Je suis une femme. J'ai un vagin et je m'en sers. Et parce que je fais l'amour avec mon petit ami, un homme que j'aime et que je connais depuis plus de cinq ans, les gynécologues pensent que je n'aurais aucun problème à me laisser examiner de l'intérieur.

Quelle est la différence entre faire l'amour avec son compagnon et un examen gynécologique après tout ? C'est vrai qu'elles sont légion, ces femmes qui font la queue devant leur gynéco pour avoir un orgasme... Bien sûr que non. Ce n'est pas parce qu'on aime écarter les jambes avec son chéri qu'on devrait les écarter devant n'importe qui.

Le corps médical admet qu'une femme qui n'est plus vierge devrait voir son vagin tomber dans le domaine public, comme s'il s'agissait d'un Picasso que tout le monde ou presque aurait le droit de scruter. On a toujours le droit de s'opposer en âme et conscience à cet examen. Mais il y a celles qui n'osent pas aller contre leur médecin. Il y a celles qui voient la blouse blanche et le diplôme tamponné accroché au mur et qui refoulent leur pudeur, parce qu'après tout on y passe toutes. Non, on n'y passe pas toutes.

Et il y a celles qui osent dire non. Mais alors, observez le jugement dans le regard de votre médecin. Ne comptez pas sur lui pour vous rappeler que le frottis n'a pas à être systématique. Les gants sont déjà enfilés, la chaise est déjà en place et la lumière est déjà allumée. Ne comptez pas sur lui pour vous rappeler en début de consultation que vous avez le droit de vous y opposer.

Au lieu de ça, vous avez droit à des regards louches voire à du mépris. Les médecins sont blessés dans leur égo qu'on ne les laisse pas exercer leur métier, alors que nous, nous devrions souffrir d'être blessée dans notre dignité à cause de leur métier. Et le comble, c'est quand le médecin tombe dans le plus inexact des présupposés en optant immédiatement pour l'éventualité du viol. Elle ne veut pas qu'on la touche DONC elle a été violée. NON. Elle ne veut pas qu'on la touche DONC elle est pudique, point. Qu'un gynécologue demande à sa patiente si elle a été victime de sévices est normal, mais pourquoi le faire systématiquement après qu'elle a refusé d'écarter les jambes ? Demande-t-on à un boulanger s'il a été agressé par de la farine de sarrasin s'il refuse de faire du pain sans gluten ?

Si cela se nomme parties intimes, c'est parce que c'est censé être intime. On a tous appris à se curer le nez avec un long coton-tige quand il y avait le COVID, on ne me fera pas croire qu'il serait plus difficile d'apprendre aux femmes à se faire un prélèvement génital elles-mêmes. On a presque toutes déjà mis un tampon au moins une fois dans notre vie, on sait où ce trou se trouve. Mais la vérité, c'est que la société n'a pas envie de voir la gynécologie évoluer. Si les femmes pouvaient effectuer un prélèvement génital sans souffrir de rester les jambes en équerre pendant qu'un médecin les dilate de l'intérieur, alors ces messieurs les gynécologues n'auraient plus la possibilité de contempler des sexes féminins à longueur de journée - et je n'en pense pas moins des femmes qui choisissent d'être urologue.

Il y a quelque chose de malsain dans cette profession, pas tant dans son objectif mais plutôt dans sa mise en application. Et jusqu'à preuve du contraire, je n'ai encore jamais entendu un enfant de huit ans dire à ses parents : « Plus tard, je veux être docteur pour zizis et foufounes ! ».

À toutes les gynécologues qui bougonnent dans leur coin quand je refuse d'écarter les jambes : je n'enlèverais ma culotte qui si vous enlevez la vôtre en premier ! Vous verrez alors ce que ça fait d'être à nue, littéralement, devant une inconnue.