Entre les serres du hibou

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Les voilà repartis vers Paris. Ils traversèrent de longs paysages désertiques durant des jours, ne croisant que quelques pauvres fermes, qu’ils ne pillèrent pas.

Ils longèrent la Marne avant d’arriver à l’embouchure de la Seine et d’apercevoir les premiers villages.

Du haut d’une colline, Romuald pu voir la première belle et grande ville. Tous les guerriers guettaient un geste de sa part. Il sortit son médaillon, l’embrassa, prononça une brève prière et noua ses cheveux au sommet de sa tête puis éleva le bras.

Cinq mille guerriers se ruèrent sur la ville, pillant les maisons, des plus cossues aux plus pauvres. L’église fut réduite en cendres. Les hurlements des villageois résonnèrent partout. Les hommes qui osaient se mettre devant eux, furent tués puis brûlés sur la place centrale. Mais ils respectèrent les directives de Romuald de ne pas toucher les femmes et les enfants.

Du haut de sa colline, Romuald contemplait l’écrasante victoire de ses hommes. Les flammes montèrent vers le ciel et un épais nuage noir envahit l’horizon. Il attendit que le nuage se dissipe pour descendre parcourir ce qu’il restait de la ville.

Lorsqu’il parcourut les ruelles dévastées, où des femmes pleuraient leurs maris défunts, il perçut le désespoir de ces pauvres gens. Mais il ne s’arrêta pas et poursuivit sa route.

Il pénétra sur la place principale où des nobles étaient maintenus au sol, prêts à être égorgés. Romuald mit pied à terre et se présenta.

— Je suis Romuald de Sisselot. Grand-duc sanguinaire. Avez-vous prêté allégeance à la couronne de Neustrie ?

Keth tenait l’un d’eux et l’approcha devant son maître. Il le jeta dans la boue et lui redressa la tête.

— Qui êtes-vous ? Demanda le pauvre homme.

— Vous n’avez pas répondu à ma question ! Répondit Romuald sur un ton très calme.

— Chilpéric est le roi de France et son fils, Thibert, son digne héritier.

Romuald fit la grimace. Ce qu’il craignait, Thibert avait bien rejoint son père.

— Que Dieu préserve ton âme ! Dit Romuald en adressant un signe à ses hommes de tous les exécuter.

Les têtes tombèrent dans la boue et une nappe de sang envahie la place sous les acclamations des guerriers. Romuald remonta à cheval et ressortit de la ville.

Sur leur route, aucune ville dont le seigneur avait prêté allégeance à Chilpéric, ne fut épargnée. Cette armée de barbare détruisait tout sur son passage. Les objets de valeurs, les vivres ainsi que l’or étaient empilés dans des chariots à l’arrière du convoi.

Romuald chevauchait en tête, au galop, toute bride abattue. Seulement quelques kilomètres le séparaient de Paris.

Alors qu’ils approchaient de la forteresse, Romuald reçut ses éclaireurs qui l’informèrent qu’une armée les attendait dans un immense champ.

Romuald le savait, le message envoyé aux nobles parisiens avait été reçu. Ils étaient attendus. Il fit un grand sourire puis décocha le dernier coup de talon.

Ils se positionnèrent un peu plus haut, à l’écart et observèrent cette admirable armée, de huit mille hommes, parfaitement bien organisée et alignée comme à la parade. Romuald sourit.

— À nous Thibert ! Fit-il, joyeux que leur route se croise de nouveau.

Il se retourna face à ses chefs et expliqua précisément ce qu’ils devaient faire. Il connaissait parfaitement Thibert et le cran de ses soldats. Comme ils étaient plus nombreux, ils devraient leur faire peur.

— Dyclan, toi et tes hommes, séparez-vous en deux. Vous les attaquerez sur les flancs une fois le combat annoncé. Toi Keth, tu pars avec tes hommes à pied. Je chargerai sur la fin pour les anéantir. Laissez-moi Thibert, je le veux en vie ! Dit-il en s’attachant les cheveux, prêt à combattre.

— Non, je prends les hommes à pieds, dit Meredith.

— Il n’en est pas question ! Ordonna Romuald.

— J’ai dit, insista Meredith en se retournant.

Romuald ragea de colère.

— Je serai avec elle. Apaisa Keth.

Un peu plus bas, dans le champ un notable parla à Thibert.

— Que font-ils ?

— Ils se préparent ! Connaissant Romuald, il attaquera en trois fois. Il va essayer de nous tendre un piège.

— Que devons-nous faire ?

— Mes hommes savent très bien ce qu’ils ont à faire, espérons que mon plan fonctionne !

Thibert donna un coup de talon et se présenta en plein milieu de l’arène. Il leva une lance et la planta au sol.

— Mais qu’est-ce qu’il fait ? Demanda Keth à Romuald.

— Il veut m’affronter !

— Pourquoi ne regagne-t-il pas sa place ?

— Parce qu’il veut que je le rejoigne ! Mais je ne lui procurerai pas cette joie, car si je vais à sa rencontre, ses hommes s’abattront sur moi.

— Il n’a donc pas d’honneur !

— Nullement, tenons-nous en à notre plan.

Meredith prépara ses hommes et ils se mirent en ligne, attendant le signal de leur chef.

Tout aller se jouer dans ce champ. Un combat sanglant se préparait, un affrontement entre deux cultures.

Thibert repartit auprès de ses nobles et dépêcha ses soldats. Romuald les laissa encore s’approcher. L’armée adverse avançait, Meredith jeta un regard sur Romuald qui considérait la scène. Il fallait qu’ils s’approchent davantage. Il adressa un signe à Dyclan, qui sépara ses hommes en deux groupes. Romuald et ses cavaliers ne bougeaient pas.

Thibert, voyant deux troupes partir sur les flancs, sourit et leva sa main. Des centaines d’hommes à cheval partirent à leur rencontre.

Romuald grimaça, puis il donna le signal. La troupe de Meredith partit en courant et en hurlant, toutes armes sorties.

Romuald chercha du regard les troupes de Dyclan, mais il ne les voyait plus.

Le choc des deux armées fut rude et les premiers corps ne tardèrent pas à tomber. Romuald poussa un cri, mais personne ne répondit. Là, devant ses yeux, sa troupe se faisait massacrer et Dyclan ne chargeait pas. Il fit reculer son cheval et regarda au loin, personne.

Les soldats de Thibert prenaient le dessus. Il voyait Meredith et Keth se battre courageusement, mais les soldats étaient plus nombreux. Meredith reculait, se protégeant de son bouclier. Keth accourut pour lui porter secours, mais acculés, ils devaient battre en retraite.

Thibert lança une seconde attaque. Il ordonna à ses archers, de neutraliser le reste des insurgés.

Romuald ne pouvait plus attendre, Dyclan ne venait toujours pas.

Il envoya son cheval au triple galop dans la fosse macabre. Il jeta son bouclier et sortit son épée et sa dague. Le reste de sa troupe lui emboîta le pas, mais tous savaient qu’ils couraient à la mort.

Deux lances se plantèrent dans le cou de l’étalon de Romuald qui le fit projeter au sol. Il se dégagea du corps et se dressa devant ces quelques milliers de soldats. Il regarda avec haine Thibert qui se délectait déjà de sa victoire écrasante sur ces barbares.

Romuald partit en courant au secours de Meredith et Keth, tuant chaque soldat qui se trouvait sur son chemin. Il les égorgeait, tranchait les têtes, plantait son épée dans les corps. Keth sortit son cor et sonna la retraite, les cadavres s‘amoncelaient au fur et à mesure que Thibert avançait, tel un rouleau compresseur.

Romuald s’avoua vaincu, mais il devait tout faire pour extirper ses deux bras droits de la tenaille. Le bouclier de Meredith vola en éclat. Romuald hurlait à ses amis de resserrer la défense autour de Meredith et Keth. Une pluie de flèche s’abattit, alors en plein milieu de ce cercle. Meredith s’effondra, un soldat lui enfonça son épée dans le ventre, sous les yeux impuissants de Keth qui essayait malgré tout, de la protéger.

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