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Les premiers jours de ma captivité, Chiara est restée des heures à me regarder dormir. Elle avait menotté ma cheville et mon bras droits aux barreaux du lit, elle me caressait le front en chantonnant. Je crois bien qu’elle était encore plus défoncée que moi.
Elle chuchotait des mots d’amour, ti ho ritrovato, amore, non ti perderò mai più, se lovait nue contre moi, per sempre, insieme.
Je me laissais aller à lui caresser les fesses avant de me rendormir en murmurant, sei mata.
Chiara a toujours été inconstante, son administration de médicament suivait son humeur.
Une fois terminé ses boites de benzodiazépines, elle passait forcément à la fluoxetine. Quand elle regrettait de me voir trop assoupi, elle m’enfonçait un index imbibé de speed dans le nez.
Je la suppliais d’arrêter, elle me reprochait de ne pas être drôle. Sei noioso. Je la conjurais de me libérer… elle répétait mai et me léchait.
En m’éveillant, un matin, j’ai repéré le mot MAI écrit à la peinture sur la porte.
En bleu.
Comme le ciel.
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