Pour en revenir au Machino, mes amies sont parties rôder aux alentours des stands.

Il y en avait un particulier situé en hauteur des lieux, dont je distingue les petites fioles aux couleurs épaisses et lumineuses posées sur une table de salon.

Il me semble quelques cartes de couleurs posées au centre, sans doute des prospectus en égaient la table.

Du plus loin que je voies, on aurait dit une salle de jeu avec des échantillons de boissons ; manque plus que les participants pour distribuer les cartes.

J'ai perdu de vue mes copines, je m'avance donc vers l'endroit de ma curiosité.

L'antre d'un enchanteur, la seconde impression qui me vient a l'esprit.

Je suis en train de chercher le chaudron où doit mijoter quelque sulfureux ingrédient.

J'aperçois mes amies, comme dans la salle d'attente d'un magique praticien, attendant le remède qui doit envoûter ou soigner quelques plaies.

Effectivement, je l'apprends plus tard, de petites bouteilles d'huiles essentielles, des cartes de tarot divinatoire et d’autres de couleurs, présentent les fonctions de la maîtresse des lieux.

Et c'est là que je la vois, elle.

Ce que je prends pour une participante en train de danser sur une musique inaudible, est en fin de compte la sorcière de ces lieux.

Je la vois tourner comme si elle incante, autour d'une chaise profonde ou se tient une fille à ce moment-là lui saisit la nuque, les épaules ou les bras comme pour désenvoûter.

Tout mon vocabulaire fantastique est en train de défiler : sorcière, enchanteresse, magicienne, cartomancienne, fée.

Normal, les potions et les cartes, mais je n'ai retenu que le premier.

Tout cet étalage d'ingrédients et de gestes me fait doucement sourire, je suis très terre à terre ; mais je n'exclue aucunes options dans le doute, comme la lecture de mon horoscope quelquefois, on ne lit vraiment que ce qui abonde dans le sens souhaité.

C’est au tour de Marion de passer sur la chaise de torture, et je me renseigne auprès d'Isa du pourquoi de la chose et la finalité.

__ Elle utilise les couleurs des cartes pour trouver ce qui sera en harmonie avec l'huile essentielle adaptée, et elle peut te dire certaines choses de ton caractère au choix de tes couleurs, je n'en sais pas plus.

__ Sans rire, tu crois à ça ?

__ Je n'en sais rien, j'attends juste de pouvoir me faire masser, ça détend et ça repose parait-il. Regarde Marion, on dirait qu'elle dort.

Cela dit, je me tourne vers la praticienne et mon amie, qui effectivement avait les yeux fermés, la tête sur le côté.

J'en profite pour jeter un œil narquois à la masseuse qui, assise sur un tabouret, malaxe les épaules, le cou et la tête.

De temps en temps, elle se lève pour atteindre le front, se penche en avant et dévoile ainsi le haut de jolies jambes ; je suis assis derrière sur des coussins profonds et bas, je vois tout dans son dos.

La jolie robe à fleur se relève quand elle penche son corps, il n'y a que des filles avec moi qui attendent leur tour.

Je détourne mon regard pour ne pas être attiré par une vision plus précise, même si elle semble fermer les yeux pour mieux se concentrer.

Je décide de me déplacer pour rester maître de mes pensées, et je m'installe de côté, je la détaille.

Elle est jolie, je n'avais pas fait attention, hormis la couleur de sa blondeur qui attire le regard.

Je profite qu'elle ait les yeux clos pour découvrir son physique sans paraître impoli.

Ses bras me semblent fins, non adaptés au massage, du moins je le crois, et de jolis traits réguliers sans maquillage apparent, adoucissent son visage.

Son corps que je devine sous une robe légère, est tout à fait adapté à mes goûts d'une fille fine et sensuelle.

Je ne lui donne pas d'âge, du fait de l'éclairage léger.

D'un coup, elle ouvre les yeux et me fixe.

Je n’ai pas su la couleur de ses yeux, mais j’ai préféré éviter son regard.

Je ne me considère pas, non par fausse modestie, comme un futur potentiel, mais je ne veux pas qu'elle puisse lire mes pensées possiblement intéressées par son physique.

J'ai envie de lui parler, dès sa séance finie, soit pour me moquer gentiment, soit pour entendre le son de sa voix.