Je n'arrive pas à finir la dernière lettre.

Ma chérie, mon amour, ma sorcière.

Aucun terme ne me semblait juste.

Des mots dénués de sens, si pauvres de douleur.

Il n'est pas loin de quatre heures du matin, je vais aller poster celles déjà écrites.

Je prends mon bloc-notes au cas où une idée me viendrait.

Je dirige sans réfléchir, ma voiture vers Balma.

Je dépose mes courriers dans la première boite venue.

Il fait frais, j'aurais dû prendre un blouson, je vais attraper la mort.

Je tourne autour du dernier endroit où je l'aie vu, moteur au ralenti.

Un grand panneau ‘ A Vendre ‘ accroché au portail, toujours ouvert d'ailleurs.

Ça me fait sourire.

Je décide de m'enfoncer dans la campagne, personne sur les routes à cette heure.

Tout en roulant, j'allume les lumières de l'habitacle.

J'ai une idée sur la longue ligne droite de la vie et ses virages.

Il faut que j'écrive ces mots.

La Dépêche du Midi » 4 mars 2018 – Édition du Grand Toulouse

Spectaculaire accident sur la départementale D50.

Un accident effroyable, sur la route qui mène de Balma à Mons.

Un puissant véhicule de marque allemande, s'est écrasé sur le muret d'une habitation.

Le seul passager n'a pas survécu.

Ce n'est pas la première fois, d'après les services de secours arrivés sur les lieux.

De longues lignes droites alternent avec des virages dangereux sur cette partie du réseau.

Sous la violence du choc, le véhicule a été renversé et plaqué contre un mur en béton.

D'après les premières constatation, la vitesse excessive en serait la cause.

Le parquet a ordonné une autopsie. Comme dans tous les accidents mortels, des analyses seront notamment réalisées pour savoir si la victime se trouvait sous l'effet de l'alcool et de stupéfiants lors du drame.

Parce qu'il faut une conclusion, il y en a toujours une dans les contes de fées et les histoires d'amour.

Les méchants sont punis et les gentils vivent une belle vie.

La gendarmerie, qui fait bien son travail, avait pris des photos et relevé certains détails autour de la scène du drame :

" ...le grillage de sécurité de la piscine, est plié et couché vers l'intérieur sur une longueur d'environ un mètre cinquante (1m50). Il est situé à douze mètres cinquante (12m50) du porte fenêtre du corps de la victime."

Monsieur a été relaxé au bénéfice du doute, en fonctions de courriers et divers prélèvements de fibres qui ont été effectués juste avant le procès.