Envoûtement et magie.

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Je n'ai jamais vu ça, mon amie en petite culotte sur une table de massage improvisée.

Quelques jours auparavant, Marion m'avait invité ainsi que d'autres personnes pour un dîner impromptu, chez elle dans la région du Couseran, à une centaine de kilomètres.

C'est le genre d'invitation où chacun amène un petit quelque chose, juste pour le plaisir de se retrouver et deviser amicalement, sans surcharge de travail culinaire pour notre hôtesse.

Il est prévu que je vienne avec ma copine du moment, tout au moins, celle que j'envisage.

Elle avait préparé, comme à son habitude un ou deux plats dans sa cuisine, et à l'heure et jour dit, vient me rejoindre chez moi, une à deux heures de retard prés, comme à son habitude aussi.

Et moi qui pensaitque l'élasticité du temps faisait partie intégrante de mes gènes, j'ai trouvé mon maître, ou plutôt ma maîtresse.

Je n'en suis même pas agacé, chose surprenante encore une fois, même si pour cela, mes amis contre sa présence, passent au second plan.

Elle avait chargé son panier de nourritures apprêtées dans le coffre.

Je me prépare à démarrer, quand elle remarque que le tapis de sol est maculé d'herbe et de boue.

Je ne suis pas forcément un adepte de l'aspirateur ou de la brosse, mais bon, je me suis habitué à son travers du propre et du rangement.

D'un seul coup, elle ouvre la portière pour retirer la pièce fautive avec mission de nettoyer sur le champ.

Nous sommes déjà en retard, ce que je lui fais remarquer, mais quelques minutes de plus ne font pas la différence, je suis avec elle.

Je suis en train de lui dire de faire attention à ce qu'un véhicule ne déboule, quand soudain, je me mets à crier, car je vois une voiture arriver un peu vite de côté.

Elle est toujours penchée en avant, la main sur la poignée.

Ça n'a pas raté, l'autre véhicule frappe la portière passager, la refermant violemment avec un choc de métal plié.

Je n'ai plus souvenir de mon impression à ce moment-là mais je pense que je suis en train de la regarder, pour voir s'il elle n'a rien.

Elle regarde encore le sol, et se tourne vers moi sans bien comprendre, juste surprise par le bruit violent.

Je vois l'autre conducteur qui se gare un peu plus loin.

Je devine un petit véhicule, genre boite à savon italienne.

Je me dis :

__ Quitte à être en retard, au moins voilà une raison valable.

Elle se redresse en marmonnant des mots d'excuses, et son côté matériel reprend le dessus, encore l'une de ses réactions qui fait partie de son côté sidérant.

__ Je prends tout en charge, je vais aller voir les dégâts.

Il y avait trois femmes dans le pot de yaourt, et effectivement, leur aile avant droite était complètement enfoncée.

J'ai la chance de posséder une de ces bonnes grosses allemandes bien lourdes.

La baguette de portière est légèrement aplatie. J'ai fait le bon choix de la solidité de plus d'une tonne et demie.

Je passe sur les péripéties qui font que ma copine se prend de langage violent avec une des passagères.

Elle fait remarquer la vitesse légèrement excessive dans une petite ruelle, et je rédige mon constat amiable avec amabilité.

Nous voilà enfin parti pour de bon, mes tapis de sol dans le même état, il n'y a pas de temps à rattraper, il y a longtemps que nous avons passé la limite.

Ce sont des amis que nous allons voir, donc je conduis normalement, ils connaissent mes travers.

Elle se confond en excuses tout le temps du voyage, ne comprend pas, que d'une, j'ai l'assurance adéquate qui prend en charge, et le matériel n'a jamais été une priorité pour moi.

Qu'elle ne soit pas blessée m'importe au plus haut point, je crois qu'elle ne saisit pas.

Nous arrivons enfin, les affres du départ seront un sujet de discussion.

Une petite dizaine de personnes sont dans le salon.

Certains regardent des vidéos musicales, d'autres attablés croquent des choses salées et le puni de service, à rouler quelques cigarettes de rêves bleutés.

Tous ont un verre à portée, ce que je m'empresse de faire également, en ayant soin bien sûr de servir mon accompagnatrice.

Nous nous connaissons tous plus ou moins, mais sinon, je présente mon amie qui découvre le milieu de mes intimes, tous ont moins de trente ans.

Je tique légèrement au fait des cigarettes qui passent de main en main, non pour moi, mais pour elle, j'ai l'impression de l'avoir emmené dans un monde qu'elle ne connaît pas.

Je me fais la promesse de la surveiller dès qu'elle aura l'objet en mains.

Cela n'a pas raté, la discussion de l'apéro glisse sur les joints qui circulent, ses différentes présentations, sa culture et ses effets.

Nous avons tous l'impression de lui expliquer ce qui est habituel pour le commun des mortels.

Encore une fois, je suis sidéré, je ne dirais pas de son inculture, mais nous sommes tous passés un jour ou l'autre sur les bancs d'une école ou d'une fac à savoir manier la fumée.

Je sais qu'elle a son Bac plus quelque chose, j'ai mon certificat d'études, mais je connais la vie.

Cela n'a rien à voir avec ses cigarettes slim, bon chic bon genre, mais elle veut essayer et joint le geste à la parole.

Je veille, je surveille, tout au long du repas.

Aucuns effets probants, si ce n'est beaucoup plus de rires et de verres renversés, mais ce n'est pas vraiment significatif pour une vierge de ce fait.

Le repas replié après moultes discussions sur les pouvoirs cachés et l'imposition des mains, elle se propose de faire une démonstration du massage de bien être, et notre hôtesse Marion se porte volontaire, puisqu’elles se sont déjà vu.

Elle a quelques courbatures à faire disparaître.

Par un heureux hasard, une table pliante est installée au milieu de la pièce que nous débarrassons de meubles importuns et les non participants, s'installent sur les canapés autour, comme un spectacle de cirque.

Lumière tamisée, musique douce, elle demande à ce que Marion soit vêtue au minimum pour ne pas gêner ses gestes réparateurs.

Mon amie est en culotte, nous rions tous de concert.

Nous assistons, complètement pris par la scène, à une séance de magie noire ou blanche, selon l'état d'esprit et le nombre de cigarettes.

Une sorcière, les yeux fermés, tourne autour d'une suppliciée et tente d'extirper du corps mi-nu, un succube.

Pendant une petite heure, je crois voir un sabbat, ou ce qu'il m'en semble, peu familier de ce genre de chose.

Une jolie guérisseuse, ou ce qui semble l'être, applique une gestuelle que je ne comprends pas.

Marion s'est endormie sur la table, la plupart des convives oscillent entre veille et sommeil, il est temps de partir, non sans que certains me proposent de rester dormir.

Cela m'est déjà arrivé, je n'avais que ma personne à charge et quelquefois un corps et un cœur, mais pas cette fois.

Par respect, il ne reste qu'un lit commun, je refuse poliment, pour ne gêner Marie-Françoise qui, je l'ai su après, a prévu la possibilité d'un incident de retour chargé, avec une brosse à dents et des accessoires féminins.

Je n’ai même pas regretté cette occasion manquée quand je l’ai su.

Je me sens bien, j'ai surtout la responsabilité de la ramener à sa voiture dans un parking près de chez moi.

Marion m'a téléphoné quelques jours après pour me dire que la séance a aggravé son mal de dos, il a été décelé une sciatique, le bien être n’y pouvait rien.

J'ai bu sur un parking, la potion d'envoûtement d'une sorcière à ses lèvres, et j'aime ça.

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