Exercice de style (24 janvier 2025)

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En ce moment, toujours dans le but de retrouver l'envie d'écrire, je m'amuse à poster toujours la même image sur mon compte instagram. L'image représente une rive de la Seine en pleine nuit avec les lumières de la ville. Je l'agrémente en revanche d'un texte toujours différent. Voici le cinquième que j'ai réalisé :

Effectuant ma promenade d’insomniaque le long de la Seine, je m’arrêtai à mi-parcours. L’intrigant pêcheur était encore là. Je n’avais jamais osé l’aborder mais en avais toujours eu envie. En effet, l’homme à la silhouette corpulente n’était présent dans le coin que très tard dans la soirée. Je ne l’avais jamais croisé en journée. De plus, il était de notoriété publique que depuis la tentative foirée d’assainissement du fleuve pour les JO, les poissons avaient totalement disparu et du même coup les pêcheurs aussi. Ce gars-là était le dernier de son espèce si je puis dire. Pourquoi s’obstinait-il ? Avait-il perdu la boule ou par son action vaine espérait-il sensibiliser les pouvoirs publics sur la fin de cette activité en zone urbaine ? Oui, mais à ce moment-là pourquoi pêchait-il au milieu des broussailles à deux heures du mat’ ? Conclusion : ce type était fou. A cette pensée, il tourna la tête vers moi et me fit signe de venir. Décontenancé, je me désignai, mon air en adéquation avec mon état. Son doigt me pointa indubitablement. De toute façon, qui d’autre à cette heure si tardive se trouvait dans les parages à part moi ? Allons, allons, ne soyez pas timide m’encouragea-t-il alors que j’avançais vers lui à reculons (oui, c’est possible). Je ne vais pas vous manger, ajouta-t-il avec un petit rire de lycanthrope. Je sais, fis-je avec un flegme de façade lézardée. Vous vous demandez ce que je fais, n’est-ce pas ? Vous pêchez, répondis-je sur le ton genre : pour qui me prends-tu, gros naze ? Oui, mais quoi ? Le temps d’une inspiration, il enchaîna : ma femme. Mon quoi se coinça dans ma gorge réduite à une paille mâchonnée. Ma femme, répéta-t-il le plus naturellement du monde. Voyez-vous, je l’ai tuée, l’ai découpée puis ai jeté ses morceaux dans le fleuve il y a dix ans de ça. Et maintenant je regrette, je veux dire, elle ne méritait pas ça. Aussi je cherche à récupérer chacune de ses parties. De cette manière, je pourrai lui offrir une sépulture décente. J’ai l’épitaphe en tête depuis belle lurette : pardonne-moi. Qu’en pensez-vous ? Ce que j’en pensais : Il devait me trouver une tête de type qui n’appelait pas les flics et peut-être n’avait-il pas tort.

C'est tout pour aujourd'hui.

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