500ème kilomètre, après-midi, 07’08’’32
Tout effort a un prix.
Une rançon à laquelle nous consentons tous, dès lors qu’il y a, en quelque chose, quelque enjeu.
Un jeu ? Mais cette course n’en est pas un et son prix est élevé : l’un de mes concurrents, enseveli en partie dans un simple fossé de poussière, me le rappelle sans pudeur.
Joanis le ptolémaïque s’est arrêté.
Fauché dans son élan, il exhibe à présent cette masse inerte qui avait été son corps, sa chute éternellement figée en de terribles convulsions éléctriques .
Surpris, je scanne le périmètre à la recherche du moindre danger et me résigne à l’ignorance.
Il est là.
Étendu.
Presque nu.
Cette vue m’est pénible.
Le pathétique qui s’en dégage me frappe sans ambages et j’en vacille presque :
Est-ce ainsi que disparaissent les étoiles ?
Je ne détourne pourtant pas les yeux : même éteinte, la glorieuse traînée de ses prouesses me ravit la raison. Celle qui voudrait qu’à la vue de cette macabre découverte, je porte plus avant mes pas vers la crainte : mais il n’en est rien, car rien ne choque chez un mort.
Il est là.
Il me fixe de ses yeux voilés.
De sombres reflets dans lesquels miroite
l’éclat de mon existence.
Il est là.
Et je ne m’arrête pas.
Parvenu à sa hauteur et sans plus de cérémonie, je le dépasse, engloutissant son spectre dans mon ombre.
Je déclare à qui de droit l’incident et la cause ne tarde pas : anomalie respiratoire, défaillance technique.
Mes lèvres s'étirent : tout compte fait, je ne serai pas le dernier.
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