Chapitre 4 - 2
Une dalle froide en pierre sous son dos nu, le froid qui incubait le réveilla tout à coup. L’homme voulut se lever comme par réflexe. Mais aucune réponse de son corps en dessous des épaules. Difficile de résister à l’angoisse propre à la paralysie. Toutefois, une aura tempérait les réactions du blessé.
- Aklameon, si vous me permettez de vous appeler par votre prénom ? Je vais maintenant vous soigner, néanmoins je vous garde éveiller à fin de discuter avec vous. Oul, n’est pas là. Je préfère échanger seul à seul avec vous.
- Je ne sens rien en dessous des épaules, est-ce normal ?
- Oui, j’ai gardé endormi cette partie. Cela rend plus évident notre échange pendant que j’effectue le soin. Je vais posséder par strate selon le flux, si cela ne vous évoque rien, disons que c’est dans le sens inverse de la chronologie de vos blessures. Je traiterais d’abord votre problème au genou et vos hématomes, puis les problèmes plus anciens. Je vous prie de répondre à deux ou trois questions.
La parfaite se plaça sur le côté gauche de son patient. Ella posa ses deux paumes sur le buste dénudé de l’homme. Les yeux brillèrent d’un éclat bleu irréel. Puis l’éphémère éclat disparu.
- Comment vous êtes-vous blesser au genou.
- Je courrais après un lapin, mon pied c’est pris dans un trou et je suis tombé. Mon genou a vrillé durant la chute et une horrible douleur m’a lancé dans toute la jambe.
- Très bien, c’est une rupture basique. Sans autre élément aggravant ? Vous n’avez pas repris appui dessus ? Reçu un coup dans votre genou suite à votre accident ?
- Si, j’ai violemment heurté un rocher dégringolant dans une pente raide.
- D’accord, le flux correspond. Je vais réaligner.
Une vive lumière bleue scintilla entre les paumes et le buste d’Aklameon. Ce qui ressemblait à des filaments s’illuminant dans le corps du patient répondirent aux mouvements de paumes de mains de la douce femme. La pièce résonna d’un son sourd, lorsque que les filaments sortirent du corps pour s’enlacer les uns avec les autres. Comme si on avait dessiné dans le vide d’un trait turquoise. Une fois réunis, ils se divisèrent en de multiples morceaux pour se réaligner en un dessin géométrique complexe, mais parfait. En un mouvement de paumes les lignes réintégrèrent le corps du patient. Une brève secousse traversa l’homme. Un son vibrant se propagea en se répercutant dans la pièce.
- Aklameon, non allons avoir un peu d’attente avant de continuer le soin dans les strates profondes. Discutons.
- Mon genou est guéri ?
- Non, j’ai réaligné. Si Oul ne vous a rien expliqué du flux alors disons simplement que ma magie s’effectue en plusieurs temps et travaille actuellement à me fournir des informations sur l’état profond de votre corps.
- Oul c’est son nom ? Son prénom ?
- Non non non, vous vous trompez. C’est son rôle, son métier, son destin si vous préférez. C’est une Chasseresse, ou plutôt, traqueuse serait le terme le plus exact. Oul revient l’appeler par sa fonction. Chez les citéens, cela correspondrait à un corps de métier plus un grade.
- Et vous Sindatra c’est votre métier ?
- Non, c’est mon prénom. Je suis ce qu’on appelle selon vos critères une enchanteresse. Ou quelque chose d’approchant. Vous me paraissez déconcerter.
- Vous en avez un mais pas elle…
- Les Oul non pas de nom. Il est normal qu’elle n’en ait pas.
- Les Oul sont donc des sorcières.
- Sorcière est un terme générique citéen. Je suis tout comme Oul, une sorcière. Nous existons sous de nombreux rôles qui nous définissent. Nous sommes toutes deux des utilisatrices de flux, ce que vous nommez magie. Oul est toutefois un rôle particulier.
- Particulier, c’est-à-dire.
- Ils traquent et exécutent les manipulateurs de flux qui sont allés au-delà du raisonnable, en impactant le flux lui-même. Mais tout ça doit vous semblez très obscure ?
- J’essaye de suivre. La sorcière qui se trimballe à mes côtés à pour métier l’exécution de sorciers.
- De manipulateurs de flux. Ce qui inclut tous les gens ayant une affinité avec le flux. Comme vous n’avez pas d’affinité avec le flux, vous ne craignez pas grand-chose.
- Donc cette histoire de pacte c’est n’importe quoi.
- Non, les pactes sont des écritures dans le flux. Ces écritures actent un échange. Briser un pacte est l’un des pires moyens de se mettre à dos Oul. Alors n’y penser même pas.
- Mais, je me suis enfui et je suis toujours en vie. Alors le pacte devrait être brisé ?
- Votre fuite n’empêche en rien le pacte de s’accomplir. Briser un pacte est un non-retour. Tant que vous trouvez des compromis pour avancer, le pacte n’a pas lieu d’être brisé. Enfin pour ce qui est de votre cas.
Une sphère bleue apparue à la surface du sternum du patient.
- Aklameon.
- Appelez-moi Klam.
- Klam, nous allons passer à une nouvelle étape. Je vais lire les différentes strates pour attaquer une réparation profonde de votre état.
La sphère sous l’index de l’enchanteresse apparu en une gigantesque forme gyroscopique et en un mouvement de main elle fut comme aspirer par la parfaite. Le patient écarquilla les yeux devant pareil magie.
L’enchanteresse revint rapidement à la discussion avec un air préoccupé.
- Klam. Vous avez approché l’artefact de la folie. Les strates du flux ont été durement impacter pendant cette rencontre. Ce qui ne me permet pas de voir claires dans les strates antérieures. Je vais devoir manipuler le flux avec plus de précision.
- L’artefact de la folie ?
- C’est un monolithe d’une apparence qui selon les dires ressemble à de l’obsidienne.
- Ah oui, un monolithe des chemins bizarre. J’ai du mal à m’en rappeler, je me revoie juste avancer vers lui.
- Avancez vers lui ?
La femme prit la même pose interdite que lors de la précédente évocation par Oul. Elle reprit le cours de ses esprits et fit comme si rien n’était.
- Bref, Oul a pallié à votre état par un pacte. Mais je vais devoir préciser l’ensemble des problèmes antérieurs via une pierre.
L’enchanteresse tira d’une étagère une boite dans laquelle gisait un tissu renfermant une pierre brillante rouge sang de la taille d’une pomme. Dont la périphérie était parfaitement lisse. A la vue de la pierre, l’homme jeta un regard mauvais à la jeune femme. Ce brusque changement d’humeur interloqua cette dernière.
- Vous avez déjà vu pareille pierre ?
- Oui et elle ne m’évoque pas de bons souvenirs.
- Une pierre rouge sang permettant par magie de régénérer la peau ?
- Oui, et tous autres types de blessures. Mais celle dont je parle faisais la taille d’un œuf de poule.
- Avez-vous vu son action de vos propres yeux ? Elle a soigné des blessures ?
- Oui, j’ai même fait les frais de multiples soins.
- Des soins de surface, qui n’ont pas effectué une guérison profonde de votre état.
- La guérison profonde ce n’était pas le but, il fallait du fonctionnel.
- Votre état antérieur m’est plus compréhensible, mais le nombre de régénérescences me parait élevé. La personne chantait elle lors des soins ?
- Pas du tout, pourquoi chanterait-elle ?
- Cela risque d’être technique, alors faisons simple. Pour effectuer un soin rapide et profond, dans mon métier, nous utilisons des pierres et ce qui ressemble à un chant. D’où le nom d’enchanteresse. Nous donnons l’impression de chanter pour cette pierre. Si votre soignant ne chantait pas que faisait-il ?
- Il posait la pierre en contact avec la zone blessée et criait « soin ».
- La personne est donc clairement une novice, une enchanteresse n’utiliserait jamais une méthode aussi grossière et incomplète. Cette personne semble clairement être un citéen, ce qui confirme mes inquiétudes. Voilà pourquoi vous êtes « brisé », votre corps possède une myriade de séquelles suite à une utilisation inconsidérée du flux.
La femme aux yeux noisettes était visiblement furieuse contre le procédé employé. Elle se détourna du patient.
- Je dois m’entretenir avec Oul. Tout va bien passer maintenant, ne vous inquiétez pas je reviens.
Elle quitta la pièce pour rejoindre un hall où les arbres s’enchevêtraient en une coupole géométriquement parfaite.
Annotations
Versions