Charles se confie
(Réponse en 2 chapitres au défi de l'interview de son personnage)
Le Père Grégoire laisse donc le romain dans la petite salle à l’entrée et va chercher Charles qui accepte sans hésiter la demande et vient donc rejoindre Domenico. Celui-ci, pressé de retourner à Rome, lui dit dans son français où pointe un léger accent italien :
« Bonjour ! Enchanté de vous rencontrer jeune homme ! Vous êtes d’accord pour répondre à quelques questions pour que je puisse faire mon rapport au Pape ? Au nouveau bien-sûr, car l’ancien, ça va être plus compliqué ! »
Charles sourit et opine du chef, sans prononcer un mot.
« Vous ne parlez pas non plus ? »
Domenico s’inquiète mais Charles éclate de rire.
« Si, si, je parle. J’attendais juste vos questions. »
« Ah très bien ! Commençons par le plus simple : Votre nom et votre prénom. »
Charles reste sans répondre.
« Bon alors, vous ne souhaitez pas répondre ? »
Charles qui a décidé de faire tourner un peu en bourrique le romain rit et répond :
« Je vous ai dit que je répondrai à vos questions, j’attends juste qu’on m’en pose ! »
Domenico plisse les yeux et se demande si on se moque de lui ou pas.
« Bien, vous vous appelez comment alors ? »
« Je m’appelle Charles. Je n’ai pas de nom de famille. Les noms de famille, c’est pour les nobles, ce que je ne suis évidemment pas ! »
« Bien, merci. Et vous avez quel âge ? »
« J’ai presque 15 ans. »
Domenico le dévisage car il a l’impression d’avoir quelqu’un de beaucoup plus mature en face de lui… Le jeune homme est grand, brun, avec un regard clair et doux.
« Je vous aurais donné plus… Continuons. »
L’enquêteur prend quelques notes et enchaine avec une nouvelle question :
« Est-ce que vous avez un pouvoir d’inspiration divine ? »
Charles sourit sans répondre à nouveau, mais sort sa petite flute de sa poche. Il joue un petit air inspiré du chant des oiseaux. Domenico ouvre grand les yeux (et les oreilles !) surpris par tant de virtuosité.
« Ah oui, quand même ! Bravo !!! »
« Merci. Je ne sais pas si c’est réellement un pouvoir, mais en tous cas, la Lumière est en moi. Elle me guide dans la musique et m’emmène dans un monde de féérie et de magie. »
« Je vois… Dieu s’exprime à travers vous et votre musique… Ce n’est pas commun, ce pouvoir… »
« Nous sommes plusieurs, je vous assure. Je ne suis pas seul à laisser la Lumière envouter mon auditoire… »
« Bien, bien, continuons. Je dois retourner à Rome rapidement. J’ai d’autres enquêtes qui m’attendent ! Où habitez-vous ? »
« J’habite ici, au Monastère. Je suis juste un gamin recueilli ici avec sa mère et j’ai eu la chance de bénéficier d’une excellente éducation avec le Père Grégoire qui vous a accueilli ici. »
« Vous avez un ou une meilleure ami ? »
« Oui, je suis très ami avec le petit-fils du seigneur du château voisin… Mais ce n’est pas toujours facile avec lui… Il est un peu imbu de lui-même et pas toujours sympathique… »
« Ah oui, les seigneurs, je connais ça… Il y en a des bons… Mais d’autres… Une vraie horreur ! Aucun gout ! De vrais rustres ! Si vous les voyiez quand ils arrivent à Rome ! »
Domenico fait un geste de répugnance qui amuse Charles.
« Non, lui, c’est quelqu’un de bien au fond… Je suis sûr qu’il sera un grand seigneur un jour… »
« Passons, passons, ce n’est pas lui qui m’intéresse… Vous êtes en couple ? Célibataire ? »
Charles rougit devant la question.
« C’est un peu compliqué… Je ne suis pas en couple, non… Mais… »
« Elle n’est pas si difficile que ça ma question pourtant ! »
« Je suis amoureux, elle l’est sûrement aussi… Mais nous ne nous sommes jamais rien dit... Elle est si merveilleuse… Un vrai rayon de soleil… »
« Ah l’amour… Les voix du Seigneur sont parfois impénétrables… Je peux continuer ou vous allez me parler d’elle pendant la prochaine heure ? »
« Je réponds à vos questions. Si vous voulez, je peux vous parler d’elle le temps que vous voulez ! »
« Je n’ai pas trop le temps, donc ça ira, merci. »
Domenico amuse vraiment Charles avec son impatience à rentrer chez lui.
« Et donc, vous avez de la famille ? »
Charles hésite un peu avant de répondre :
« Je vis ici avec ma mère. C’est ma seule famille, mais je suis bien entouré par les moines, le Père Grégoire, mon ami Philippe, sa tante qui vient nous voir régulièrement… »
« Bien, bien, je vois. Et sinon, vous avez des ennemis ? »
Charles réfléchit un instant.
« Mes seuls ennemis sont les ennemis de la Lumière : le mensonge, l’obscurantisme, les ennemis de la musique… Sinon, je pense que je n’ai aucun ennemi. La Lumière est plus forte que tout. »
Domenico finit de prendre ses notes et dans un soupir de satisfaction repose sa plume.
« Voila ! Mission accomplie ! Si j’avais le temps, je vous demanderais bien de me rejouer un petit morceau, mais si je veux retourner voir la Marie dans son auberge avant le soir, je dois repartir tout de suite ! Merci pour tout ! Vous remercierez aussi le Père Grégoire de ma part ! Je n’ai pas le temps de l’attendre ! »
Et hop, ni une, ni deux, le voilà qui range toutes ses affaires et qui se sauve rapidement pour s’éloigner de ce petit monastère rural, bien loin des ors de Rome qu’il affectionne tant.
Charles le regarde partir avec un petit sourire. Il se demande ce que ce Domenico Scribus va ramener à Rome de son enquête. Il sort dans le petit jardin du Monastère où il s’assoit à l’ombre d’un saule pleureur de toute beauté. Il ressort sa flute et laisse venir en lui la Lumière afin de communier avec la Nature.
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