Nous fûmes, je suis.

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Je reste figé devant ton corps désormais inerte.

Plus de son, plus de cri. Oui, tu as cessé de crier, de me supplier de te laisser partir. C’en est fini de tes excuses inaudibles, de ton faux repentir.

Je regarde ton cadavre, car ce n’est plus toi à présent, juste un morceau de viande qui commence déjà doucement à se décomposer. Je m’agenouille près de ce qui fût toi et m’approche de ton visage. Une mèche de cheveux blonds recouvre tes yeux encore ouverts, je la repousse.

Tes yeux.

Non.

Des yeux, des globes oculaires qui ne servent plus à rien, sauf à rappeler la terreur qui s’y reflète.

Je ne sais plus qui tu es.

Soudain je réalise que je caresse la joue d’un corps mort et je prends peur. Je recule et me retourne pour ne plus le voir. Dans ma main droite je constate que je tiens un couteau, un énorme couteau recouvert de sang et de morceau de chair. Pourquoi ai-je ce couteau ? Je le dépose doucement sur le carrelage froid où je me trouve et fouille machinalement dans ma poche. Il le faut pour que je comprenne ce qui vient de se passer.

Une lettre, chiffonnée, je la regarde et ne sais plus qui a écrit, le toi encore en vie ? Moi ? Je l’approche de mon visage car la lumière ne me permet plus de bien voir, elle semble disparaître doucement.

« Étienne, tu dois comprendre que je ne peux plus vivre comme ça. Tu dois connaître la vérité et me laisser partir... »

Qui est Étienne ? Est-ce moi ? Je crois que oui, mais je n’en suis plus certain.

Je ne peux plus lire la lettre. Je vois pourtant encore les mots, mais je ne les comprends plus. Ils sont vides de sens et plongent irrémédiablement vers l’abyme de ma folie.

Je suis fatigué.

Depuis quand suis-je ainsi recroquevillé sur ce sol ? Je ne sens plus le froid du carrelage. Il fait noir, la lumière m’a quitté. Il fait froid, la chaleur m’a quitté. Je suis seul, tu m’as quitté.

Je dois m’allonger, je suis si faible désormais. Plus de bruit autour de moi. Non. Je n’entends plus rien, pas même le bruit de ma propre respiration. Le vide, le néant, la fin de toutes choses.

Puis rien, même le vide s’évapore.

Rien.

Finalement, ce n’est plus si effrayant.

**********

Un souffle, un froissement.

Insignifiants et précieux sons !

Mes muscles ankylosés se réveillent, ainsi qu’une multitude de sensations. Je suis nu. Je me lève.

Je suis. Comme il est bon d’être.

J’ouvre les yeux et suis ébloui par une lumière blanche aveuglante : ma vie est devant qui m’éclabousse de sa virginité !

Oui, une page immaculée, ma vie.

Je vais m’appeler Adam. C’est de circonstance.

Je me sens épanoui, heureux, prêt à trouver cette autre moitié de moi qui partagera ma vie. J’entre dans ce monde, bien décidé à profiter de chaque instant.

Ma vie commence dans un monde nouveau, à moi d’écrire le premier chapitre...

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