, encomendero de Vélez. Juan de Contreras; il n'y a pas de mémoire de lui. Hernando de Santa; il n'y a pas de mémoire de lui. Juan Trujillo ; il n'y a pas de mémoire de lui. Sebastián de Porras; il n'y a pas de mémoire de lui. Alonso Martín; il n'y a pas de mémoire de lui. Alonso Moreno; il n'y a pas de mémoire de lui. Miguel Solguín, conquistador de Parias, encomendero à Tunja, laissa quelques enfants.

Le capitaine Luis Lanchero, de noble lignage, valeureux soldat, vint d'Espagne en l'an 1533 avec Jerónimo Ortal, second gouverneur de Parias en ce Royaume. Il fut encomendero de Susa, et commissionné par l'Audience Royale il conquit et peupla Muzo, au prix de la vie de nombreux hommes, les naturels étant adeptes de l'usage de flèches empoisonnées d'herbe mortifère.

Le capitaine Domingo Lozano, soldat d'Italie, de ceux du sac de Rome, résident d'Ibagué, peupla la ville de Buga dans le gouvernorat de Popayán. Son fils, Domingo Lozano, peupla Páez; ses naturels, qui sont farouches, le tuèrent sur le plateau qu'on appelle Taboima, lui et trente soldats, au mois de juillet de l'an 1572.

Miguel de la Puerta, encomendero de Panches à Tocaima. Zamora, encomendero à Tocaima. Villaspasas, encomendero à Tocaima. Antón Flamenco, résident de Santa Fe. Maestre Juan, résident de Santa Fe. Nicolás de Troya, résident de Santa Fe; il eut une fille naturelle. Le bachelier Juan Verdejo, aumônier de l'armée de Federmann et premier curé de cette sainte Église, qui amena également les premières poules qu'il y eut en ce Nouveau Royaume.

Soldats du général don Sebastián de Belalcázar qui reçurent une encomienda en ce Royaume conformément à ce qui avait été accordé

Le capitaine Melchor de Valdés, son maese de campo, encomendero d'Ibagué.

Francisco Arias Maldonado, encomendero de Sora y Tinjacá, à Tunja.

Le capitaine Juan de Avendaño, lieutenant de cavalerie et conquistador de Cubagua et d'une partie du Pérou; il alla à la conquête de Tunja avec le titre de capitaine, et il reçut en encomienda Suta et Gámeza. Il troqua ensuite Gámeza pour Tinjacá.

Fernando de Rojas, encomendero à Tunja, avec enfants.

Pedro de Arévalo, résident de Santa Fe.

Orozco, "le Vieux", résident de Pamplona.

De Juan de Arévalo ni de ceux que suivent il n'y a de mémoire; Orozco le Jeune, Cristóbal Rodríguez, Juan Burgueño, Francisco Arias, Antón Luján, Francisco de Céspedes, un autre Valdés, Juan de Cuéllar.

Suivent les noms de ceux qui ont été oubliés par le capitaine Juan de Montalvo, et qui furent soldats du général don Gonzalo Jiménez de Quesada.

Le capitaine Martín Yáñez Tafur, cousin germain du capitaine Juan Tafur, résident et encomendero à Tocaima. Il laissa des enfants légitimes.

Le capitaine Juan de Rivera, résident de Vélez et encomendero.

Gregorio de Vega, encomendero à Vélez.

Francisco Maldonado del Hierro, encomendero d'Indiens panches à Santafé; il eut un fils pour héritier.

Domingo de Guevara, encomendero de Fúquene; il eut des enfants légitimes. Diego Sánchez Castilblanco, résident de Tunja. Juan de Castro, résident de Tunja. Juan de Villanueva, résident de Tunja. Antonio de Digarte, à Tunja. Antonio García, à Tunja. Francisco Alderete, à Tunja. Pedro de Porras, à Tunja. Pedro Hernández, à Tunja. Gaspar de Santafé, à Tunja. Hernán Gallegos, Juan Gascón, Juan Peronegro, Juan Mateos.

Cristóbal de Ángulo, à Vélez. Diego Ortiz, à Vélez. Diego de Guete, à Vélez. Juan Hincapié, à Vélez. Jerónimo Hetes, forgeron, à Vélez. Diego de Espinosa, à Vélez. Diego Franco, à Vélez. Cristóbal de Oro, à Vélez. Francisco Álvarez, résident de Santafé. García Calvete de Haro, résident de Vélez, encomendero. Francisco de Aranda, conquistador de Vélez. Francisco de Murcia, conquistador de Vélez.

Juan Cabezón, résident de Santafé.

Francisco Ortiz, encomendero à Tocaima, avec enfants légitimes.

Antón Núñez; il n'y a pas de mémoire de lui.

Certains des soldats découvreurs, du général Quesada, partirent avec lui en Castille, contents avec l'or qu'ils emmenaient, car ils y avaient leurs femmes et enfants, mais ne se souvint pas de leurs noms le capitaine Juan de Montalvo, à qui l'on doit la discrétion de ceux référés, sur ordre de la Justice royale, auprès de Juan de Castañeda, greffier du Cabildo. D'autres d'entre eux regagnèrent Santa Marta. D'autres, conjointement avec ceux de Federmann et Belalcázar allèrent au Pérou et dans le gouvernorat de Popayán. Et avec ça, et tandis que les généraux organisaient le voyage en Castille, revenons au cacique de Guatavita, qui en tant que vaincu se plaint de mon manque d'attention à son égard, et me reproche de ne faire cas, comme on dit, que du vainqueur.

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