Tensions (25 septembre 2024)

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Après quelques secondes de musique d’attente, ça décroche. Elle se présente. J’explique mon problème. Elle m’interrompt et me demande mon nom, mon mail et ma date de naissance. Elle me demande alors quel est mon problème en m’appelant par mon nom. J’essaie de la rassurer en lui expliquant que j’ai tout noté, le numéro de la station, le numéro du vélib et le numéro de la borne. Elle me redemande quel est mon problème. Je dis que j’ai bien garé mon vélib mais que son compteur ne s’arrête pas pour autant. Elle répète ma phrase en me demandant de confirmer ce que je viens de dire. Je confirme mais ne peux m’empêcher de rectifier ma version. En fait, dis-je, ce n’est pas tout à fait ça. J’ai voulu me garer à une station pleine en utilisant l’attache de la borne. J’ai donc appuyé sur les commandes du vélib mais au moment d’insérer l’attache, j’ai remarqué que l’orifice du vélib était endommagé. Bref, je me suis retrouvé comme un con devant la station pleine avec un vélib dans les mains à la direction bloquée du fait d’être en mode stationnement (mais ça je le dis pas). Tout comme je ne dis pas que j’ai galéré avec le vélib récalcitrant au milieu d’une foule méga stress (à pied, en scooter, en voiture ou à vélo) jusqu’à la station suivante. Loin d’imaginer ce que je ne dis pas et donc de compatir, elle dit qu’elle stoppe le compteur du vélo 590. Ah bon ? dis-je, mais j’avais le vélo 415, je l’ai noté après… C’est le numéro 590, me coupe-t-elle sèchement. Je suis sur votre dossier. Votre course vous coûtera deux euros. Même si ce n’est pas de ma faute ? demandé-je. Elle dit que pour une réclamation il faut envoyer un courrier en recommandé au service concerné qui l’étudiera point par point et me fera une réponse à la saint glin glin (non, pour la fin c’est moi qui fabule). Elle ajoute que pour la prochaine fois… Pour deux euros, je ne vais pas me prendre la tête, la coupé-je. Pour la prochaine fois, répète-t-elle. Dégagez votre vélo en appuyant sur la touche de validation et remettez-le dans la borne. Votre course s’arrêtera. Je la remercie. Souhaitez-vous évaluer notre échange ? dit-elle. Pourquoi pas, dis-je. Ca coupe et une voix féminine et synthétique me demande ce que je pense de tout ça en deux notes à choisir entre un et cinq.

Plus tard, je reçois l’appel d’un numéro à quatre chiffres. La femme qui me parle à l’autre bout du fil a un accent étranger. Elle se présente : elle travaille pour free. Suite à l’incident que j’ai déclaré elle prend contact avec moi afin de convenir d’un rendez-vous avec l’opérateur historique. Je dis que je n’en ai pas besoin. J’ai résolu le problème de non connexion de ma free box tout seul en regardant un tuto. En fait, passant de la fibre à l’ADSL (bouh la chouma), je devais changer les branchements et… Monsieur, me coupe-t-elle. Nous devons vérifier votre ligne. Il s’avère que nous n’y parvenons pas actuellement. Oh ça, dis-je, c’est parce que j’éteins souvent ma box. Comme la prise est dans ma chambre et… Monsieur ! monsieur ! me coupe-t-elle derechef. Il faut que vous laissiez votre box allumée soixante douze heures sinon nous ne pourrons pas vérifier l’opérabilité de votre ligne. Soixante-douze heures ? mais comme je vous dis… Monsieur ! répète-t-elle. Laissez votre box allumée soixante-douze heures ainsi nous pourrons effectuer les vérifications. D’accord, d’accord, dis-je hypocritement. Son aurevoir est si expéditif que j’ignore si elle me l’a dit. Je reste en attente. L’absence de phase d’évaluation accroit mon vide.

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