Sacs et ressacs magiques.
Il nous arrive souvent de passer des soirées à papoter, échanger, discuter, de lectures ou des faits de l'actualité.
Tant bien que mal, nous ne sommes pas dans les mêmes optiques, mais ça se passe bien, nous arrivons toujours à nous accorder.
Si le film qu'elle visionne ne fait pas partie de mon panel, nous nous serrons néanmoins sur le canapé, et j'aime regarder avec elle.
Il lui arrive de tirer ses cartes de divination et de couleurs, ou de le faire sur internet, tant de sites existent.
Aussi bien pour elle que pour moi, et comme par hasard, on retrouve notre état commun d'amoureux, transis de chance d'être ensemble.
Je suis certain de n'avoir jamais vu de tirage trop défavorable, mais ce n'est pas moi le professionnel, donc je l'écoute appliquer ses interprétations.
Tant que je reste pour elle, Saint Michel Archange, le général des armées des cieux, ça me va.
Pour ce qui est de ses facultés à masser, j'avoue que je n'en ai jamais vraiment profité.
Une seule fois je crois, mais pour le massage plantaire, elle veut retrouver sa dextérité et ses automatismes, et moi je tiens le classeur de ses cours.
Pas vraiment en position pour jouir de ses bienfaits.
Son massage sur le corps, un massage de bien être, avec des huiles essentielles, m'intéresse.
Elle m'a parlé plusieurs fois de me faire bénéficier de son savoir faire.
J'ai toujours remis, par timidité mal placée.
Non pas que je n'y crois pas, j'ai aussi évolué dans ce domaine, mais j'ai peur de ne pouvoir résister à ses mains caressant mon corps, avec les odeurs des produits qu'elle utilise.
Je suis sûr de perdre la tête et ne voir autre chose que ses mains douces et professionnelles.
Ne pas pouvoir me contrôler me semble inconcevable, c'est un manque de respect.
Elle m'a raconté plusieurs fois, qu'il arrive que certains clients, rares heureusement, confondent ce type de massages avec ceux de la croyance populaire quelque peu orientée.
On ne se refait pas d'une certaine éducation, dommage.
Mais quelques de mes amis et connaissances, ont eu l'usage de sa dextérité et de ses bienfaits instantanés en s'apaisant sous l'agilité de ses mains.
Je passe mon tour.
Plus loin, dans la semaine, Marion me contacte.
Elle part quelques jours au bord de l'Océan avec son fils.
Elle serait très contente de nous avoir avec elle dans son appartement de vacances.
Ce qui fut dit, fut fait.
Le temps de prévoir nos affaires, ma copine et moi partons pour les vagues des marées de l'Atlantique.
Je sais très bien qu'elle préfère la platitude et le calme de la mer, mais nous partons confiants en cette moitié du mois d'août.
Je connais déjà cet endroit des plages d'Hossegor, j'y suis venu quelquefois en célibataire avec Marion.
Une piscine est accolée au complexe, mais la joie de fouler le sable chaud et d'entendre gronder la vague est sans pareille.
Marion nous laisse la seule chambre double, et je proteste du fait, que ce soit elle qui se dérange pour nous.
Ça ne change pas son raisonnement, elle me dit préférer être dans les lits superposés avec son fils parce qu'il se lève tôt.
Elle est vraiment gentille avec nous, mais je la soupçonne de vouloir participer au bien être de ma copine et moi.
Le petit Léo est un peu capricieux, mais c'est un enfant adorable, c'est de son âge de tester les limites.
Tout se passe comme dans un conte de fée, tout n'est que lumière et beauté, une parenthèse magique.
Ce ne sont pas mes termes, mais c'est Marie-Françoise qui le nomme ainsi, je ne peux qu'acquiescer.
Une plage infinie, déroule ses ressacs d'une eau chargée de sons et de forces infinies.
Et des mouettes criardes survolant l'Océan, cherchent à se nourrir de mets que l'on devine.
Et je vois ma sorcière, jouant avec les vagues, fille de Poséidon, qui rie comme une enfant.
Elle chevauche les flots, comme avec son balai, et en ressort Naïade pour mieux me conquérir.
Toujours aussi troublante, dans un maillot deux pièces, je me fais harponner.
Elle vient se coller à moi, je frissonne de frais, et je vois à son petit sourire qu'elle sait ce qu'elle déclenche en moi.
Tant de pouvoirs donnés à une mortelle, j'étais sous l'effet d'une potion ou d'un charme.
Je continuais à aimer ça.
Que ce soit les glaces à l'italienne, ou les aires de jeux pour enfants, notre déplacement vient de nous faire perdre des dizaines d'années d'adulte, la fontaine de jouvence est à portée.
La région est riche de visites en tous genres, parfois nous partons nous aérer l'esprit, mais avec un enfant, ça limite le genre. Le parc d’attractions et son restaurant sis, nous accueille quelquefois.
Le port et ses boutiques qui proposent du produit on ne peut plus frais, a mérité plusieurs fois nos déplacements matinaux.
Par contre le soir, au moment du soleil couchant :
Amoureux enlacés, et la main dans la main,
Arpentent les allées, juste heureux d'être là.
Ils se posent sur des bancs, le temps de s'embrasser,
Se regardent les yeux et repartent plus loin,
Renouveler des vœux.
Chacun des cardinaux, ils regardent au loin, et faisant face à face,
Ils n'ont besoin de rien, ni même d'un avenir.
C'est ainsi qu'ils échangent la vision du lointain.
Il y a des nombreuses promenades à faire au bord de l'eau, et des canaux.
Je ne compte pas le nombre de kilomètres pédestres, juste à regarder une statue, des rochers, des bateaux, tout respire la magie du temps et du lieu.
Je suis tombé amoureux, je viens enfin de comprendre ce que veut dire le mot aimer.
J'avais gagné le droit de mourir maintenant sans regrets, sans fusions physiques accessoires, juste à tenir la main d'un être recherché.
Au retour, elle m'a avoué s'être réconciliée avec l'Océan, nous avons enfin un point commun.
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