Corps de pierre

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Pompéi, ville de la région de Campanie située dans le sud de l’Italie, connue pour sa ville antique enfouie par l’éruption du Vésuve. Vous connaissez tous son histoire. Du moins, celle que veulent vous faire croire les archéologues, les historiens et autres chercheurs. La réalité est tout autre. Une vérité cachée aux yeux de tous, car jugée perturbante, inexplicable, invraisemblable.

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi le Vésuve a préservé les corps des Pompéiens ?

Moi, le Munaciello, je vais vous montrer ce qui s’est réellement passé à Pompéi. Venez avec moi en l’an 79 et revivons la scène sous un tout autre aspect.

À cette époque, Pompéi est une ville prospère et florissante. La plupart des habitants vivent dans la luxure, l’orgueil, la paresse et l’avarice. Tout ceci ne plait guère aux dieux. Ces péchés attisent la convoitise des démons. La nuit du 7 août, une ombre noire sort d’un puits. Elle se faufile dans les rues de Pompéi, se cache des quelques passants en se fondant dans l’obscurité des habitations. Elle est à l’affût des vices les plus profonds enfouis au fond de l’âme des gens. Elle guette, rôde, cherche sa proie.

Quand soudain, elle entend les braillements d’une fillette de douze ans. Elle s’approche et découvre une gamine bien capricieuse. Elle insulte sa mère, jette son plat sur le sol, réclame un bijou en pierre de feu pour le plaisir, une plus belle tunique, un strophium plus coloré, de nouvelles sandales. Bref, que des choses futiles, des fioritures que sa pauvre mère ne peut acheter. Ce que lui reproche continuellement sa fille. Réclamer encore et encore, elle ne sait faire que ça. L’ombre maléfique ricane. Après plusieurs nuits à veiller, elle en est persuadée, sa cible, c’est elle. La nuit du 12 août, elle entre dans la chambre de l’exécrable fillette. Elle plonge sur cet être d’os et de chair pour s’emparer de son corps. Elle dévore son âme pour prendre la place. Le corps est pris de tremblements, l’âme lutte, l’ombre vainc.

Cet être des enfers ouvre les yeux. Le fond blanc est remplacé par une couleur noir ébène. Iris et pupilles forment un tout de couleur ambre. Comme une botte d'argile, elle s'étire pour s'agrandir. Sa peau se met ensuite à brûler jusqu’à devenir aussi dure et sombre que la roche volcanique. Des cornes d’oryx lui poussent sur la tête.

Lorsque la mère vient chercher sa fille au lever du jour, elle découvre cette épouvantable créature de deux mètres de haut. Elle se fige sur place, s’époumone. Ne supportant pas ces cris stridents, la bête transperce la femme avec ses longues griffes qu’elle peut étirer comme bon lui semble. Ses lames déchiquettent les entrailles de la mère. Elle retire d’un geste vif ses griffes. Le corps privé de la vie tombe sur le sol froid et dur, tel un gigot de mouton sur la table du cuistot. La créature sort explorer la ville en quête d’autres proies. En la croisant sur leur passage, les hommes et les femmes hurlent, se mettent à courir dans tous les sens.

Mais lorsqu’elle fait apparaître dans sa main droite des pépites d’or, les yeux de ces humains pourtant effrayés étincellent de mille feux, oubliant l’apparence de cet être repoussant se tenant devant eux. Son nez et sa bouche s’effacent.

Nul besoin de parler pour convaincre ces personnes vénales de manger dans sa main.

Nul besoin de sentir leur cupidité immonde et pestilentielle.

La créature crée une montagne de pépites de plus en plus grosse, de plus en plus brillante. Les humains se jettent dessus pour ramasser le plus de pépites possible. Ils se battent, se griffent, se mordent, s’arrachent les cheveux entre eux. Ce comportement animal réveille de nouvelles ombres. La créature appelle ses semblables à prendre possession de leurs corps. Elles sortent de dessous les pavés des rues, des tuiles en terre cuite, des pierres, des chars, se faufilent en douce pour s’insérer dans leurs hôtes. Hypnotisés par l’or, les Hommes ne remarquent rien. Tous sont possédés par ces créatures démoniaques. Tels des zombies, ils marchent dans les rues de Pompéi en direction du Vésuve, suivant leur guide. Les bébés pleurent, les enfants se retrouvent seuls, les anciens sont abandonnés.

Une poignée de personnes a tout de même résisté à la tentation. Ces humains préparent une mutinerie. La créature le sait. Elle ne se laissera pas faire. Elle ordonne à ses soldats de dévorer les récalcitrants. Les bêtes partent à la chasse, attrapent les espèces leur tenant tête, les jeunes comme les vieux, les humains comme les animaux. Ces espèces diaboliques s’attaquent à leurs ennemis en leur arrachant les bras, dévorent leurs tripes, les décapitent, mangent leurs yeux et coupent leurs pieds. Les hurlements de douleur et d’effroi, mêlés aux grognements et aux bruits de mastication, transforment les jours et les nuits en enfer.

Pourtant, ce spectacle ne satisfait pas assez la soif de sang de la meneuse. Mêlée à l’esprit de la fillette, la créature ressent ses caprices, ses envies insignifiantes. Lui prend alors le besoin de se divertir. Elle convoque les morts, les fantômes, les esprits pour rejoindre sa fête. Une pluie de sang ruisselle sur les toits. Les êtres maléfiques sèment la mort et la terreur.

Le 24 août, un homme, un gladiateur puissant et imposant par sa stature, célèbre pour ses victoires au Colisée, se décide à affronter le démon, pour sauver son peuple.

— Ça suffit ! hurle-t-il.

La créature se retourne lentement vers cette voix qui ose la déranger. Sa bouche se reforme sur son visage visqueux.

— Que me veux-tu stupide insecte ? dit-elle d’une voix machiavélique.

— Te combattre en duel !

— Tu risques de tuer la jeune fille dont je possède le corps, pauvre sot.

— Quoi ?

— Je la possède, tout entière. En me tuant, tu l’élimines aussi. En me blessant, tu la fais souffrir.

— Tu mens !

— Crois-tu vraiment que je fabule ?

À cet instant, le visage de la créature se liquéfie pour laisser apparaître le visage innocent de l’enfant. L’homme est abasourdi. Satisfaite de la réaction de l’humain, la créature sourit, puis reforme son visage noir démoniaque. Quant à lui, il serre fermement son épée.

— Je n’ai pas le choix. Je dois t’exorciser.

— Et comment comptes-tu faire cela ? Tu n’es ni Dieu, ni prêtre.

La créature s’esclaffe. Son rire tonitruant fige tous les démons de Pompéi. Le Vésuve tremble, la terre se fissure, les mers se déchaînent. Dérangé par ces secousses, Vulcain, dieu du feu, fils de Jupiter et de Junon, se réveille. Il apparaît dans une éruption volcanique. La lave jaillit de ses mains. Il fusille la créature démoniaque de ses yeux brûlants.

— Encore toi ?!

— Les humains sont vils, rongés par leurs vices. Je les libère.

— Silence ! Insolante et répugnante sorcière !

La créature grimace. Vulcain plisse les yeux et aperçoit une lueur bleue dans le ventre de l’infâme chose.

— Tu as pris l’âme d’une enfant ! s'écrie-t-il, furieux.

— Elle l’a mérité.

— Retourne aux enfers !

Vulcain lève les bras, faisant couler la lave au-dessus de sa tête. Fatigué par l’attitude de ces démons et de ces humains, il balaye tout sur son passage, punissant tout le monde sans distinction. Tel un lance-flamme, il décime toutes les espèces présentes dans cette ville. Le sommet du volcan est projeté dans les airs, libérant une immense quantité de gaz et de roches brûlantes. Les nuées ardentes recouvrent Pompéi. La lave dévale les flancs. Le chaos règne. Tous tentent de fuir. En vain. Ils ne peuvent rien contre Vulcain. Il pleut des cendres, le liquide brûlant et rouge recouvre les corps. Les hurlements s’interrompent, les lumières s’éteignent. En mourant, les créatures des enfers libèrent les âmes des défunts. Ils rejoignent les cieux. Tandis que les démons restent emprisonnés dans l’enveloppe charnelle des humains. Ainsi le dieu du feu exorcisa les êtres de cette ville.

Voilà son histoire. Alors maintenant, je vous préviens, vous qui fouillez dans le passé, n’allez pas trop loin, vous risquez de libérer les créatures des enfers en touchant aux corps de pierre.

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