excale à torts et à travers pour la voie lactée
Elle.
L'escale à tort et à travers emportait des milliers, des millions de personnes par jour dans les étoiles. Il suffisait d'avoir économisé longtemps, d'avoir acheté un ticket, mettre une bonne écharpe et hop, en avant toute !
« Voyagez dans le cosmos, vous en reviendrez sans bosses », disait la publicité mensongère. Les spécialistes savaient qu'en revenant sur terre les humains perdaient des centimètres et se voûtaient. Certains voyaient même apparaître la bosse de l'espace. Ils ne voulaient pas savoir que le ciel au-dessus de leur tête serait à jamais dénaturé. Mais l'enjeu financier était tel que le discours commercial niait ces réalités.
Lors d'une montée vers les hauteurs convoitées, un gamin demanda à sa mère, « nous reviendrons sans bosse de chameau ou de dromadaire ? », et la maman, prise de court, lui répondit de demander à son père, qui, pris de très court, rétorqua que dans le désert les bosses sont rosses, mais pas là-haut, où tout est beau.
L'enfant ne comprit pas et n'ayant pas de réponse satisfaisante à sa question, se mit à trépigner sur la marche de l'escalator en criant « J'veux pas y aller ! J'veux pas y aller ! ».
Mais si, ne t'inquiète pas lui répondit un papy devant lui.
Tu verras, non seulement tu ne seras pas bossu en revenant, mais en plus tu auras le droit de manger un peu de milky way.
Alors l'enfant tout réjoui à cette idée, s'imagina mordre dans une barre chocolatée au goût de galaxie spiralée et cessa aussitôt de pleurer.
Chaque jour, des milliers, des millions de personnes prenant cette escale à tort, dévoraient un peu plus la voie lactée, en toute bonne conscience, impunément. L'industriel Musk-l'or avait décidé qu'en vendant ses billets à prix exorbitants, non seulement il s'enrichissait davantage, mais en plusil contribuait au bonheur des citoyens du monde.
Lui
L’ex calator avait été construit par le Grand, le Sérénissime Musk-l'or. On le prenait à califourchon à sa base en Californie. La queue s’étirait en une longue, longue, longue file sinueuse et fragile. Imaginez des kilomètres et des kilomètres de personnes enfilées les unes derrière les autres à attendre leur tour des jours et des nuits, des nuits et des jours.
L’escalier montait ensuite jusqu’au bout du ciel et se perdait dans les étoiles. On pouvait encore l’apercevoir cheminer dans la rivière lactée au coeur de la galaxie. L’escalier était bondé supportant sur chacune de ses marches une famille de trois personnes minimum, maximum six. C’était amusant de suivre l’ascension de ces silhouettes assombries par un rayonnement à contre jour.
Le petit garçon au milky avait les yeux remplis de gourmandises et d’étoiles. Comment t’appelles-tu charmant jeune homme,
– Jérémy !
Je suis journaliste et je suis missionné pour faire un reportage sur le voyage dans les étoiles. J’avais rendez-vous avec le grand PDG de la Voie Lactée, la plus grande société ayant jamais existé sur la planète. La plus grande et l’unique puisqu’elle avait dévoré tout ce qui pouvait rapporter le moindre bifton et par voie de conséquence Musk-l'or était le bienheureux président de la Terre. Le vénérable guide, l’honorable dictator, sa sérénissime Musk-l'or 1er et dernier espérait-on en douce.
Sa sérénissime avait lourdement insisté pour que je mène cet entretien. Et là,il avait plusieurs jours de retard. Mais il ne pouvait pas en être ainsi. Musk-l'or 1er n’est jamais en retard puisque c’est lui qui fixe le déroulement des jours sur le calendrier puisque c’est lui qui décide la date et l’heure. Bref je patiente en bavardant avec ceux qui attendent leur tour dans la file.
Soudain une salve de trompettes d’or claironnent . En fait il s’agit d’un rugissement de clairons, vaguement programmé par douze I.A. Tata tari tari tata, tata tari tari tata. Et notre homme apparaît dans une énorme giclée d’air qui le maintient à cent mètres de haut environ. Meussieur Musk-l'or, ainsi surnommé pour son appétit d'or, descend, je dirais même condescend, sans jeu de mot, je tiens à ma place.
Il m’aperçoit. Un micro ! Il lui faut un micro ! Pourtant il n’est qu’à deux mètres de moi mais confiné dans une bulle anti-attentat. Un robot se transforme en pied et ses yeux de mouche prennent l’apparence du micro recherché. Le ton est donné tout de suite. Je suis le plus mauvais des reporterres sur cette planète, me confie t-il à la cantonade. Toute la file d’attente rit et applaudit le ment’or. Ah ah ah ah ah ! Clap clap clap clap clap !
Moi, Jean Sans Or, arrière, arrière, arrière etc. petit fils de Jean Sans Terre, j’encaisse avec un petit rire jaune très légèrement doré. Pas les moyens de me fendre d’un rire en or pour rire jaune. Il me parle me parle, se gausse, se gausse je ne sais pas pourquoi je pense à Jérémie.
Soudain je pose une question. Habituellement il fait les questions et les réponses.
– On dit que l’on revient de la voie avec le mal de l’ex-pace ?
– Comment comment !
Claquement du doigt deux robots, fin du reportage. Me voilà reconduit sans badge de reporterre jusqu’à la première marche en partance pour le Milky-way avec une voix jupitérienne de l’Olympe pour accompagner la sentence. Coupable de trop penser.
-- Puisque vous voulez savoir si le mal de l’ex-pace exist, allez-y donc faire un tour à mes frais !! Ah ah ah ah !
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