4 - Journée
Le matin, je partais avec la mobylette qui avait appartenu à mon frère auparavant. J'avais quatre kilomètres à parcourir et ensuite encore un à pied pour arriver au collège. On m'avait laissé entendre qu'il y avait des vols au garage des deux roues. Je stationnais donc ma pétrolette sous le hangar de mon oncle et continuais le trajet à pied.
L'hiver commençait déjà à s'installer et j'arrivais souvent gelée au labo.
Le travail était rare, trop rare. Oui, je sais, on se plaint souvent d'avoir trop de travail mais là, j'en avais vraiment trop peu.
Le laboratoire était situé entre les deux salles de cours de sciences naturelles. Les deux professeurs, une dame âgée, cinquante ans environ (à l'époque cela me semblait vieux, plus maintenant, comme quoi on change) et une jeune de trente ans environ qui venait de Grenoble. C'était son premier poste, sa première punition. Je crois que c'est le lot de la plupart des enseignants.
Elles étaient toutes les deux sympathiques et n'avaient que très peu de travail à me donner. Je me souviens de quelques tubes à essai à poser sur leurs réceptacles. Je faisais pitié en arrivant frigorifiée au petit matin. Ma première « tâche » était de préparer le café. Ensuite, à tour de rôle, se succédaient les enseignants, la femme de ménage qui restait souvent pour papoter une demi-heure, le jardinier qui venait faire sa pause.
J'enviais une des surveillantes, qui elle avait un « vrai » salaire tout en continuant ses études à la FAC. Ce n'était malheureusement pas mon cas...
Sachant que cette misérable occupation n'aboutirait à rien même pas à enjoliver mon curriculum vitae, dès le mois d'octobre, ma mobylette me conduisait à nouveau vers l'ANPE.
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