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Je revois tout comme dans un film. Mon film. J’avais hésité à entrer dans ce maudit pub, énervé, très énervé. Pourquoi Io ne m’avait-elle pas ouvert ? Parce qu’elle n'avait pas entendu, parce qu'elle avait réglé le volume de la sonnette au minimum, ne tenant évidement pas compte de mon avis !!! Nous nous étions même disputés sur le choix de la tonalité. Finalement c’était Isaac qui nous avait mis d'accord : il avait choisi un chipchip d’oiseau qui nous déplaisait à tous les deux.
Bon, elle entendrait certainement le téléphone, elle le laissait sur la table de nuit. J’avais composé un mixte de courage et de dignité pour entrer tête haute dans le bar.
J’avais presque rejoint le comptoir lorsque j’avais entendu hurler mon prénom associé à une volée d’insultes, Stefano !!! Stronzo, che cavolo fai qui ? Deficiente, sei quasi nudo !
Me retrouver en slip face à cette ordure d’Alonzo, entouré d’une flopée de pourritures du même acabit. Le serrer dans mes bras. M’asseoir à leur table, partager un verre, puis deux, puis trois. Il faut bien rire. Ainsi vont les retrouvailles.
Bien sûr, je n'étais pas de ce monde, bien sûr je n’appréciais pas les m’as-tu-vu qui entouraient mon ancien ami, bien sûr… Vu les circonstances, il aurait été déplacé de faire le bêcheur.
Et surtout, assise avec eux, il y avait Chiara. Chiara, la sorellina d’Enrico. Alors j’étais resté. J'avais reporté le coup de fil à ma femme au verre suivant.
Puis j'avais suivi Chiara à son hôtel. Oui. Oui. Je m’en souviens. Très bien.
Homme infidèle.
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