Comment aimer la vie, si ce n'est en côtoyant la mort

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Enfin, il faut se rendre à l’évidence ; oui, j’eus maints actions lubriques en ma vie ; dont je vais tracer ici le dessin. Mon âme, même si avancé en âge, est toujours bouillante de volupté, me laisse le lecteur de ces ne pouvant se et l’imagine fort bien, la pique en main, s’actionner sur le vit à en faire ruisseler à gros jets sa liqueur mâle que la nature a formé pour nous faire oublier les vicissitudes de notre temps.
J’ai reçu, comme je l’ai déjà dit, une nature et une ame brulante ; et la vie oisive et sédentaire n’étant point l’idéal pour entretenir mon ardeur, je pris pour métier celui des armes, au sein d’abord des chevau-légers de la garde, puis au sein du corps des mousquetaires du Roi. Ce fut en ce temps-là, que je pris fort goût pour la jouissance du corps, car nous fréquentâmes de forts belles maisons bordelières de haute tenue, dans lesquelles tout fut fait pour le repos des officiers du Roi. Nous ne vivâmes et ne respirâmes, que pour connaitre ces plaisirs après avoir risqué et même après avoir vu maints d'entre nous perdre leurs vies sur les champs de bataille qui jalonnèrent l’histoire de cette époque ; nous vivâmes pour risquer de mourir, mais sur tout pour vivre, que chaque instant soit intense. Depuis lors, tous mes soins sont portés là : aux pieds des autels de l’existence même, et aux plaisirs dont elle m’enivre. Je ne puis évoquer ma jeunesse sans éprouver un frémissement involontaire à me remémorer ces jours qui furent si longs et dans cette attente de si douces nuits.

Dans cette retraite des armes qui désormais est mienne, suite à cette mauvaise blessure reçue lors de la prise du Luxembourg, tout nous favorisa. Le fait que le roi lui-même m’octroie cette rente et ce retrait des champs de bataille, pour ma valeur aux combats, puis par mes rencontres diverses à Versailles. Cela commença par Tallemant des Réaux, Marguerite et Antoine de Rambouillet de La Sablière par leur entremise, je fis la connaissance de Messire de la Fontaines et par lui, de Monsieur le frère du roi, qui prisa mes lectures, car je découvris par un autre capitaine la philosophie et les pensées de Pascal ou messire de la Bruyère.

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